Charlie Winston nous a parlé de son nouvel album « As I am » avec beaucoup de sincérité et de générosité.
JustMusic.fr : Ton précédent album « Square 1 » est sorti en 2018, alors qu’as-tu fait avant de penser à ce nouvel album ?
Charlie Winston : J’avais besoin de nouvelles perspectives dans ma vie et c’est justement au moment de « Square 1 » que ça a commencé à me trotter dans la tête. Je voulais voir ma vie sous différents angles car les habitudes que j’avais ne me rendaient plus heureux. C’est ce que j’explique dans « As I am » et la lecture de plusieurs livres m’a aidé à avancer comme « Tao te king » de Lao Tsu, « The 7 habits of highly effective peuple » de Stephen R. Covey et « Quand la conscience s’éveille » d’Anthony De Mello. J’ai également lu un livre très intéressant sur l’esclavage, qui parle de comment on peut se rendre esclave à l’intérieur de nous-mêmes.
J’avais besoin de changer personnellement et musicalement, je ne voulais plus trop réfléchir mais faire ce que je voulais faire. J’ai laissé le processus de création me guider (sourire).
JustMusic.fr : Ton cinquième album « As I am » sera disponible le 30 septembre. Pourquoi as-tu travaillé avec Vianney ?
Charlie Winston : Je n’ai rien planifié, cela s’est fait naturellement. J’ai écrit mes chansons, ensuite j’ai signé chez « Tôt ou Tard » et comme Vianney est du même label, Vincent Frèrebeau le patron, a suggéré que nous nous rencontrions. Je suis ouvert à tout, alors j’ai accepté et c’est la seule personne que j’ai rencontrée. Travailler avec lui me sortait de ma zone de confort. Je restais confiant car je savais qu’il était talentueux, mais je ne savais vraiment pas où est-ce qu’il allait emmener ma musique (sourire).
JustMusic.fr : Justement qui a fait quoi ?
Charlie Winston : Ma musique est très acoustique et le producteur est là pour m’aider à voir la direction de l’album. Avec Vianney nous avons beaucoup discuté, du micro que je voulais utiliser, des arrangements, des instruments… Nous avons travaillé à deux dans son studio. Au début je pensais que j’allais venir avec mes musiciens et il m’a répondu que non, car il ne travaillait pas de cette manière (sourire). Il m’a expliqué comment il aimait travailler et tout s’est fait avec beaucoup d’échanges. Je lui ai donc dit que je lui faisais entièrement confiance et que je le suivais les yeux fermés ! Je ne souhaitais pas refaire encore un énième même album. C’est pour ça que je te disais que j’étais sorti de ma zone de confort, mais c’était sympa (sourire).
JustMusic.fr : Le premier extrait « Algorithm » rencontre un très joli succès. Pourquoi l’avoir choisi comme premier single ?
Charlie Winston : C’est un titre qui passe parfaitement en radio et qui était parfait pour le public qui me suivait déjà. Ça parle d’un sujet que tout le monde connaît et c’était une façon de briser la glace. C’est un album qui parle d’expériences personnelles, d’être vivant aujourd’hui et c’était un bon moyen de l’introduire avec « Algorithm ».
JustMusic.fr : Le deuxième single « Exile » évoque le fait que tu te considères comme un « frenglish ». Pourquoi penses-tu que tu as plus de succès en France qu’en Angleterre ?
Charlie Winston : Je ne le pense pas, c’est le cas (rires) ! On me le demande souvent depuis des années. Je pense que c’est plus difficile de percer dans l’industrie musicale anglaise, car ils écoutent des artistes de pays différents. Depuis la sortie de mon premier album, j’ai toujours montré un style très anglais qui ne plaît pas là-bas et je ne sais vraiment pas pourquoi (sourire).
JustMusic.fr : Il y a une autre collaboration avec Ibrahim Maalouf pour le titre « Don’t worry about me ». Peux-tu m’en dire quelques mots ?
Charlie Winston : Au départ il ne devait pas y avoir de collaborations sur l’album. J’ai rencontré Ibrahim Maalouf à l’époque de « Square 1 » lors d’un festival et nous avons voulu faire une chanson ensemble. Je suis donc venu à Paris pour écrire cette chanson. C’est lui qui a choisi le titre et c’est drôle car je souhaitais aller vers cette direction, non pas musicalement mais mentalement parlant. « Don’t worry about me » est une phrase que je me disais souvent, à propos de la vie qui avait pris le contrôle sur moi. Ensuite j’ai écrit « Shifting paradise » que je chante en duo avec Vianney, alors que je ne l’avais jamais imaginé en featuring.
