INTERVIEW : Rencontre avec Walter Astral

« Walter Astral », le duo céleste de Tristan et Tino a répondu à nos questions existentielles sur leur premier EP qui sortira cet automne.

JustMusic.fr : Vous deux, comment vous-êtes vous rencontrés ?

Walter Astral : Ça fait dix ans qu’on se connaît. Tino était le petit-ami (à l’époque) de ma meilleure amie. Il est venu la rejoindre en surprise quand on était à Berlin, on a fini par se rencontrer dans les clubs berlinois. On a 27 et 28 ans aujourd’hui. Par la suite, on s’est beaucoup suivis mais notre amitié s’est vraiment concrétisée pendant les premiers confinements, on est restés deux mois non stop dans une maison de campagne à faire du son.

JustMusic.fr : C’était une maison à Sancerre et c’est là que vous avez composé l’EP. Comment ça s’est passé ?

Walter Astral : On aurait un peu dit une communauté hippie (rires). On mangeait beaucoup, et bien. Et vu qu’on était un peu en manque de club, on faisait du son jusqu’à 6h du mat en ayant l’impression d’être cinquante, le tout sans produits, enfin… juste un peu de gnôle.

JustMusic.fr : Walter Astral, c’est quoi ? Ou plutôt, c’est qui ?

Walter Astral : Alors, ce Walter Astral, on l’a rencontré. On s’est retrouvé un matin après une bonne nuit de sommeil et en se concertant, on s’est rendu compte qu’on l’avait tous les deux rencontré en rêve. Oui c’est fou. C’est dans un bol de céréales dans du lait qu’un navire (trois mâts) a jailli de la surface du lait avec un capitaine à son bord. « Salut, moi c’est Walter Astral » qu’il a dit. Comme les périodes menstruelles, je crois qu’on s’est calibrés au même niveau parce que c’est quand même assez déconcertant d’avoir partagé ce genre d’histoire exactement au même moment. C’est notre prophète et on perpétue sa parole druidique (rires).

JustMusic.fr : Cet intérêt pour le druidisme, c’est quelque chose qui vous rapproche ou est-ce une sorte de blague ?

Walter Astral : C’est un peu un entre-deux. Mais Tino, lui, aimerait faire une tournée des druides de Bretagne quand il aura le temps. On a envie de bosser sur tous ces rituels et sur l’occulte, ça nous a toujours passionné. Ce qui nous fait marrer, c’est aussi cette image du gros barbu vivant au fond de son bois comme on l’a été durant les confinements, on s’habillait réellement comme des druides (rires).

JustMusic.fr : Chaque chanson incarne un élément dans votre EP. Si c’est pour replacer l’humain au milieu de la nature, comment percevez-vous cette nature autour de vous et comment cette vision influence-t-elle votre musique ?

Walter Astral : Assez naturellement, l’homme a froid et le feu lui donne chaud. Après s’être retrouvés tous les deux dans une petite bicoque avec un vieux poêle, on a pu se réchauffer en mettant du bois dedans. Notre inspiration est venue de là en remarquant l’importance du feu et c’est devenu un rituel pour nous. L’évidence de ce morceau et des autres (l’eau, la terre et l’air) nous a frappés à ce moment-là. On est pleins de reconnaissance pour la nature, même le temps s’écoule différemment lorsqu’on est loin de la ville.

JustMusic.fr : Vous écrivez les paroles de vos chansons ensemble ?

Walter Astral : Oui, et c’est assez limpide. C’est un ping-pong qui fonctionne pas mal, on fusionne plutôt bien et ce, depuis le début de notre collaboration.

JustMusic.fr : Dans « L’eau », y a-t-il un certain rapport à la mort et d’autres passages à niveau, si je puis dire ?

Walter Astral : Presque. On joue un peu sur les doubles-sens pour répondre aux problématiques humaines. Là on parle plutôt de naissance et de création. On parle de la mort dans « La Terre », mais on parle toujours des cycles qui font partie du changement dans la nature.

JustMusic.fr : Quand vous parlez de séquoias et d’hommes bougies, c’est un univers existant ou est-ce directement sorti de vos têtes ?

Walter Astral : C’est du full cerveau (rires). Tout est venu d’un dessin de Tino, on est revenu avec le concept du projet et on a commencé à triper sur l’arbre généalogique du fameux Walter. On a pris une feuille A4 et ça a commencé comme ça. On a créé une cosmogonie de Walter et tout s’est montré comme étant assez logique pour nous tout en restant poétique comme, par exemple, pour les hommes-bougies qui se consument jusqu’à la liquéfaction.

JustMusic.fr : D’où vient ce vieux banjo qui a ce son si particulier ?

Walter Astral : Dans les morceaux, je joue aussi de la guitare, mais ce banjo appartenait au père de Tristan. Il a toujours un peu sonné comme une casserole (rires). Quand j’ai commencé à en jouer, ça sonnait presque microtonal et ça donnait un bel univers qui se mêlait bien avec le côté techno. C’est pour les concerts que c’est devenu compliqué étant donné que l’instrument n’est pas électro- acoustique (qu’on ne peut pas le brancher). Il est unique et le son aussi, alors c’etait inenvisageable d’utiliser un autre banjo. C’était difficile mais on a réussi à trouver comment le faire sonner assez fort en live.

JustMusic.fr : « Abess Records », c’est quoi ? Et comment s’est passée la rencontre ?

Walter Astral : C’est très familial. On travaillait chez Camille. Luc, le label manager d’Abess Records, était un client avec qui on parlait beaucoup musique. La relation s’est enclenchée et on a continué de se voir. Il a même fini par venir nous parler de son label en voulant y inclure des artistes. C’est à ce moment qu’on lui a envoyé nos démos. Il a adoré, j’ai dit que je faisais ça avec Tino et c’est comme ça que ça a commencé après qu’il nous ait motivé. C’est un peu le troisième membre du groupe, il nous a accompagné de A à Z.

JustMusic.fr : Quatre éléments, quatre morceaux, quatre mots sur ce que vous inspire votre EP ?

Walter Astral : Naissance, inspiration, amour et mort. Ça représente pas mal notre parcours. Et niveau musique ce serait : banjo, MPC (rires) et un bon analog delay !

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Elliot RICHER