De la Sexion d’Assaut jusqu’à sa carrière solo, Maska a répondu à toutes nos questions à l’occasion de la sortie de son nouvel EP, « Étoile de jour, Pt.3 ».
JustMusic.fr : Au milieu années 2000, la Sexion d’Assaut commençait à sortir ses premiers projets officiels. À quoi ressemblait le rap game de l’époque, notamment à Paris ?
Maska : Le rap parisien était toujours empreint d’une plume aiguisée. À l’époque, le rap était axé sur la vie de quartier. On s’est détaché assez rapidement de cette image-là. Nos vies avaient changé et on tenait à être intègres vis-à-vis de cela. On a eu aussi un passage religieux où toutes les valeurs de la rue ont été remplacées par des valeurs religieuses. Autrement, on s’est bien sûr inspirés de la plume de certains artistes comme Pit Baccardi, la Scred Connexion, ou encore Oxmo Puccino, qui venaient tous de Paris.
JustMusic.fr : Qu’est-ce que tu tires de la période d’ascension de Sexion d’Assaut des débuts jusqu’à l’apogée du groupe en 2011-2012 ?
Maska : Beaucoup de rigueur de travail. On avait établi un plan précis pour se faire remarquer et on avait une confiance très forte par rapport au talent de chacun. J’ai fini le documentaire de Kanye West hier et on voit vraiment le pouvoir de la croyance et de la détermination, l’impact que cela a sur les gens. L’homme est plus mouton que le mouton lui-même. Donc quand tu proposes quelque chose de différent, c’est très souvent au début inacceptable jusqu’à que cela devienne incontournable. Et quand on a réussi à faire accepter notre style de musique en 2010-2012, c’était une fierté parce qu’on s’est dit qu’on n’était pas fous et qu’on le méritait. On avait travaillé pour et on avait très rapidement voulu de la reconnaissance en appliquant des stratégies bien particulières pour se faire remarquer. On se voyait déjà percer avant d’être connus.
JustMusic.fr : Avec du recul qu’est-ce que ça t’a apporté de lancer ta carrière solo ?
Maska : Lors du premier album, j’étais plus un membre de groupe qui faisait un album en solo. C’est-à-dire que j’étais très conscient que je n’étais pas arrivé à ma maturité artistique pour partir complètement en solo. Je faisais appel à des chanteurs pour combler mes refrains. Cela m’a apporté une grande remise en question : j’ai pris plein des cours de chants, je me suis plus orienté vers la mélodie parce que le côté rap était une période de ma vie où j’étais plus en conflit avec moi-même et les autres. J’avais plus de violence à exprimer. C’était de l’émotion que j’ai apprivoisée et que j’ai réussi à mieux aiguiller. Je me suis servi de la mélodie pour transmettre ces émotions. La mélodie te donne accès à des sentiments que tu ne peux pas forcément toucher avec le rap. J’ai trouvé que c’était intéressant de développer ces capacités-là, pour avoir un panel d’émotions plus large.
JustMusic.fr : Tu as écrit beaucoup des textes pour d’autres artistes, tu parles d’avoir la plume. D’où elle te vient cette capacité à manier l’écriture ?
Maska : Je tiens ça de mon père. Il lisait énormément et se cultivait beaucoup. J’ai tendance à dire que le talent n’existe pas. Par exemple, si Gîms est un si bon chanteur c’est en partie parce son père l’était aussi. Le talent est selon moi un apprentissage que tu as acquis sans en avoir conscience. Y a pleins de choses qui nous sont données et que les gens appellent don, mais pour moi c’est un travail inconscient. Les choses ne tombent pas du ciel. Tout a une cause.
JustMusic.fr : Ton nouvel EP « Étoile de jour, Pt.3 » est le troisième volet du projet global « Étoile de jour ». Quelle est la réflexion derrière ce projet ? Et comment les trois sont-ils liés ?
Maska : C’est d’abord l’histoire d’un deuil sentimental avec 3 étapes : l’étape de choc et d’émotion que tu ressens beaucoup dans la partie 1. Dans la partie 2, ces émotions se sont plus apaisées. Et dans la partie 3, je vis ma vie de célibataire en parvenant à m’épanouir malgré la solitude. En plus de cela, ce dernier volet est tombé le jour de la sortie de ce qu’on considère en psychanalyse, la période de deuil. Le deuil dure en moyenne la moitié du temps de la relation. J’ai été en relation pendant 5 ans donc 2 ans et demi de deuil, exactement au moment où l’EP est sorti. Je peux dire que ce projet pour moi est une étoile de jour. C’est quelque chose qui brille, qui mérite d’être vue, mais qui ne se voit pas encore.
JustMusic.fr : Je vois des membres de la Sexion d’Assault comme Gîms ou Black M qui évoluent vers un style plus pop urbaine. Est-ce que tu penses qu’il est important que le hip-hop influence la pop et vice versa ?
Maska : J’ai appris de quelqu’un que la Sexion d’Assault a inventé la pop urbaine et je pense que ce n’est pas complètement faux. Toutes les influences sont bonnes à prendre. Quand tu mélanges deux styles et que tu en crées un nouveau, cela crée du métissage et c’est en général plutôt réussi. Je pense par exemple à MHD qui fait de l’afro-trap, ou encore Jul qui produit une sorte de son hybride. Aujourd’hui, beaucoup de chanteurs s’inspirent de l’urbain. Certains aiment cela, d’autres n’ont même pas le choix tellement le rap est devenu le nouveau rock.
Maska : Tu as collaboré avec beaucoup d’artistes aux horizons variés. Que cherches-tu dans une collaboration de manière générale ?
Maska : La démarche des artistes pop et variété est la conception des morceaux à travers les thématiques et certains de ces types de mélodie me parlent beaucoup. De manière générale, dans le cadre d’une collaboration, je cherche quelque chose de différent mais avec des points en commun avec ma musique.
JustMusic.fr : Tu as sorti un clip il y a deux semaines pour le titre « Démoli ». Est-ce qu’un projet plus love comme celui-ci est plus dur à interpréter qu’un morceau plus street ?
Maska : Non, car je ne vais pas interpréter un texte qui ne me parle pas. Je ne vais pas l’écrire, je ne vais pas le défendre et je ne vais pas le faire. En ce qui concerne ce clip, je l’ai écrit de A à Z. Il s’agissait de transmettre des émotions. Et j’ai pu jouer comme je le voulais dans le clip et j’en suis très fier. Plus un artiste met de sa personne dans son œuvre, plus il y a un caractère fort qui s’en dégage.
JustMusic.fr : Un dernier mot ?
Maska : Je suis actuellement en pleine promotion d’ « Étoile de Jour, Pt.3 ». Allez découvrir, allez écouter et partagez-moi vos retours ! Je suis très ouvert à la discussion sur les réseaux, donc n’hésitez pas !
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Paul CORRADINO