Nous vous conseillons vivement de découvrir le nouvel album de Vanille. Dès la première écoute, « Regarde » vous accompagnera tout l’été.
JustMusic.fr : Peux-tu faire un bilan de ton premier album « Amazona », sorti en 2019 ?
Vanille : C’est un album que j’ai mis du temps à réaliser, car j’ai commencé la musique sur le tard. Je travaillais dans la communication, dans l’événementiel, et j’ai appris la guitare toute seule grâce à YouTube. Ensuite, j’ai dû travailler ma voix, trouver des partenaires… le chemin artistique est long. Quand il est sorti, ça a été une vraie libération, une victoire en soi (rires). Avant même les retombées promo, le titre « Suivre le soleil » est passé en radio. J’étais un peu seule sur ce créneau de bossa nova à la française, de chanson métissée, avec des rythmes inspirés de la cumbia colombienne, des clins d’œil aux blues africains… Ce fil rouge, je l’ai gardé jusqu’à aujourd’hui. Ensuite, la Covid est arrivée et tout s’est arrêté. J’ai quand même pu faire de belles dates (sourire).
JustMusic.fr : Le single « Suivre le soleil » est certifié or et cumule plus de 19 millions de streams. Peux-tu nous dire quelques mots sur ce succès ?
Vanille : Au début, il a eu un petit succès, puis c’est vraiment par la suite qu’il a explosé. C’est 19 millions de streams à l’international, et 40 millions au total, tous supports confondus. À l’été 2024, ça s’est enflammé sur TikTok, tout seul, c’était un peu le truc tombé du ciel (sourire). Des stars internationales ont commencé à se filmer dessus, comme Lizzo et Eva Longoria.
Je pense que tout être humain a un grand besoin de reconnaissance, au-delà de simplement gagner sa vie. Ça fait un moment que je vis de la musique, et c’est déjà une grande fierté. Mais c’est vrai que ce genre de succès t’apporte une reconnaissance supplémentaire, celle dont on a tous besoin. Ça m’a apaisée, donné confiance en moi pour l’avenir, parce que ce métier est incertain… Tous les artistes, même les plus grands, vivent avec le doute.
JustMusic.fr : Ton nouvel album « Regarde » est disponible. Tu l’as intitulé avec un verbe qui invite à observer, à saisir… Quel est le fil conducteur que tu proposes à l’auditeur de regarder ?
Vanille : Le fil conducteur, c’est une invitation à s’ouvrir à l’extérieur. Mon deuxième album, « À part entière », était très introspectif : j’étais enceinte, on était en plein Covid, dans un moment où l’on était tous très repliés sur nous-mêmes.
Ce nouvel opus fait écho au premier. C’est mon essence qui revient, cette envie d’inviter les gens à regarder le beau. On traverse une période assez anxiogène, alors j’avais vraiment envie d’offrir un album solaire. Même si j’y aborde parfois des sujets très personnels, ce sont des choses qui peuvent toucher tout le monde, car on vit un peu tous les mêmes émotions. Alors même si je parle de thèmes profonds, j’essaie toujours de les enrober d’une musique légère — avec, par exemple, l’électro de Synapson qui rend le tout plus dansant qu’avant.
Regarde est sorti avant l’été, parce que je le voulais vraiment comme un disque estival. Je voulais que les gens puissent le streamer pendant cette période (sourire).
JustMusic.fr : Le titre « Ce n’est que de l’eau » revisite un texte de Vinicius de Moraes et Antonio Carlos Jobim, adapté par Pierre Barouh. Comment as-tu trouvé ton propre souffle dans un morceau aussi mythique ?
Vanille : Je suis passionnée de musique brésilienne — j’ai d’ailleurs enregistré mon premier album là-bas. Ce que j’aime dans cette musique, c’est cet équilibre parfait entre la tristesse et la joie.
Je ne prétends pas être légitime pour reprendre une chanson aussi emblématique, mais il y a une histoire et un vrai sens derrière. J’ai toujours mis le Brésil à l’honneur dans ma musique. J’adore l’univers d’Alex, du duo Synapson, et j’avais très envie de collaborer avec lui. On partage cet amour des rythmes latins, des percussions, des sonorités de guitare brésilienne et de cette lumière musicale si particulière.
J’avais vraiment envie d’entendre ce titre produit par lui, alors je lui ai demandé de créer une version dans l’esprit Synapson : une pop solaire, avec des touches électro. Franchement, c’est une chance, car personne n’avait encore proposé une reprise dans ce mood-là. Il y a eu des versions très acoustiques, plus proches de l’originale, mais nous, on a voulu en faire quelque chose de plus électro. Et je suis très heureuse, car ça fonctionne super bien (sourire).
JustMusic.fr : Peux-tu nous parler de tes titres préférés dans « Regarde » ? Pourquoi ceux-là, et quels souvenirs, émotions ou messages leur sont associés ?
Vanille : J’ai appelé l’album « Regarde » comme la première chanson qui l’ouvre. C’est aussi le premier titre qui est sorti. Il parle d’une histoire d’amour qui dure, un peu à contrecourant de ce qu’on vit aujourd’hui. On est à l’ère du zapping, du swipe, et dès qu’il y a un problème, on se quitte. Moi, je suis en train de vivre un amour qui dure, et c’est la première fois que ça m’arrive. J’ai eu envie de le raconter et de le mettre à l’honneur, même si ça va à contre-courant.
