INTERVIEW : Rencontre avec Lancelot

Entre pudeur, liberté et sincérité, Lancelot se livre avec douceur sur son parcours, son rapport à l’écriture et à la scène. Avec son EP « Pas assez », il affirme une identité singulière, entre fragilité assumée et énergie partagée.

JustMusic.fr : Peux-tu me raconter ton parcours et me dire pourquoi tu es devenu artiste ?

Lancelot : J’ai grandi à la montagne, dans une famille de musiciens, et j’ai commencé par la batterie. On jouait du jazz en famille. En grandissant, j’ai ressenti le besoin d’écrire mes propres chansons. La musique, c’est mon plus grand espace de liberté : l’endroit où je peux être qui je veux, raconter ce que je veux et défendre qui je suis.

JustMusic.fr : Tu te dis « raconteur plus que chanteur ». Que signifie pour toi raconter, à une époque qui laisse peu de place au silence et à la nuance ?

Lancelot : Au début, je faisais de la musique avec mon iPhone en empilant des boucles sur GarageBand. J’écrivais aussi pas mal de textes, sans penser qu’ils deviendraient des chansons. Puis, de fil en aiguille, j’ai commencé à poser ces textes sur ces loops. Les paroles ont toujours eu une place très particulière pour moi, c’est ce sur quoi je passe le plus de temps. J’ai mis du temps à me mettre à chanter : au départ, je me disais que j’allais juste raconter des histoires, avec de la musique électronique derrière. C’était une manière de me cacher. Je me disais : « même si les gens n’écoutent pas les textes, au pire, ils danseront quand même ».

JustMusic.fr : Ton univers est souvent qualifié de pudique ou sensible. Est-ce une fragilité que tu portes… ou une force ?

Lancelot : Mes textes racontent vraiment qui je suis, ma vie, le regard que je porte sur ce qui m’entoure. J’ai mis du temps à m’ouvrir, mais j’ai l’impression que c’est un parcours assez classique après l’adolescence. Ça prend du temps de savoir vraiment qui on est. Je ne suis d’ailleurs pas certain qu’on puisse un jour le savoir totalement, et je ne sais pas si c’est vraiment nécessaire. Ce qui compte le plus pour moi, c’est d’être honnête dans ce que je fais. C’est ce que je cherche à transmettre dans mes textes.

JustMusic.fr : Peux-tu me présenter ton EP « Pas assez » ?

Lancelot : « Pas assez », c’est justement ce regard qu’on pose sur soi, ou que les autres posent sur nous. C’est la manière dont on se voit à travers le regard de l’autre. « Pas assez », c’est cette peur de ne jamais être à la hauteur – de ses propres attentes ou de celles des autres. C’est mon projet le plus personnel. « Pas assez », c’est moi.

JustMusic.fr : Quels sont les artistes que tu écoutes et avec qui tu aimerais collaborer ?

Lancelot : Malheureusement, beaucoup des artistes que j’écoute ne sont plus de ce monde. J’écoute aussi beaucoup de musique actuelle, je suis assez éclectique. Ce qui m’attire, ce sont les propositions artistiques singulières, les choses nouvelles, les projets qui sortent de l’ordinaire. Récemment, j’ai découvert Miki, que j’aime beaucoup. Sinon, je suis plutôt amateur de rap : j’ai l’impression que c’est l’un des derniers genres – avec une partie de la pop – où les textes sont encore au centre. J’aimerais faire un feat. avec Jul, ou avec Brigitte Fontaine.

JustMusic.fr : Ton allure brouille les lignes, entre douceur, androgynie et pudeur, dans un monde qui valorise l’image, la performance et la virilité. Te sens-tu libre dans ta façon d’exister, en tant qu’homme et qu’artiste ?

Lancelot : Oui, je me sens totalement libre. En ce qui concerne mon apparence et mes goûts, j’ai toujours préféré m’habiller chez les femmes. Je trouve qu’il y a tellement plus de choix dans leurs rayons ! Alors j’y vais volontiers. J’ai décidé de m’affranchir du regard des autres sur mon look ou ce que je porte : je mets juste ce qui me plaît, ce qui me fait envie. Je me sens d’ailleurs bien plus libre, en tant qu’artiste et en tant qu’individu. La musique nous offre ce luxe-là.

JustMusic.fr : Ton timbre a quelque chose de presque fragile, comme suspendu. Est-ce une fragilité que tu entretiens, ou qui s’impose à toi ?

Lancelot : J’ai découvert très tard que je pouvais chanter. Ce n’était même pas une option que j’envisageais au départ : je voulais juste raconter des histoires. Et maintenant, je ressens de plus en plus cette envie de chanter. Je pense que cette fragilité dans la voix, c’est mon identité. Mais ce n’est pas quelque chose que je cherche à contrôler : je chante les choses comme je pense qu’elles doivent être chantées.

JustMusic.fr : Quels souvenirs gardes-tu de tes premières scènes ?

Lancelot : J’étais super stressé pour mes premières scènes. Je le suis encore souvent avant de monter sur scène. Il y a une forme de mise à nu assez folle… mais c’est aussi tellement stimulant de se faire violence, de se mettre en danger. Une fois sur scène, le stress disparaît pour laisser place au plaisir et au lâcher-prise. C’est un endroit assez magique.
J’ai eu la chance d’être soutenu très tôt par mes producteurs de spectacle (L Productions). Ils m’ont fait confiance alors que j’avais à peine fait de la scène. C’était un peu un saut sans filet. J’essaie d’être le plus honnête possible. Je me refuse à quitter la scène en me disant que je n’ai pas donné 100 % de ce que je pouvais donner. C’était mon seul leitmotiv au début, et ça l’est toujours aujourd’hui.

JustMusic.fr : Tu seras en concert à Paris, à la Cigale le 14 avril 2026. Qu’aimerais-tu laisser au public en sortant d’un de tes concerts : une émotion, une question, un souffle ?

Lancelot : J’ai tellement hâte d’être à la Cigale le 14 avril 2026 ! C’est assez fou de me dire que je vais jouer dans cette salle, alors que j’y ai vu tant de concerts. Ce que je veux avant tout, c’est partager de l’énergie avec le public. Je veux que ce soit une grande fête, qu’on chante, qu’on danse, qu’on oublie – le temps d’un concert – tous les tracas du quotidien. Un moment juste à nous.

JustMusic.fr : Pour finir, que peux-tu dire pour donner envie au public de découvrir ton EP ?

Lancelot : C’est un EP avec des hauts et des bas, du soleil et de l’orage, des doutes et des réponses. C’est une grenadine à l’eau… mais une bonne grenadine n’est pas que sucrée, elle est aussi acide.

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