INTERVIEW : Rencontre avec Benjamin Siksou

Benjamin Siksou nous a donné rendez-vous chez « Universal Music » pour nous parler de son nouvel album « Saxophonia ».

JustMusic.fr : Pour commencer peux-tu me faire un bilan de ton premier album « Au chant du coq » (2017) ?

Benjamin Siksou : C’était un gros dossier car le processus a été laborieux et j’ai mis beaucoup de temps (sourire). C’est à ce moment-là que j’ai signé chez « Polydor » et il fallait que je sorte un album, c’était une nécessité. Pour moi ce n’est pas le premier car j’avais déjà fait plein de choses. J’avais cette idée de faire un disque très pop, un peu comme un exercice de style car je n’étais pas un spécialiste. Je souhaitais prendre un risque en me dirigeant vers cet univers très pop et froid. J’ai adoré faire ça avec Reyn Ouwehand en Hollande, mais c’est vrai qu’il me ressemble moins que le nouveau. C’était très intéressant à produire.

JustMusic.fr : Pourquoi étais-tu allé vers la pop alors que tu reviens dans ton univers de prédilection aujourd’hui ?

Benjamin Siksou : C’est peut-être l’âge qui fait ça (sourire). Je vais plus vers ce que je sais faire, au lieu d’essayer d’expérimenter des choses que je ne connais pas. On va dire que je prends d’autres risques et que je préfère approfondir des choses que je sais faire plutôt que le contraire.

JustMusic.fr : Tu as sorti « Saxophonia » le 17 juin dernier. D’où te viens cet amour pour le saxophone et ce délire d’avoir une fanfare ?

Benjamin Siksou : Les soufflements, les vents, les cuivres, les bois… font partie de la musique, des ensembles de jazz de Louis Armstrong ou de la Nouvelle-Orléans par exemple, qui m’ont beaucoup marqué plus jeune. C’est vieux comme le monde et en même temps intemporel, car chaque civilisation, chaque peuple à chaque époque a sa fanfare. J’adore cette idée très universelle de la fanfare qui est très joyeuse et en même temps hyper triste. C’est tout un univers très vaste, ça peut être très jazz ou très folklore. J’aimais aussi prendre le contrepied total de l’album précédent avec une esthétique très acoustique. Je voulais me défaire des machines et de pouvoir m’affranchir de ces technologies. Bien sûr on a enregistré avec des ordinateurs, mais il est possible de jouer ces morceaux sans, ce qui est très incroyable !

JustMusic.fr : Comment est né le premier extrait « Se revoir à nouveau » ?

Benjamin Siksou : C’est le morceau que j’ai écrit le plus rapidement. Il y avait une urgence absolue de l’écrire et ça s’est fait en 24h, ça j’adore (sourire). Ça vient d’une souffrance, du manque de quelqu’un qui n’est plus là… Il y a aussi de la fiction, j’ai mélangé plusieurs personnages mais le manque est bien là. J’avais cette volonté de le transcender. Il y a quelque chose de l’ordre de la prière, profane, car parler à quelqu’un qui n’est plus là est quand même quelque chose de mystique (sourire).

JustMusic.fr : Qui est Julien (« Chanson pour un Julien) ?

Benjamin Siksou : C’est celui de la chanson, donc il faut aller l’écouter (sourire).

JustMusic.fr : Pourquoi dis-tu que tu es un bobo dans « Allo maman j’suis un bobo » ?

Benjamin Siksou : Ça vient d’un jeu de mot que je me traîne depuis plus de dix ans (rires). Il y a des chansons qui viennent en un jet et certaines sont plus des puzzles avec plusieurs idées que je rassemble. J’avais la volonté de faire un ego trip de crooner un peu mystique, avec ce bobo qui sort très triste de sa chambre de bonne bien habillé et qui traverse Paris en se prenant pour Moïse. Il y a aussi cette réalité qui le rattrape, cette insulte de bobo qu’il se prend dans la gueule. Cette ambivalence d’un quotidien.

JustMusic.fr : « Histoires souterraines » et « Vis ta vie » parlent d’émancipation. Quel est le moteur qui te pousse a toujours aller de l’avant ?

Benjamin Siksou : Bonne question ! Je ne sais pas mais ce qui est sûr c’est que je vois un peu les choses comme ça. Quand ça tergiverse et Dieu sait que ça arrive, je me demande si c’est un frein ou un moteur. Quand je me pose une question et que je dois prendre une décision pour faire un choix, je me demande : est-ce que ça va me permettre d’avancer où est-ce que ça va me bloquer… Ça m’a permis de me simplifier la vision de ma vie par moment.

JustMusic.fr : Dans « Nulle part » tu évoques notamment le virus et tu dis qu’on ne sait pas où aller… Justement comment vois-tu l’avenir en général ?

Benjamin Siksou : C’est tout à fait flou mais on va dire en musique, car même si le bateau coule ce sera en musique (sourire).

JustMusic.fr : Tu en veux encore car il t’en faut toujours plus, mais qu’est-ce qu’il te manque encore (« J’en veux encore ») ?

Benjamin Siksou : Pas grand chose… Il me manque la suite, continuer, préciser, développer. Je souhaite continuer ce que je fais et en mieux (sourire).

JustMusic.fr : Tu dis dans « On est déjà passé par là » : « On est déjà passé par là pour moi c’est évident tu n’as rien retenu… ». A qui t’adresses-tu ? A quelqu’un ou au monde ?

Benjamin Siksou : C’était un peu les deux car il y a une histoire d’un duo qui se connaît très bien. Il y avait l’idée des gens qui tombent toujours des nues, qui ne s’en rendent pas comptent et au bout d’un moment ils n’y croient plus. C’est une chanson sur le déni et le fait de se rendre compte de celui de l’autre. Ça peut être par exemple une engueulade en voiture, le fait qu’on ne se connaît pas ou encore une perdition.

JustMusic.fr : Maintenant j’aimerais évoquer le cinéma. Peux-tu me dire quelques mots sur ton dernier film « Frère et sœur » d’Arnaud Desplechin ?

Benjamin Siksou : Le tournage était magnifique et c’était génial car c’était fulgurant. Le film est sorti très vite dans les salles et on a pu faire la montée des marches au festival de Cannes. C’était un vrai cadeau de pouvoir partager tout ça avec Arnaud Desplechin et les autres comédiens !

JustMusic.fr : A quand le prochain ?

Benjamin Siksou : Pour le moment je me consacre à la musique !

JustMusic.fr : Tu seras en concert à Paris, à la Nouvelle Ève le 20 septembre prochain. Cet été sera consacré au travail ou aux vacances ?

Benjamin Siksou : Je fais toujours un peu les deux toute l’année (sourire) ! Cet été je vais faire pareil, en pensant très fort à la Nouvelle Eve et je vais enregistrer les chansons que je suis en train d’écrire. Je suis très à l’aise avec « Saxophonia », je pense que je peux m’installer et je souhaite développer tout ça (sourire).

JustMusic.fr : Pour finir, quel est ton tube pour cet été ?

Benjamin Siksou : Je dirais qu’il faut écouter « Saxophonia » (sourire). Sinon, je suis tombé sur un truc qui n’est pas trop mon style à la base mais j’adore. C’est Acraze « Do it to it » !

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