Amoure est de retour avec un nouvel album album « Vertige inversé ». Nous vous conseillons vivement de découvrir ces talentueux artistes que nous suivons depuis leur début.
JustMusic.fr : Nous nous sommes rencontrés en 2019 pour la sortie de votre single « Strasbourg ». Comment ça va depuis tout ce temps ?
Nicolas (Amoure) : Ça va très bien, mieux que jamais à vrai dire ! Plein de choses se sont passées depuis 2019, ce qui peut expliquer le petit silence radio. On a changé de label, on a eu des galères perso, bien sûr la Covid, on a finalement sorti un 1er album et puis la paternité pour deux d’entre nous. Beaucoup de changement, mais honnêtement ça fait du bien, on est reboostés comme jamais.
JustMusic.fr : En effet, vous êtes de retour mais dans une nouvelle maison de disques « Play Two ». Pouvez-vous m’en dire plus sur les changements survenus dans votre groupe ?
Amoure : On a quitté notre ancien label en 2020, c’était une période très flippante pour nous car l’album « Garçons ordinaires » était déjà enregistré, il ne restait qu’à le sortir. On était un peu déboussolés, heureusement on a pu compter sur le soutien de notre manager et notre éditeur qui nous ont aidés à rencontrer « Play Two », et ça a finalement matché. Peu après la sortie de « Garçons ordinaires » Julien (le batteur) est devenu papa, et a dû se mettre en retrait du groupe pour gérer ses projets perso. Avant la sortie de l’album on a décidé de le remplacer en live, c’est donc Paul-François que tu verras derrière la batterie au Supersonic. Et là on intègre un 4ème musicien en live (Paul) qui va jouer tous les synthés du nouvel opus, parce qu’il y en a beaucoup. On n’a pas eu le temps de s’ennuyer !
JustMusic.fr : Quel bilan pouvez-vous me faire de votre premier album « Garçons ordinaires » qui est sorti en 2022 ?
Amoure : Sortir finalement ces titres nous a libérés. On a vécu des trucs de ouf, comme jouer dans des Zénith, sur des plateaux radio ou en premières parties de Claudio Capéo, Kyo… On a pu affirmer un style plus profond et rock qu’avec les 2 premiers EPs je pense, qui restaient très légers. On est très fiers de cet album. Il nous a permis de trouver notre public.
JustMusic.fr : À partir de quand vous êtes-vous dit qu’il fallait s’attaquer au deuxième ?
Amoure : C’est venu naturellement, c’est plutôt un processus continu en réalité, les chansons viennent au fur et à mesure. On ne s’est pas imposé un moment pour composer. Je pense que c’est le meilleur moyen de se mettre une pression et de ne pas se laisser le temps d’être satisfaits des titres. J’aime bien avoir le temps, pouvoir revenir sur un titre quelques mois après… Les démos de « Road trip » ou « Je m’en fous » sont tellement différentes du résultat final. Mais c’est sûr que l’année dernière, au moment où on s’est dit « bon, on a 11 titres, on part en studio » là il a fallu les figer en quelque sorte, leur donner une forme définitive.
JustMusic.fr : Cet opus « Vertige inversé » est disponible depuis le 27 septembre. Comment vous vous sentez, sachant que le deuxième album est toujours très attendu ?
Amoure : On a hâte de voir les réactions des gens, de jouer les titres en live, de les partager avec le public. C’est toujours le meilleur moment. Pas vraiment de pression parce qu’on a traversé pas mal d’épreuves, on est un peu blindés je crois. On sait qu’on a fait de belles choses dont on peut être fier, le reste appartient au public.
JustMusic.fr : Pourquoi l’avoir appelé comme le titre d’une chanson du disque ?
Amoure : Bonne question. Je sais que ça se faisait beaucoup parmi les artistes qu’on écoutait dans les années 2000. Du coup c’est un peu un réflexe, ou une forme d’hommage. Honnêtement on a beaucoup hésité sur quel titre donner à l’album. Mais j’aime beaucoup celui-ci, il est très évocateur je trouve.
JustMusic.fr : J’aimerais maintenant savoir comment sont nés les différents titres, pouvez-vous me les présenter un par un ?
Amoure : « Je m’en fous » : C’est une réponse aux critiques et à la culture des réseaux sociaux. Tout le monde juge, et je trouvais ça bien de juste recentrer le débat sur soi, et l’estime de soi. Se réapproprier son corps, dans une époque qui nous rend si vulnérables à toutes les pressions extérieures.
« Crash test » : Je me suis réveillé un jour avec la sensation grisante d’avoir tourné la page sur pas mal de galères. D’un coup. Quand on a touché le fond on ne peut que remonter. Je me suis senti libéré et j’avais envie de partager ce sentiment de liberté.
