INTERVIEW : Rencontre avec Antoine Wend

Antoine Wend a de nouveau répondu à nos questions à l’occasion de son concert à « La Boule Noire » à Paris, le mardi 28 octobre. Nous vous conseillons vivement de découvrir son nouvel EP « Jamais assez ».

JustMusic.fr : Après « Pourquoi je vis ? », tu reviens avec « Jamais assez », un EP qui marque un vrai tournant pour toi.
Qu’est-ce qui a changé dans ta manière d’écrire et de créer ?

Antoine Wend : Oui, c’est vrai que ça fait à peine un an que j’ai sorti mon premier EP, « Pourquoi je vis ? », et je reviens déjà avec ce deuxième, « Jamais assez ». Sur le précédent, je voulais vraiment poser les bases, me présenter comme chanteur et comme artiste, en évoquant tout ce qui me définit — mon enfance, mes valeurs, mes inspirations.

Avec « Jamais assez », c’est autre chose. C’est plus centré sur qui je suis aujourd’hui, sur mes émotions et sur ce que je vis en ce moment. Bien sûr, il y a toujours des échos à mon passé, mais ce n’est plus un projet de présentation : c’est une photographie du moi actuel.

J’y parle d’amour — dans ses beautés comme dans ses failles —, de ce que j’ai appris sur moi ces derniers mois, de mes démons, de ma manière d’essayer de me comprendre, de sexualité aussi, et de tout ce qui me fait vibrer aujourd’hui. Donc oui, ça reste lié à ce que j’ai été, mais c’est résolument ancré dans le présent.

Je crois que le vrai tournant se trouve là : dans les thèmes que j’explore et dans la direction musicale que j’assume davantage. Ma façon d’écrire n’a pas fondamentalement changé, mais mes sujets, eux, oui — et c’est ce qui marque cette évolution.

JustMusic.fr : Tu dis que certaines chansons t’ont mis face à ton propre inconfort. Qu’est-ce que tu as découvert sur toi-même à travers ce projet ?

Antoine Wend : Oui, il y a eu plusieurs moments où, en réécoutant certaines chansons en studio une fois la production et les voix terminées, j’ai ressenti un vrai malaise. Je me suis dit : « Mais le mec, il s’invente une vie, quoi. » Et puis j’ai compris que non, je ne m’inventais rien — j’étais juste en train de dire la vérité, peut-être pour la première fois.

Avant, j’avais tendance à arrondir les angles, à protéger les autres, à donner l’image de quelqu’un qui contrôle tout. Là, j’ai simplement dit les choses telles qu’elles étaient. Et j’ai découvert que dire la vérité, surtout à soi-même, c’est parfois plus dur que de la cacher. On veut souvent épargner les gens ou adoucir certaines blessures, mais au fond, la vraie force, c’est de dire ce qu’on ressent, même si ça dérange.

Dans « Ça va », par exemple, j’ai ressenti cet inconfort très fort — autant dans les mots que dans la manière de les chanter. Et dans « Je rêve encore », c’était pareil : j’ai expérimenté une façon de chanter que je n’avais jamais testée. La première fois que j’ai entendu la maquette, j’étais mal à l’aise, mais je me suis dit : « Si ça me dérange, c’est que c’est vrai. »

C’est un peu le fil rouge de l’EP : aller là où ça bouscule, là où je ne suis pas à l’aise. Parce que si quelque chose me déstabilise, ça veut dire qu’il y a de l’émotion, et que les gens pourront peut-être la ressentir aussi. Qu’ils aiment ou non, ils sentiront la sincérité — et c’est ça qui compte.

Ce projet m’a permis de découvrir que j’étais capable d’oser davantage avec ma voix, d’assumer des sonorités et des émotions nouvelles, même celles qui me mettaient mal à l’aise. J’ai appris à me dire : « Essaie, Antoine. Peut-être que ça te surprendra dans le bon sens. »

Je suis influencé par beaucoup d’artistes très différents — Adele, Céline Dion, Shawn Mendes, Benson Boone, Daniel Balavoine… Ce que j’aime chez eux, c’est que leurs voix ne sont pas parfaites : il y a des fragilités, des accidents, des failles — et c’est ce qui les rend uniques. Moi aussi, j’ai voulu chercher ce beau-là, dans la bizarrerie, dans l’inconnu, dans ma propre voix.