JustMusic.fr : En effet, il y a ce feat. avec Vianney et tu en avais fait un avec Camélia Jordana pour le titre « Rendez-vous » en 2019. Pourquoi ne fais-tu pas plus de featurings ?
Charlie Winston : Je ne sais pas (sourire)… Il y a beaucoup de pression aujourd’hui lorsqu’on fait un featuring. Je ne veux pas en faire parce que c’est à la mode, mais parce que j’apprécie la personne et que quelque chose se passe entre nous. Avant on disait « Duo » et depuis qu’on utilise le mot « featuring » ça a tout changé. Pour plusieurs artistes ce n’est qu’une histoire de marketing et ça ne m’intéresse pas ! Mais j’adore collaborer avec d’autres artistes quand nous avons une bonne complicité (sourire). Je suis un artiste anglais qui a collaboré avec plusieurs artistes français et ça me plairait de le faire encore. Je pense tout de même que je devrais travailler avec des artistes étrangers dans le futur.
JustMusic.fr : « Letter from my future self » est une chanson où tu t’imagines en 2063 et tu écris une lettre à ton toi de 2022. Si tu pouvais retourner dans le passé, que dirais-tu à la personne que tu étais quand tu étais enfant ?
Charlie Winston : C’est une très bonne question que je ne me suis pas posé lorsque j’ai écrit cette chanson (sourire) ! Je lui dirais sans doute d’aller faire une thérapie… J’en ai fait une et je trouve que c’était trop tard, que j’aurais dû en faire une plus tôt. Toute ma vie j’ai eu des problèmes chroniques et j’ai tout fait pour trouver des réponses… La seule était de faire une thérapie, donc j’aurais vraiment dû commencer avant.
JustMusic.fr : « As I am » est un album très personnel, tu parles beaucoup de ta vie et notamment de ta maladie. Est-ce que tu vas bien aujourd’hui ?
Charlie Winston : Je vais très bien merci ! La vie est comme elle est et elle n’arrête pas de bouger. Nous devons toujours rester sur nos gardes. J’ai toujours été une personne joyeuse, et désormais ma joie n’est plus dans ce que je ressens, mais plus dans ce que je vois. J’ai plusieurs buts dans la vie, mes enfants, ma femme et moi-même ! Je ne suis plus endormi et je me sens plus éveillé, plus vivant ! Je souhaite être dans cet état d’esprit toute ma vie et je ne veux plus ressembler à un mort-vivant (sourire).
JustMusic.fr : Cet album a été pour toi une thérapie, alors comment t’es-tu senti lors de sa création et comment te sens-tu aujourd’hui en l’écoutant ?
Charlie Winston : Quand j’ai commencé ce nouvel album, je démarrais une nouvelle journée spirituelle – je ne parle pas de religion, mais d’un état d’esprit. Ce disque est un rappel de la personne que je veux être. J’ai écrit des chansons dans lesquelles je me retrouvais et je voulais que ce soit comme des mantras vu que je savais que j’allais les chanter durant le reste de ma vie. Quand j’interprète et que j’écoute mes nouvelles chansons, je me sens réconforté. Je suis également comme ça auprès de mes enfants. J’ai hâte de repartir en tournée, car je pense que ce sera cool de passer du temps avec mes « chansons/enfants » (sourire).
JustMusic.fr : Ça tombe bien car tu repartiras en tournée au mois de novembre et tu te produiras à Paris, au Trianon le 1er décembre 2022 ! Que peux-tu ajouter pour donner envie au public de venir te voir ?
Charlie Winston : Je serai avec de nouveaux musiciens. Tout est neuf, mon label, mon éditeur, mon tourneur et mes musiciens (sourire) ! La seule chose qui est restée identique est ma famille (rires) ! Cette tournée aura une nouvelle fraîcheur et j’espère que mes concerts inviteront les personnes à réfléchir à la réalité. Nous nous sommes détruits ces dernières années à cause de tout ce qui s’est passé. Beaucoup ont voulu changer de vie, de travail, être plus créatif… C’est une bonne chose et heureusement que la vie a pu reprendre. Je ne veux plus m’endormir et la Covid nous a en quelque sorte réveillés.
Ma mission d’être humain est de rester éveillé et de donner envie aux autres de l’être également ! Merci pour ce moment et c’était un plaisir de te revoir (sourire).
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