« C’est la vie » : C’est un texte plus terre à terre, où je voulais raconter ma vie depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte. J’ai ressenti ce besoin en apprenant que j’allais avoir un enfant, alors que j’étais contre cette idée il y a quelques années. Je me suis demandé pour quelle raison on change à ce point. J’ai réalisé que j’étais en paix avec ces changements, avec mon évolution en tant qu’être humain. Le titre symbolise cet état d’esprit.
« Road trip » : Là c’est du Amoure classique, comme on faisait au début. J’ai toujours écrit des chansons qui parlent de quitter Strasbourg, parce que j’aime cette ville autant que je la déteste (surtout l’hiver, qui dure vraiment 100 jours). J’adore voyager, c’est une des premières raisons pour lesquelles on a fait ce groupe. Et j’adore rouler en voiture en écoutant certaines chansons, qui sont parfaites pour ça. Je me suis dit que ce serait cool d’essayer d’en faire une dans ce mood.
« Vieillir à l’envers » : Au départ je ne l’ai pas écrite pour Amoure, et je l’ai composée avec un autre musicien. Et puis à ce moment-là je traversais une période difficile avec ma copine, et du coup je gardais beaucoup d’affect perso sur ce texte. J’ai eu du mal à m’en séparer, alors on l’a ajouté à l’album. Vieillir, changer sont des thématiques qui me travaillent beaucoup. Parfois j’ai envie de me planquer dans un coin et d’arrêter de respirer pour voir si le temps s’arrête. Ça rejoint un peu « C’est la Vie » et « Vertige Inversé ».
« Roland-Garros » : Celle-ci parle des prises de tête en couple. J’ai poussé les curseurs volontairement, mais c’est vrai que parfois les prises de tête partent loin. Ce qui me tue surtout, c’est la violence des mots dans ces moments-là, quand on a juste envie de faire mal à l’autre. Dans la vie je suis un très mauvais communiquant et je n’ai aucune répartie sous pression. Si c’était vraiment un match de tennis je serais éliminé en 3 manches.
« Helena » : J’ai changé le prénom, mais ça parle d’une amie qui était en couple avec une personne toxique. Je voulais lui faire savoir qu’elle valait mieux que ça, mais encore une fois, je suis un mauvais communiquant et ce que je chante là, je n’ai pas su lui dire. Écrire des chansons me permet d’exprimer toutes ces choses. Je crois avoir quand même progressé sur mes prises de parole et de position. Je suis fier du track et de l’esthétique plus adulte / 80’s qu’on lui a donné en studio, ce qui n’était pas du tout le cas sur la démo.
« La fin de l’hiver » : J’avais toujours eu envie d’essayer un titre juste guitare/voix, mood devant la cheminée. Le texte est plutôt évasif et imagé, mais en gros ça parle de rupture, et de se sentir déboussolé, sans repères.
« Téléphone » : On est aussi sur une chanson post-rupture, mais cette fois-ci plus lumineuse. On s’habitue à tout, ça peut être positif. Un matin on se lève, on a tourné la page, et on se sent bien. Il y a toujours une petite mélancolie, mais on voulait que l’instru de la chanson ne laisse pas de doute sur le côté positif de ce titre. La vie continue.
« Apocalypso » : Pendant le confinement j’ai commencé à m’intéresser à la collapsologie, ou comment le monde tel qu’on le connaît est voué à s’effondrer. Il avait une teneur politique que je n’avais pas assumée à l’époque et j’ai rangé la chanson dans un tiroir. C’est le producteur de l’album qui m’a décomplexé en insistant pour qu’on sorte le titre. J’ai toujours eu peur d’avoir un discours pesant, ça explique mes textes très légers au début. Mais aujourd’hui j’ai envie d’aborder ces sujets.
« Vertige inversé » : Tout est parti de cette expression que j’ai entendue et que j’ai trouvée très parlante. C’est ce que je ressens dès que j’envisage la complexité de la vie, comme une montagne insurmontable jonchée d’obstacles. Ça me renvoie à ma propre fragilité, ça me terrifie. J’en avais déjà parlé sur « KO ». J’ai toujours vu la musique comme un échappatoire à tout ça, et Amoure me permet de garder les pieds sur terre et d’apaiser cette sensation de vertige.
JustMusic.fr : Vous serez en concert à Paris au Supersonic le 30 septembre alors que pouvez-vous ajouter pour donner envie au public de venir vous voir ?
Amoure : À ceux qui veulent passer un bon moment, s’évader de la noirceur ambiante pour quelques instants, on va forcément vous régaler. Le but c’est de partager de l’énergie positive ensemble. Le Supersonic on adore, c’est pas très grand alors ça peut vite être le feu.
JustMusic.fr : Est-ce qu’il y aura d’autres dates ?
Amoure : On sera le 5 octobre à la Manufakture à Strasbourg, et le 13 décembre au Noumatrouff à Mulhouse.
JustMusic.fr : Pour finir, pouvez-vous me donner 3 mots pour décrire l’album « Vertige inversé » ?
Amoure : Doute, Lumière, Liberté.