Je pense que le véritable « risque sentimental », c’est de s’engager dans une relation, parce que ça demande de faire une introspection, des concessions, de forcer la communication… Ce sont des choses qui nous font grandir. On a tourné le clip à Cap Corse, là d’où venait ma grand-mère, qui était ma personne préférée. Elle n’a connu qu’un seul homme dans sa vie — c’était une autre époque — et il y a ce symbole fort. Mes parents se sont aussi mariés à Pino, là-bas. Le clip a été réalisé par Sonia Sieff, une grande photographe, donc il y avait aussi tout un travail d’image très fort autour de ce titre.
Ensuite, je pense à « Balance », un duo avec Flavia Coelho. C’est vraiment une ode à l’instant présent. J’ai voulu enlever un peu de mélancolie, parce que mes chansons sont souvent un mélange de joie et de nostalgie. Là, même si c’est écrit sur des accords mineurs, j’ai essayé, par le texte, l’énergie et l’interprétation vocale, de garder une vibe positive, une vraie invitation à s’ancrer dans le présent. C’est aussi pour ça que j’ai fait appel à Flavia : en live, c’est une bombe ! Elle s’ancre totalement dans le moment, elle danse, elle se connecte aux gens. J’ai envie que les gens se lâchent pendant 2 minutes 45 et profitent à fond (sourire).
« Ce n’est que de l’eau », on en a déjà parlé…
Je terminerais avec « Liens du cœur », la dernière chanson de l’album. Elle s’adresse à mon compagnon, qui élève mon fils alors qu’il n’est pas son père biologique. C’est une chanson sur la transmission, sur les familles recomposées. Et comme c’est devenu quelque chose d’assez courant aujourd’hui, j’ai l’espoir que ça parlera à beaucoup de monde.
JustMusic.fr : Comment te prépares-tu à monter sur scène à La Boule Noire le 19 novembre prochain ? As-tu des rituels, des objets ou des gestes qui t’accompagnent toujours avant un concert ?
Vanille : Je respire beaucoup, parce que j’essaie de me concentrer le moins possible sur le trac — même s’il est toujours là. Le live, c’est un immense bonheur, parce qu’on fait ce métier pour ça : pour se connecter avec le public, pour réussir à s’ancrer dans le présent. On pense tout le temps à mille choses, et le concert permet justement de tout couper, d’être là, pleinement, à l’instant T. C’est ça qui me fait vibrer !
Vanille : Je vais être bien aidée, car j’ai justement une production un peu plus électro grâce à Synapson, donc le côté dansant sera plus présent. Ce que je propose aujourd’hui, c’est quelque chose d’hybride : un mélange de plusieurs univers où se croisent la douceur, la profondeur des textes, et désormais une vraie énergie rythmée avec cette touche électro.
Je dirais que dans ma voix, il y aura toujours cette douceur, mais dans mon corps, il y aura la pulsion, la danse, l’énergie que ces nouveaux arrangements appellent (sourire).
JustMusic.fr : Tu me disais plus tôt que tu avais commencé dans la communication avant de te lancer dans la musique. Dans une interview, tu confiais : « Mon père m’a conseillé de ne pas faire de musique ! » Peux-tu revenir sur ce conseil et ce que tu en as compris, en tant qu’artiste ?
Vanille : Il était assez inquiet, parce que je suis sa fille, et il se disait qu’on allait toujours me ramener à lui, en m’appelant « la fille de… ». Il a aussi connu une époque où les disques se vendaient comme des petits pains, où il y avait moins de concurrence.
Aujourd’hui, on sait à quel point c’est difficile — même si tous les métiers sont devenus compliqués — mais dans la musique, les places sont de plus en plus chères. Il avait peur que je souffre de tout ça. Mais une fois qu’on est « piqué », qu’on a cette envie viscérale, cette passion, et qu’on est guidé par l’écriture… on ne peut plus faire marche arrière (rires). Quand il a vu que j’étais lancée, il m’a soutenue, tout en me rappelant que ce serait un parcours semé d’embûches. Et il avait raison : il a fallu que je persévère énormément pour en arriver là.
JustMusic.fr : Que pense-t-il de ton album ? Et toi, du sien, Une vie ?
Vanille : Il m’a appelée avant-hier, après avoir écouté mon album en entier. Il m’a dit qu’il le trouvait très fluide, qu’il s’écoutait bien, et il m’a félicitée. Je pense qu’il l’aime vraiment, notamment parce qu’il trouve les arrangements électro très efficaces.
Et moi, j’ai beaucoup aimé son disque, bien sûr pour la beauté des chansons, mais aussi pour les arrangements de Benjamin Biolay. Il a un talent exceptionnel en tant qu’arrangeur et producteur. Je trouve qu’il a réussi à faire un Julien Clerc vraiment intemporel. On partage avec Biolay un goût commun pour les guitares aux accents latins — lui a toute une histoire avec l’Argentine, qu’on entend dans Une vie, et ça me touche particulièrement.
JustMusic.fr : Que va-t-il se passer pour toi cet été ?
Vanille : J’ai quelques concerts de chauffe : à Vincennes le 17 juillet, à l’île de Ré le 28 juillet, et près de Saint-Tropez le 7 août. J’ai également une tournée qui est en train de se monter pour l’automne, à partir de septembre, dans toute la France. Ces premières dates vont me permettre de rôder le live et de préparer au mieux cette tournée.
JustMusic.fr : Pour conclure, as-tu un message à adresser au public ?
Vanille : Oui… C’est ce que raconte un peu cette chanson qui me fait vivre aujourd’hui : la lumière existe partout, même dans l’ombre. Il faut s’attacher à la trouver — et je pense que c’est le travail d’une vie (sourire).