Et finalement, à travers « Jamais assez », j’ai découvert plein de choses sur moi — vocalement, émotionnellement, psychologiquement. C’est un projet qui m’a fait grandir à tous les niveaux.

JustMusic.fr : « Jamais assez », c’est un titre fort, presque existentiel. Tu te sens souvent dans cette quête du « toujours plus » — artistiquement ou personnellement ?

Antoine Wend : Oui, complètement. Pour ce nouvel EP, je ne voulais pas lui donner le nom d’un des singles, comme « Rodéo » ou « Mourir amoureux », même si ce sont des titres que j’aime beaucoup. Je voulais que le nom du projet représente quelque chose de plus global, une sorte de fil conducteur, un mot qui ouvre la porte vers l’émotion principale du disque.

En y réfléchissant, je me suis rendu compte que cette idée d’être « jamais assez » revenait dans toutes les chansons. C’est un sentiment que je connais bien : cette envie constante d’aller plus loin, de ne jamais me contenter, que ce soit dans la création ou dans la vie. Même quand tout va bien, ou au contraire quand tout va mal, j’ai toujours cette soif de « plus » — plus d’émotions, plus de compréhension, plus de vécu.

J’ai peur de la mort, de la routine, de l’ennui… toutes ces choses qui figent. Et cette peur-là me pousse, mais parfois aussi m’épuise. Parce qu’à force de vouloir aller plus loin, on oublie souvent d’être simplement dans le présent.

C’est un moteur, oui, mais un moteur à double tranchant. Et c’est ça que je raconte dans l’EP : pas une histoire de victoire ou de contrôle, mais plutôt une recherche. Une exploration de mes contradictions, de mes échecs, de mes blessures, de mes envies, de ce que je comprends ou pas encore.

Quand j’ai trouvé le titre « Jamais assez », ça a été une évidence. Parce qu’il résume tout :
— Jamais assez de rêves, comme dans « Je rêve encore ».
— Jamais assez de relations, même quand elles font mal, comme dans « Rodéo ».
— Jamais assez de résilience, de mélancolie douce, comme dans « On se dira ».
— Jamais assez de douleurs qui finissent par apprendre quelque chose, comme dans « Ça va ».
— Et jamais assez de passion, de désirs, de risques, jusqu’à en mourir amoureux.

Ce sont des sujets que je trouve profondément humains et, à leur manière, très matures. Pour moi, la maturité, c’est pas d’avoir une vie bien rangée avec un costume et un café à la main. C’est de savoir rire, s’arrêter, s’amuser, aimer, se remettre en question.

« Jamais assez », c’est aussi jamais assez de curiosité, jamais assez de vie.
C’est un peu ma philosophie, un mantra. Certains disent « Hakuna matata », moi je dis « Jamais assez ».

J’ai envie de garder cette naïveté, cette âme d’enfant, tout en l’équilibrant avec l’expérience que j’ai acquise. C’est ce mélange-là — entre innocence et lucidité — qui me rend vivant, et peut-être, au fond, un peu plus heureux.

JustMusic.fr : « Mourir amoureux » est le titre phare du projet. Qu’est-ce qu’il raconte vraiment — une histoire vécue, fantasmée, ou universelle ?

Antoine Wend : « Mourir amoureux », c’est sans doute le titre qui représente le mieux l’esprit de tout l’EP — autant dans le fond que dans l’énergie. Et en vrai, tout est déjà dit dans le titre.

J’ai toujours été quelqu’un qui aime profondément : j’aime la vie, les gens, les sensations, les émotions fortes. Mais en même temps, j’ai une peur viscérale de la mort — un truc très ancré depuis l’enfance. Je pensais que ça passerait en grandissant, mais non. Alors, pour moi, « Mourir amoureux », c’est une façon de réconcilier ces deux extrêmes : la peur de mourir et le besoin de vivre intensément.

C’est une chanson qui parle d’amour, bien sûr, mais surtout de vie. De l’envie d’aimer jusqu’au bout, d’oser, de se tromper, de recommencer. De se dire que puisqu’on ne sait pas quand la fin arrive, autant profiter du chemin.

C’est une histoire vécue, oui — mais c’est aussi une projection, une manière d’exprimer ce que je veux continuer à vivre : aimer sans retenue, me découvrir, explorer, me brûler un peu parfois. Ça parle de sexualité, de liberté, de la façon dont on se réconcilie avec son corps et ses désirs.

