INTERVIEW : Rencontre avec Sally

Pour la sortie de son premier album « Prisonnière » le 8 avril 2022, Marion la jeune rappeuse émergente sous le nom de Sally a bien voulu s’entretenir avec nous, pour nous dévoiler ses désirs de liberté et d’émancipation.

JustMusic.fr : Ton premier EP est sorti en 2019, qu’est-ce qui a changé pour toi depuis ?

Sally : Et bien, beaucoup de choses à vrai dire ! Ça faisait 2 ans et demi qu’on n’avait rien sorti à part quelques singles. C’est un peu le retour tant attendu, ça fait peur (rires). J’ai fait beaucoup de collaborations, comme « Shoot » en bonus track. Pour cet album je voulais quelque chose de plus personnel et nous nous sommes focalisés sur moi. Il est devenu important pour moi de raconter mon histoire de A à Z et de montrer toutes mes couleurs.

JustMusic.fr : En parlant de couleurs, « Partout où je vais » a été tourné en noir et blanc. A première vue ça montre une certaine dualité, c’est ce que tu voulais ?

Sally : Alors de base, le clip devait être en couleur puis ça a switché en noir et blanc. C’était une idée de la réalisatrice, j’ai beaucoup aimé cette intemporalité que ça lui a insufflé. En plus, j’ai toujours rêvé de tourner en noir et blanc (rires), ça donne l’impression qu’on peut jouer avec la matière, dans 10 ans ça n’aura pas pris une ride.

JustMusic.fr : Avec ce single, quel est le principal message que tu veux véhiculer ?

Sally : « Salut, je suis de retour ! » (rires). Mais tout ça en détente, je suis partie sur l’idée de sortir les morceaux de façon progressive et on s’est dit que celui-ci était la manière la plus discrète et subtile de dire coucou.

JustMusic.fr : Le nom d’artiste Sally vient du dessin animé « Sally Bollywood », pourquoi ce personnage en particulier ?

Sally : Ce personnage m’a beaucoup inspirée étant petite, c’était rare de voir à cette époque une image de femme colorée à la télé. Ça faisait aussi écho à mes origines et elle a toujours aidé les gens. J’ai tout de suite aimé ce côté sauveur. C’est une femme sûre d’elle, une femme que je rêve d’être et plus le temps passe, plus je me rend compte de ma fusion avec le personnage. Mais je reste Marion !

JustMusic.fr : Tu as été diagnostiquée bipolaire pendant ton adolescence, comment vis- tu et composes-tu avec aujourd’hui et dans ta musique ?

Sally : Oui, à 18 ans on l’a appris. Je dis « on » car je ne l’ai pas vécu toute seule. Ma famille le supporte aussi évidemment. De base, je ne pensais vraiment pas faire de la musique mon métier, même chanter devant ma famille était impossible. C’est pendant le confinement que j’ai posté mes reprises sur Instagram, c’était juste un kiff donc mes humeurs me faisaient moins barrage. Et ça a marché sans que je sache vraiment pourquoi (rires).

JustMusic.fr : Tu as un traitement qui te stabilise aujourd’hui, comment ça se passe pour écrire tes morceaux ?

Sally : Quand je suis en dépression, je n’ecris pas. Puis, je m’y mets dès que je change d’humeur. Mais quand je suis stable, je ne sais pas trop non plus quoi écrire (rires). Donc je pars plutôt sur des thèmes globaux si je puis dire. La productivité s’en trouve quand même assez altérée.

JustMusic.fr : Tu écris et composes dans le noir, pourquoi donc ?

Sally : Toujours ! Moins maintenant car ce serait compliqué en studio (rires). Mais je m’enferme dans mon petit casque et j’écris, j’écris, j’écris. Mais quand je fais mes prises de voix chez des ingés sons, il y a cette grosse vitre derrière laquelle on me regarde et je préfère garder mon intimité donc je tourne le micro, et je chante face au mur (rires).

JustMusic.fr : Alors quand tu tournes ce micro et chantes face au mur, c’est Marion qui chante ou se cache-t-elle derrière Sally ?

Sally : C’est Marion pour laisser entrer Sally. Ça change, elles se relaient. Nous ne sommes pas vraiment conscients de nos propres changements de personnalités (rires).

JustMusic.fr : Aujourd’hui, comment ça se passe avec tes parents adoptifs ?

Sally : Alors, au début j’ai très mal vécu l’adoption et j’en ai voulu à ma mère adoptive – pas à mon père parce qu’il me faisait peur – à l’inverse de mon frère, mais c’est du passé. Il y a un morceau pour eux dans l’album. Puis j’ai compris qu’elle m’avait tout donné, et elle m’a dit cette phrase « tu es en train de faire ton deuil ». Ça a changé ma façon de voir les choses sur ma génitrice, mes parents adoptifs m’ont donné la vie.

JustMusic.fr : En 2022, tu commences avec « Partout où je vais », alors jusqu’où veux tu aller ?

Sally : Je voudrais une belle tournée, et j’espère le disque d’or bien sûr ! On va avoir des musiciens sur scène et j’en ai toujours rêvé, c’est un bon début d’année.

JustMusic.fr : De gros concerts à venir ?

Sally : Des concerts un peu partout à Paris et aux alentours. Le 21 mai pour un festival étudiant. En gros, on aura 7 ou 8 festivals durant l’été. J’ai le cœur qui bat fort.

JustMusic.fr : Dualités et bipolarités, tu vis sous les nombres binaires, 4 mots pour décrire ton album ?

Sally : Hum, je dirais touchant, rythme, très touchant (rires) et amour.

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Elliot RICHER