Vanupié a répondu à toutes nos questions concernant son nouvel album « Dreamtime ». Ce troisième opus est très attendu et nous vous le conseillons !
JustMusic.fr : « Dreamtime » sera disponible le 26 mai, mais avant d’en parler peux-tu me faire un bilan du précédent « Gold » ?
Vanupié : Je mets toujours du temps pour enregistrer un album et j’ai mis 2/3 ans pour « Gold ». Il est sorti en 2018 et je l’ai totalement produit avec Flox, un artiste qui a sa propre carrière en parallèle. On retrouve un featuring avec Harrison Stafford et c’est le premier que j’ai fait sur ma musique. Ce disque a marqué un vrai tournant car j’ai pu faire une grosse tournée sur de grandes scènes, devenir intermittent, acheter mon studio… J’ai été très content de ce succès car je suis un artiste indépendant et ça a été très difficile pendant 15 ans. J’ai commencé dans le métro, j’ai aussi joué dans la rue donc j’ai pu monter mon label pour produire « Dreamtime ». J’ai également produit le premier album de deux artistes, Meylo et Jason Mist.
JustMusic.fr : Après les singles « Dreamtime » et « Get over », tu as dévoilé « Purple light ». Peux-tu me le présenter ?
Vanupié : C’est un des derniers titres que j’ai écrit pour l’album. La plupart du temps, j’écris tous les titres et ensuite je pars en production. J’ai fait écouter tous les morceaux à un ami producteur, Lenox, et il m’a conseillé de tout changer. Je lui ai fait confiance et je suis allé dans une autre direction avec de nouvelles chansons. Je voulais un titre reggae très fort, quelque chose de mélancolique avec de l’espoir. La structure est particulière car la partie de la fin est différente du début, je suis allé chercher des émotions dans ce titre. J’ai travaillé avec une chanteuse que j’aime beaucoup, elle s’appelle Miyoo. C’est aussi une choriste, elle est partie en tournée avec nous et elle a bossé sur tous les titres de l’album.
JustMusic.fr : Le clip a été réalisé par Catia Mota Da Cruz et ce n’est pas la première fois que vous travaillez ensemble…
Vanupié : Elle a un magazine « BlackAttitude » et j’ai toujours aimé son travail qui est moderne et la recherche artistique est incroyable ! Je l’ai rencontrée il y a 6 ans, je suis tombé amoureux et on a eu un enfant ensemble (sourire). C’était logique qu’elle s’occupe de mon image et le premier clip qu’elle a réalisé est celui de « Get over », une chanson que j’ai écrite pour notre fils. J’ai tellement aimé le résultat qu’on est partis en famille pour celui de « Dreamtime » et elle a donc également réalisé ce troisième clip. Elle a eu l’idée de faire jouer une autre personne, chose qui se fait rarement dans mes vidéos, et elle m’a proposé le comédien/danseur Mehdi Baki. J’ai tout de suite accepté car elle ne le savait pas, mais il fait partie de mes meilleurs amis et ça fait des années que j’avais envie de bosser avec lui. Encore une fois, je suis très heureux du résultat qui est plein de sensibilité.
JustMusic.fr : Après ces trois extraits, comment est le reste de l’album ?
Vanupié : Dans tous mes disques, il n’y a pas que du reggae car c’est un vrai mélange de différents styles. Cette fois, j’ai voulu être encore plus proche de mes aspirations. Dans les précédents j’ai beaucoup travaillé avec Flox et c’est lui qui avait choisi les couleurs des chansons, même si nous avions avancé ensemble. Pour « Dreamtime » il n’a bossé que sur trois titres reggae, et pour les autres j’ai travaillé avec d’autres producteurs, dont Ever Mihigo qui a produit « Pookie » d’Aya Nakamura et son ami qui a fait toute la direction artistique de Kimberose. Il y a 3/4 de morceaux reggae, 2 de reggaeton, 2/3 d’électro… C’est un album très éclectique.
JustMusic.fr : Quels sont les thèmes que tu abordes ?
Vanupié : J’aborde toujours les mêmes, l’amour, le partage, la bienveillance, le bien-être… Je me demande comment il faut faire pour être bien dans la vie depuis pas mal de temps. J’essaie d’y répondre dans chaque album, mais je n’ai toujours pas la réponse même si j’ai quelques pistes (sourire).
Je raconte aussi les choses qui me sont arrivées depuis quelques années dans quelques titres.
JustMusic.fr : Parle-moi des featurings ?
Vanupié : On retrouve Mai Lan pour le titre « Dumbo », c’est une artiste largement reconnue mondialement et je ne m’attendais pas à ce qu’elle accepte de chanter avec moi car je suis un petit artiste par rapport à elle (sourire). Elle a vraiment tout donné, elle a même trouvé le titre de la chanson et j’ai adoré bosser avec elle !
Il y a aussi Panic dans « Dreamtime », je l’ai rencontré à Porto lors d’un salon de musique et nous sous sommes tout de suite très bien entendus. Il m’a aidé sur d’autres titres car je cherchais un son des piles. Il m’a présenté plusieurs producteurs et j’ai pu travailler avec celui qui bosse avec Shaggy.
On peut dire qu’il y en a un troisième, c’est Miyoo dont je t’ai parlé tout à l’heure. J’aime tellement sa voix alors j’ai écrit un couplet pour elle sur un titre. Même si elle fait tous les choeurs, je me suis dit qu’on devait l’entendre encore plus. Elle va d’ailleurs bientôt sortir son propre album.