Et puis il y a aussi cette idée d’avoir beaucoup donné, parfois trop, à des gens qu’on ne pouvait pas vraiment sauver. Aujourd’hui, j’essaie d’être plus dans l’équilibre. Je veux vivre, pleinement. Quitte à me planter, mais à sentir que j’ai vécu pour de vrai.

« Mourir amoureux », c’est une chanson qui doit sentir la vie — dans tout ce qu’elle a de plus brut : l’amour, la sueur, le sexe, la lumière, les voyages, le rire, le manque aussi. C’est un hymne à la liberté, à l’instant présent, à l’envie d’oser sans se cacher.

Pour moi, la vraie folie, ce n’est pas de vivre intensément. La vraie folie, c’est de se conformer à des codes qui nous étouffent, de se rassurer dans quelque chose d’artificiel. « Mourir amoureux », c’est l’inverse de ça : c’est la vérité du corps, du désir, du vivant.

Alors oui, c’est du vécu — mais c’est aussi une façon de dire que je veux continuer à vivre comme ça : fort, vrai, amoureux… et, si possible, mourir ainsi.

JustMusic.fr : Tu reprends aussi « I will always love you » de Whitney Houston — une chanson culte et vocale. Qu’est-ce qu’elle représente pour toi, et comment as-tu voulu la réinterpréter ?

Antoine Wend : Oui, « I will always love you » est une chanson que tout le monde connaît, je crois. Moi, je l’ai toujours entendue dans la version de Whitney Houston, depuis que je suis enfant. Et évidemment, j’adore Whitney. J’ai grandi avec ces grandes voix : Whitney Houston, Céline Dion, Adele, Sia… Ce sont mes idoles, mes repères vocaux.

Mais il y a environ six ans, j’ai découvert que cette chanson, à l’origine, avait été écrite et interprétée par Dolly Parton. Et je me souviens très bien du moment où j’ai entendu sa version — un live qu’elle avait donné à la télé, que j’avais trouvé sur YouTube. Elle y était plus âgée, plus apaisée, plus vraie aussi. Et c’est là que j’ai compris le véritable sens de la chanson.

Les paroles étaient les mêmes, mais la manière dont elle les disait changeait tout. Ce n’était pas un cri d’amour, pas une démonstration comme dans la version de Whitney — que j’adore, évidemment —, mais une déclaration pleine de douceur et de maturité.

Dans la version de Dolly, j’entends une femme qui dit : « Je t’aime, mais je dois partir. Pas parce que je le subis, mais parce que je choisis de le faire. Et malgré tout, je t’aimerai toujours. »
Et je trouve ça d’une beauté incroyable. Ce n’est pas une chanson de rupture triste, c’est une chanson d’amour lucide, pleine de recul. Elle m’a beaucoup aidé à comprendre ce qu’était, pour moi, l’amour adulte : aimer quelqu’un tout en sachant quand il faut se détacher.

Musicalement, j’aime aussi cette simplicité : juste une guitare, une voix. Dolly Parton, c’est la reine de la country, et j’ai toujours eu un vrai attachement à ce style-là. Pour cet EP, je voulais justement une touche plus folk — tout en restant pop —, alors cette chanson s’est imposée naturellement.

Je me suis mis à la guitare en février, et c’était important pour moi d’en faire un vrai instrument d’expression. C’est un peu symbolique : après des années d’écriture, c’est comme si cette reprise bouclait une boucle. C’est elle qui a inspiré, avec mon réalisateur, toute la couleur pop-folk du projet.

Ma version n’a rien à voir avec celle de Whitney Houston, qui est évidemment mythique et spectaculaire. Moi, j’ai voulu rendre hommage à Dolly — à son émotion, à sa sincérité. J’ai voulu garder cette fragilité, cette épure : juste ma voix, une guitare, quelques nappes discrètes, et beaucoup de silence entre les mots.

Et cette chanson prend encore plus de sens pour moi, parce que je vais la chanter à La Boule Noire, tout seul, guitare-voix. Ce sera la première fois que je m’accompagnerai seul sur scène.
Je t’avoue que j’ai un peu peur — je ne joue de la guitare que depuis neuf mois — mais c’est aussi ce qui rend ce moment spécial.

C’est un vrai défi, mais je trouve beau que ce premier pas se fasse avec « I will always love you ». Une chanson sur l’amour, le courage, la liberté — et, finalement, sur le fait d’oser se montrer tel qu’on est.

JustMusic.fr : Sur la pochette de « Jamais assez », tu apparais nu — un geste fort et symbolique. Quelle a été ta réflexion derrière cette image ?

Antoine Wend : Cette pochette, j’y pense depuis longtemps.
Plus j’avançais dans la création des chansons, plus j’avais cette envie qu’elle soit vraie, brute, sans filtre. Parce que mes trois lignes directrices sur ce projet, c’est l’authenticité, la voix, et le fun — cette liberté instinctive que j’assume de plus en plus. Et cette image, elle réunit ces trois choses.

Cette année, j’avais besoin de me mettre à nu — vraiment.
Parce que dans cet EP, je me suis livré comme jamais auparavant. Alors je voulais que ça se voie aussi visuellement, sans métaphore, sans détour. Pas juste « je me dévoile intérieurement » — non, littéralement. J’avais envie de le faire parce que ça me plaît, parce que ça me fait du bien, parce que ça me rend fier.

Je ne voulais pas que ce soit une démarche pseudo-intellectuelle, du genre « je me dépouille de mes artifices pour montrer ma vérité ». Évidemment, il y a de ça, mais surtout, il y a un vrai besoin de dire :
« Je suis fier de qui je suis. Fier de mon corps, aujourd’hui, demain, et jusqu’à la fin. »

Et puis, on ne voit pas tant de corps que ça, finalement. Ou alors, quand on en voit, ils sont souvent sexualisés, filtrés, dramatisés. Moi, je voulais juste montrer un corps vivant.
Un corps, c’est ce qui nous permet de marcher, d’aimer, de jouir, de respirer, de danser, de créer, de vivre. Il n’y a rien de plus beau ni de plus simple que ça. Et je ne vois pas pourquoi on devrait le cacher.

Je comprends d’où vient cette pudeur — des cultures, des religions, des habitudes sociales — mais j’ai envie de bousculer ça. De questionner ces réflexes. De dire : « Regardez, ça, c’est moi. Et c’est OK. »

Et oui, j’avais peur. Vraiment.
Poser nu, tourner une pochette comme ça, c’est hyper intimidant. Il y avait toute une équipe autour, des regards, des doutes… Mais au final, je me suis dit : si j’ai osé, si les gens autour de moi ont compris le sens de ce geste, et si je me sens fier aujourd’hui, c’est que j’ai bien fait.

Ce shooting m’a fait grandir. Il m’a libéré de certaines peurs, de certains blocages.
Et au-delà de l’image, c’est le processus qui m’a transformé.

Pour moi, cette pochette, c’est à la fois un geste artistique, un geste humain, et une déclaration d’amour au corps — au vivant.
Parce qu’on en a tous un.
Et c’est une chance incroyable.

JustMusic.fr : Tu explores le rapport au corps et à la vulnérabilité, notamment dans le clip. Tu dirais que cet EP t’a aidé à te réconcilier avec ton image ?

Antoine Wend : Oui, complètement. Ce rapport au corps et à la vulnérabilité, c’est quelque chose qui me fascine depuis longtemps. Et justement, ce mot — vulnérabilité —, je l’ai redécouvert à travers mes amis étrangers. En anglais, vulnerability, c’est un mot plein de beauté, de douceur, de vérité. Alors qu’en français, j’ai souvent entendu vulnérablecomme quelque chose de négatif, presque synonyme de faible.

J’ai appris à l’aimer dans sa version anglaise, dans son vrai sens : être vulnérable, c’est être ouvert, sincère, vivant. Et c’est exactement ce que j’ai voulu explorer à travers les chansons de cet EP, mais aussi dans le clip.

Dans le clip, je suis nu sur un cheval. C’est une image forte, évidemment, mais au-delà du choc visuel, c’est une métaphore. Je voulais montrer cette idée d’un corps totalement exposé, sans armure. Nu, donc vulnérable. Et crois-moi, sur le tournage, la vulnérabilité était très réelle (rires). Quand tu descends d’un cheval tout nu, il faut reculer pour pas te faire écraser le pied par une bête de 500 kilos, pendant que la costumière accourt avec un peignoir et des tongs pour te couvrir… Il y avait quelque chose d’à la fois absurde et profondément humain là-dedans.

Mais c’est ça que je voulais : cette rencontre entre la fragilité et la puissance. Le cheval, c’est la force brute, l’instinct, la nature. Moi, nu dessus, c’est l’humain, vulnérable, sans défense. Et entre nous, il y a cette confiance, cette osmose. Dans le clip, il y a aussi un autre personnage, plus mystique, presque menaçant, qui incarne une forme de pouvoir, de contrôle — cette force qui essaie de dompter, de rivaliser. Et au fond, tout le clip repose sur cet équilibre entre force et fragilité, domination et abandon.