JustMusic.fr : Tu viens de commencer une nouvelle tournée alors comment ça se passe ?
Vanupié : Je suis super content car on chante les nouveaux titres et je suis avec une nouvelle équipe. Avant on était 6 et maintenant on est 4 avec des machines pour retrouver le son électro qu’on a sur l’album. Je trouve que ça change tout et Julien Grenier d’Empire Of Sound est aussi avec nous. Je voulais travailler avec lui depuis des années mais il n’était pas libre. C’est le début d’une nouvelle aventure, je suis super excité et j’ai hâte de jouer demain (sourire) !
JustMusic.fr : Quels souvenirs gardes-tu de tes débuts dans le métro, maintenant que tu joues dans de grandes salles ?
Vanupié : On est à Châtelet et c’est ici que je me produisais (sourire). À chaque fois que je passe ici, je pense à ces moments car je l’ai fait pendant 15 ans ! J’en garde de très bons souvenirs mais aussi de mauvais car c’était quand même très difficile.
Je ne pensais pas que ça allait marcher et que j’allais passer ma vie à jouer dans le métro. J’avais arrêté de chercher des producteurs et je me disais que j’allais vendre mes disques moi-même. Je n’aurais jamais cru vivre ce que je vis aujourd’hui !
Je jouais pendant de nombreuses heures et quand je rentrais chez moi j’étais crevé, j’avais vécu des choses horribles dans la journée comme des agressions, des vols, des altercations avec la police… Je suis content d’être passé par là malgré tout comme ça je ne risque pas de prendre la grosse tête (sourire).
JustMusic.fr : Qu’est-ce qui t’as donné la force de continuer ?
Vanupié : Je n’avais pas trop le choix car je ne sais pas faire grand chose à part jouer de la musique. Je le faisais déjà à 10 ans dans la cour de l’école (sourire). J’étais directeur artistique dans de grosses agences mais j’avais mal au bide tous les jours quand j’allais travailler. Même si c’était difficile de me produire dans le métro, au moins je faisais quelque chose que j’aimais.
Je pense vraiment que je n’aurais pas fait autre chose, même si ça n’avait pas marché pour moi. Je gagnais bien ma vie et je me disais que j’avais le même salaire que si je faisais un autre boulot. Je n’allais pas changer pour un métier qui ne me plaisait pas pour avoir le même salaire. J’appréciais cette liberté mais je t’avoue que je ne souhaite pas y retourner (sourire). Je vais le faire pour la sortie de mon album, mais si je devais le refaire tous les jours ce serait très dur…
JustMusic.fr : As-tu déjà pensé à écrire ton histoire dans un livre qui pourrait inspirer d’autres artistes ?
Vanupié : J’en ai écrit deux, un pour enfant et « Jav » qui s’inspire d’une garde à vue que j’ai vécue. Je suis content de lire l’histoire de Bob Marley car c’est un monument, mais comme ce n’est pas mon cas je pense qu’il n’y a aucune raison d’écrire mon histoire (sourire). Je pense que l’histoire d’un chanteur du métro n’intéresse pas les gens… J’en parlais avec mon attaché de presse et il m’a conseillé de trouver un storytelling différent car c’était passé et assez courant. C’est vrai que tout le monde galère tous les jours pour réussir et je suis sûr que si je cherche dans ton histoire ou dans celles d’autres personnes, il y aura des trucs aussi intéressants que chez moi. Ecrire sur l’enfermement c’était un vrai sujet, mais sur moi je préfèrerais que ce soit quelqu’un d’autre qui le fasse.
JustMusic.fr : Quels sont tes coups de cœur musicaux du moment ?
Vanupié : Je n’arrête pas d’écouter « Tiki taka » de Vacra et j’ai découvert un artiste qui mélange la soul et la musique urbaine qui s’appelle Col3trane. J’ai des coups de cœur assez souvent et quand j’aime un son, je l’écoute jusqu’à en être écoeuré (sourire). Ça peut aller de Billie Eilish à David en passant par de la musique classique ou encore des choses comme Skrillex. On peut le ressentir sur ma musique car il y a de tout, ce n’est pas que du reggae.
JustMusic.fr : Pout terminer, peux-tu me donner trois mots pour décrire ce nouvel album ?
Vanupié : Bienveillance, aboutissement et commencement. Je ne pensais jamais sortir du métro et comme je suis monté à la surface, c’est un aboutissement. C’est un démarrage car je me suis rendu compte que je n’étais arrivé nulle part et le début c’est maintenant. J’ai montré que j’étais capable de faire quelque chose de cool et il faut que je puisse transformer l’essai. Avant j’allais dans le métro et je n’avais rien à faire excepté jouer. Maintenant, il y a aussi ce côté administratif et management avec les personnes avec qui je travaille. Ça ne me plaît pas car ce que je préfère c’est jouer. Même écrire, composer et produire sont des choses qui ne m’enchantent pas et si quelqu’un pouvait le faire à ma place ça m’arrangerait (sourire). Mais je dois jouer ma musique devant le public pour apporter quelque chose de différent, sinon j’aurais fait des reprises. Dans la vie, tu es sur la bonne voie quand ça commence à être difficile, en ce moment c’est très dur donc je pense que je suis au bon endroit (sourire). Et bienveillance, parce que c’est la qualité que je préfère mais aussi que je recherche chez les autres. Je dis d’ailleurs dans l’album que si tout le monde était plus sympa, la vie serait plus belle pour tout le monde (sourire).
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