Je crois que ce tournage, comme tout le projet, m’a vraiment réconcilié avec mon corps.
Parce que cette année, j’avais quatre grands défis personnels :
— apprendre la guitare,
— sortir un nouveau projet,
— faire un concert dans une grande salle parisienne,
— et me remettre au sport, pour retrouver un vrai lien avec mon corps.

Je voulais l’apprivoiser, le comprendre, l’écouter. Et à travers ce travail — musical, visuel, physique —, j’ai appris à ne plus me juger, à accepter ce que je suis.

Cet EP, ce clip, cette pochette, tout ça, c’est le reflet de cette démarche-là : une volonté d’être honnête, d’assumer, de célébrer la vulnérabilité comme une force. Parce qu’au fond, être vulnérable, c’est ce qu’il y a de plus courageux.

JustMusic.fr : Est-ce que « se montrer sans filtre » est devenu une forme de libération artistique pour toi ?

Antoine Wend : Oui, clairement. Se montrer sans filtre, c’est quelque chose que je cherche depuis mes tout débuts — même avant mon premier EP, quand j’écrivais encore en anglais. Ça a toujours été une ligne directrice : être vrai, sans artifice, sans calcul.

Je crois qu’aujourd’hui, j’y arrive mieux. Peut-être parce que j’ose davantage, ou simplement parce que je suis plus en phase avec moi-même. Et c’est une super sensation. C’est une forme de libération, oui — à la fois artistique et personnelle. Parce qu’en osant être totalement moi dans ma musique, je m’autorise à l’être aussi dans ma vie.

Je n’ai jamais voulu créer un personnage pour exister artistiquement. Ce qu’on voit sur scène, ce qu’on entend dans mes chansons, c’est juste moi. Avec mes forces, mes failles, mes contradictions. Et ça fait du bien de pouvoir le dire, de pouvoir le montrer.

Ce qui est beau aussi, c’est que les gens qui me connaissent, mes proches, voient la cohérence entre la personne qu’ils côtoient au quotidien et l’artiste que je deviens. Ils me disent souvent : « En fait, c’est toi, pour de vrai. » Et ça, ça me touche énormément.

Alors oui, c’est libérateur.
Parce que ça me réconcilie avec mon image, avec ma vérité. Parce que ça enlève le masque, même symboliquement. Et parce que ça confirme que je suis aligné — dans ma vie, dans ma tête, dans ma musique.

C’est pas juste une posture artistique, c’est un état d’esprit.
Et aujourd’hui, je sens que je suis exactement là où je dois être, droit dans mes bottes, sur le chemin que je veux suivre — humainement comme musicalement.

JustMusic.fr : Tu seras à « La Boule Noire le 28 octobre, ton plus grand concert parisien à ce jour. Que veux-tu que les spectateurs ressentent pendant ce live — de la douceur, de l’énergie, de la vérité ?

Antoine Wend : Oui, mardi prochain, c’est un peu l’aboutissement de cette année — le point culminant des quatre grands défis que je m’étais fixés. On est dans la dernière ligne droite, et je ne vais pas mentir : j’ai très peur. Mais en même temps, depuis les répétitions de la semaine dernière, je suis beaucoup plus serein.

Ça fait des mois — même presque un an — qu’on prépare ce concert. Et là, j’ai enfin vu tout ce travail prendre forme. Mon ami, qui est à la fois bassiste et directeur musical du live, a vraiment compris ma vision. On a retravaillé tous les arrangements ensemble pour créer quelque chose de sincère, d’humain, d’organique.

Ce que je veux que les gens ressentent, c’est pas une émotion unique. Ce n’est pas « je veux qu’ils pleurent » ou « qu’ils dansent ». Ce que je veux, c’est qu’ils ressentent la vérité. Ma vérité.
Parce que chaque chanson raconte une part réelle de moi — mes joies, mes peurs, mes excès, mes doutes, mes folies.

J’aimerais que le public ressente ça : la beauté, mais aussi les failles ; les moments lumineux et les zones d’ombre. Qu’ils sentent qu’il y a un être humain devant eux, pas un artiste qui joue un rôle.

Donc oui, il y aura de la douceur, de l’énergie, mais surtout de l’authenticité. Une expérience humaine, émotionnelle, sensorielle.
Et franchement, j’ai hâte.

J’ai toujours le trac — je crois que c’est bon signe — mais quand je vois ce qu’on a construit avec mon équipe et mes quatre musiciens, je sens que ce concert va être un moment fort.
Un moment vrai.

JustMusic.fr : Tu rejoins la troupe du spectacle « Balavoine, ma bataille », en partenariat avec TF1. Comment s’est faite cette aventure ?

Antoine Wend : Cette aventure est arrivée un peu naturellement, à la suite de ma reprise de « S.O.S. d’un terrien en détresse » à « X-Factor », que j’ai remporté il y a quelques années. Et je suis vraiment heureux que cette chanson me colle à la peau. Pas seulement parce qu’elle a marqué les esprits, mais parce qu’elle a une place très particulière dans mon parcours. C’est un titre que j’aime profondément, avec lequel j’ai un lien émotionnel très fort, et qui a, je crois, touché beaucoup de gens.

Et c’est justement grâce à cette reprise que l’équipe du spectacle « Balavoine, ma bataille » m’a contacté. La production m’a écrit en début d’année en me disant qu’ils avaient repéré mon profil, qu’il y avait quelque chose qui les avait particulièrement interpellés, et qu’ils souhaitaient me voir passer le casting.

Alors évidemment, j’étais super enthousiaste, mais rien n’était acquis. Ils avaient eu un coup de cœur, oui, mais il fallait encore convaincre. Le casting s’est très bien passé, puis ils m’ont demandé d’enregistrer un autre titre de Daniel Balavoine, « Lucie », pour mieux cerner ma voix, mon univers, et voir comment je pouvais m’intégrer dans le projet.

Quelques semaines plus tard, j’ai reçu le coup de fil : j’étais pris.
Et franchement, j’étais trop heureux.

À la base, je ne suis pas spécialement attiré par les comédies musicales, ce n’est pas un format qui me correspond. Mais « Balavoine, ma bataille », c’est autre chose. Ce n’est pas une comédie musicale classique : c’est un vrai spectacle. On chante en notre nom, avec notre identité. Antoine, Aurélien Vivos, Fanny Mandrel, et les autres — on est sept sur scène, et chacun garde sa couleur, sa manière d’interpréter.

J’ai accepté parce que ce projet fait profondément sens pour moi.
Daniel Balavoine, c’est un artiste que j’admire, pour son humanité, son engagement, son intensité. Et puis il y a une cohérence très forte entre ce qu’il défendait et ce que je veux raconter dans ma propre musique.

Mon univers, c’est les mots — M.O.T.S — et les maux — M.A.U.X. Et là, tout se rejoint.
C’est un projet sincère, humain, qui parle de transmission, de vérité, d’émotion.

Je suis très fier d’en faire partie. L’équipe est incroyable, il y a une vraie bienveillance, une vraie énergie. Et artistiquement, ça va exactement dans la direction que je veux suivre aujourd’hui.

JustMusic.fr : Qu’est-ce que représente Daniel Balavoine pour toi, en tant qu’artiste et en tant qu’homme ?

Antoine Wend : Daniel Balavoine, pour moi, c’est d’abord une voix qu’on connaît tous. Il a toujours fait partie du paysage musical français, même avant que je comprenne vraiment ce qu’il chantait. Enfant, je voyais des gens danser, chanter ses titres à pleins poumons, et puis, en grandissant, j’ai découvert l’homme derrière les chansons — celui qui parlait vrai, qui ne jouait pas un rôle.

C’est quelqu’un qui osait. Qui osait s’exprimer, s’engager, déranger parfois. Il parlait avec ses tripes, que ce soit face à des politiques, à des journalistes, ou au public. Il remettait en question les autres, mais aussi lui-même. Et je trouve ça fascinant. Parce que c’est exactement ce que j’aimerais réussir à faire : être sincère, entier, et cohérent entre ce que je chante et ce que je vis.

Il est une vraie source d’inspiration pour moi — pas seulement artistiquement, mais humainement. Pouvoir lui rendre hommage à travers « Balavoine, ma bataille », c’est une grande fierté. Même le titre du spectacle est fort : « Ma bataille », ça résume tout ce qu’il était — le combat, l’engagement, la passion, la révolte.

J’admire sa voix, bien sûr, mais aussi sa liberté. Il chantait d’une manière unique, avec une intensité rare. Ses textes pouvaient paraître étranges ou décalés, mais ils étaient toujours habités, sincères, pleins de sens. Et depuis qu’on répète avec la troupe, on a redécouvert plein de chansons un peu oubliées, et c’est un bonheur de les faire revivre sur scène.

Mais ce que je trouve le plus beau chez lui, c’est qu’il n’avait pas peur de se tromper. Il osait dire, faire, parfois rater — mais il assumait tout. Et c’est ça, pour moi, la marque d’un grand artiste : quelqu’un d’humain avant tout.

Un artiste, c’est un miroir de la société, un échantillon d’humanité. Il observe, il ressent, il traduit le monde à sa manière. Et c’est exactement ce que faisait Daniel Balavoine. C’est pour ça qu’il continue de résonner aujourd’hui — et c’est ce que j’essaie, à mon niveau, de faire aussi.

JustMusic.fr : Interpréter ses chansons sur scène devant le public français, c’est un défi particulier ?

Antoine Wend : Oui, c’est un vrai défi — et pas des moindres. Parce que Daniel Balavoine, il avait une voix incroyable, une puissance et une émotion brutes. C’est super challengeant de reprendre ses chansons, pas seulement d’un point de vue vocal, mais aussi dans les thématiques qu’il abordait.

On a fait notre première à Beauvais le 25 septembre, puis une deuxième à Nice le 19 octobre, et là, j’ai vraiment pris conscience de l’ampleur de son héritage. Dès les premières notes, tu sens la connexion du public. Les gens connaissent les paroles par cœur, ils chantent avec toi, ils t’attendent sur chaque mot, chaque respiration. C’est très émouvant — et en même temps, ça met une pression énorme (rires).

Mais c’est une belle pression. Parce que tu ressens à quel point ces chansons appartiennent aux gens. Elles font partie de leur histoire. Et toi, t’es là pour les leur redonner, à ta manière, avec respect, sincérité et ton propre ressenti.

Le vrai défi, c’est pas d’imiter Balavoine. Ce serait impossible, et ce serait une erreur.
Le défi, c’est de trouver l’équilibre entre l’hommage et l’incarnation : chanter avec ton propre cœur, tout en gardant son énergie, sa fougue, sa vérité.

Balavoine, c’était une force de la nature. Il chantait avec ses tripes, sans tricher, quitte à ce que la voix casse parfois — mais c’est justement ça qui le rendait unique. Cette intensité, cette sincérité absolue.

Alors oui, c’est un défi énorme, mais c’est surtout un immense honneur.
Quand je monte sur scène et que je vois le public réagir, chanter, sourire ou pleurer, je me dis que le plus bel hommage qu’on puisse lui faire, c’est ça : être vrais, vivants, et donner tout, comme lui l’aurait fait.

JustMusic.fr : Est-ce que tu vois un lien entre l’univers de Balavoine et ta propre écriture, qui aborde aussi beaucoup la sincérité et l’émotion ?

Antoine Wend : Je ne sais pas si je peux dire qu’il y a un vrai lien direct entre nos univers, surtout dans l’écriture.
Balavoine avait une plume très imagée, très métaphorique, alors que moi, j’essaie d’être plus frontal, plus brut, plus ancré dans le réel. Je cherche une forme d’authenticité immédiate, là où lui jouait davantage avec les symboles et la poésie.

Mais sur le fond, oui, il y a clairement quelque chose qui nous relie.
Dans les émotions qu’il exprimait, dans les sujets qu’il osait aborder, je me retrouve totalement. Il ne cherchait pas à plaire, il cherchait à dire — et ça, c’est quelque chose que j’admire profondément.

Comme lui, j’ai envie de questionner le monde, de le bousculer un peu. De mettre le doigt là où ça dérange, de regarder les choses telles qu’elles sont — dans leur beauté comme dans leur absurdité. Et surtout, de me demander : pourquoi on accepte certaines choses juste parce qu’elles existent depuis toujours ?

Pour moi, changer, ce n’est pas forcément trouver « la » solution, mais oser essayer autre chose quand quelque chose ne va pas. C’est ce que Balavoine faisait : il posait des questions, il remettait tout en perspective.

C’est d’ailleurs pour ça que mon premier EP s’appelle « Pourquoi je vis ? » — avec le point d’interrogation, qui est essentiel.
C’était ma manière, quelque part, de rendre hommage à « S.O.S. d’un terrien en détresse », et à cette façon qu’il avait de chercher du sens, de douter, de questionner la vie sans forcément trouver de réponse.

Donc non, je ne dirais pas qu’il y a un lien « stylistique » entre nos univers, mais il y a un lien d’intention, de fond, de sincérité.
Balavoine m’inspire par son courage, sa liberté et son humanité. Et c’est exactement cette énergie-là que j’ai envie de transmettre dans ma propre musique.

JustMusic.fr : Après un EP introspectif et un hommage collectif à Balavoine, tu sembles à un moment charnière. Comment tu vois la suite de ton chemin artistique ?

Antoine Wend : Oui, complètement. Cette année a été hyper riche, intense, et très contrastée. Il y a eu des moments magnifiques, des rencontres, des projets fous… mais aussi des passages plus lourds, plus durs émotionnellement. Et tout ça m’a fait grandir. Je crois que je comprends mieux, aujourd’hui, qui je suis en tant qu’artiste.

Mais en même temps, je n’ai pas envie que ce soit le moment charnière.
J’espère en vivre plein d’autres. Je veux continuer à me transformer, à évoluer, à douter, à me remettre en question. Parce que je n’ai pas envie d’un moment où je me dirais : « Ça y est, j’ai trouvé ma version définitive. » J’ai envie que tout reste en mouvement.

Et c’est exactement pour ça que cet EP s’appelle « Jamais assez ».
C’est un état d’esprit, une philosophie. J’ai toujours cette envie d’aller plus loin, de chercher, d’apprendre, de ressentir davantage.

Pour la suite, j’ai surtout envie de rester aligné avec moi-même.
De savoir dire non à ce qui ne me correspond pas, et oui à ce qui fait sens.
Que chaque projet soit cohérent avec ce que je veux défendre — artistiquement et humainement. C’est ce qui m’a poussé à rejoindre « Balavoine, ma bataille », par exemple : parce que ça avait du sens, profondément.

Et puis, évidemment, la suite, c’est la musique. De nouvelles chansons, de nouveaux défis, des scènes, des échanges avec le public. J’ai envie de faire grandir ce lien, en France mais aussi en Lituanie, où tout a vraiment commencé pour moi.

Mon rêve à moyen terme, c’est d’élargir encore ce pont entre mes deux pays de cœur, et pourquoi pas à l’international.
J’adore voyager, parler anglais, découvrir d’autres cultures — et mon grand rêve, que je garde bien vivant, c’est de participer à l’Eurovision.

Que ce soit pour représenter la Lituanie, le pays qui m’a fait confiance le premier, ou la France, mon pays de cœur, peu importe : je veux y aller, et je lâcherai rien.

JustMusic.fr : Et aujourd’hui, si tu devais répondre à la question « Qu’est-ce qui est assez pour toi ? », que dirais-tu ?

Antoine Wend : (Sourire) Franchement, je crois que je ne saurais pas répondre. Et c’est justement pour ça que j’ai voulu appeler cet EP « Jamais assez ». Parce que c’est à la fois beau et épuisant, ce truc-là.

Il y a quelque chose de fascinant dans le fait de ne jamais être complètement comblé. Tu te fixes un objectif, tu l’atteins, tu savoures quelques jours, et tout de suite après, tu te demandes : « Et maintenant ? »
C’est un cycle sans fin. Et je crois que c’est très représentatif de notre époque, de notre génération aussi : on a cette soif permanente d’avancer, d’évoluer, de chercher un nouveau sens.

Mais je ne vois pas ça comme un défaut. Dans le « jamais assez », il y a de la curiosité, du désir, de la vie, de l’énergie. C’est ce qui me garde en mouvement.
J’ai pas envie de rentrer dans les discours du genre : « vous en voulez toujours trop, vous ne savez pas vous contenter. »
Bah non. Moi, j’ai envie de continuer à apprendre, à tomber, à me relever, à me réinventer — jusqu’à la fin.

Alors, qu’est-ce qui est assez pour moi ?
Je crois… rien, et tout à la fois.
Rien, parce que j’aurai toujours envie de plus.
Et tout, parce qu’aujourd’hui, le simple fait d’avoir sorti cet EP, de préparer « La Boule Noire », de vivre tout ça pleinement… bah ça me suffit.

C’est assez, au moins pour maintenant.
Et après ?
Ce sera l’Eurovision, ou un autre rêve, un autre tournant.
Mais je veux qu’il y ait toujours un nouveau « jamais assez » à vivre — jusqu’au bout du chemin.

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