Tina Arena a une nouvelle fois pris le temps de répondre à toutes nos questions lors de son passage à Paris. Elle est de retour avec un nouvel album « Love saves » que nous vous conseillons vivement !
JustMusic.fr : Nous nous étions rencontrés en 2018 pour ton album « Quand tout recommence ». Peux-tu me faire un petit bilan de ce disque qui était entièrement en français ?
Tina Arena : J’ai travaillé avec beaucoup de personnes et elles ont été nombreuses à donner leur avis. Cette expérience a été une lutte mais en même temps une très belle leçon pour apprendre à croire en moi et à faire les choses seule. C’est donc ce que j’ai fait… J’ai adoré les gens que j’ai côtoyés pour cet album et les textes étaient particulièrement beaux, mais je trouve que les singles n’ont pas été les meilleurs pour représenter ce que j’étais à cette période. Je n’aime pas qu’on me dicte ce que j’ai à faire et je trouve cela injuste. Par la suite, je ne voulais plus faire de disque car je sentais que je régressais… Cependant, j’ai toujours cherché du positif dans les choses négatives que je vivais. Toutes les expériences nous montrent ce que l’on aime et ce que l’on déteste. J’ai donc pris le temps de réfléchir.
JustMusic.fr : Tu es de retour avec un magnifique album « Love saves ». Pourquoi ce titre et de quoi l’amour t’a sauvée ?
Tina Arena : L’amour m’a sauvée du désespoir et particulièrement depuis que le monde va de plus en plus mal… Il y a plein de choses qui n’allaient plus chez moi dans ma vie personnelle et professionnelle. Je suis partie en voyage pour me retrouver et prendre le temps de m’occuper de ma santé mentale. Cela m’a donné l’opportunité de comprendre mes points faibles et plein de choses. Cet album a été très curatif pour moi et il a été comme une thérapie. J’ai évoqué tout ce que j’avais en moi, toutes les questions que je me posais, toutes les observations, les espoirs… j’ai écrit sur tout ça. Ce travail m’a aidée à me réconcilier avec moi-même. C’était un travail de guérison pour moi et si je ne l’avais pas fait, je pense vraiment que j’aurais tout arrêté. Je ne suis pas une personne qui a peur de changer sa vie car j’ai toujours été une aventurière et j’aime prendre des risques. C’est vrai que j’avais peur d’en arriver là, mais je savais que j’aurais toujours des choses à apprendre dans la vie.
JustMusic.fr : Tu as confié à propos de l’album que c’était la première fois que tu t’es sentie réellement libérée sur le plan créatif et sur le plan musical. Que tu ne ferais plus de compromis et que tu n’aurais plus peur de ton expression artistique. Quels sont les compromis que tu as faits dans le passé ?
Tina Arena : Quand tu collabores avec une grande maison de disques, tous les intervenants sont importants pour se construire une carrière. J’ai eu la chance de travailler avec des personnes fantastiques mais aujourd’hui ce n’est plus comme avant… Je ne voyais plus l’intérêt de faire partie de tout ça car je ne retrouvais plus mes valeurs. Je ne m’identifiais plus à ce bizness et c’est uniquement la musique qui me guidait. Je ne souhaitais plus travailler avec ce système que je trouve archaïque et j’ai eu le courage de m’éloigner pour pouvoir avancer. J’ai choisi ma liberté quel qu’en soit le prix et j’en suis très heureuse car je me sens beaucoup mieux ! Mon indépendance et ma créativité n’avaient pas de prix.
JustMusic.fr : Tu as enregistré ce disque en 2021 en Suède et en Australie avec la participation de musiciens talentueux comme Andy Taylor de Duran Duran et Matthias Lindblom à la production. Comment ça s’est passé ?
Tina Arena : Je travaille avec Matthias depuis de nombreuses années et nous sommes d’excellents amis. Il me comprend totalement, notre relation est vraiment parfaite car je me sens en confiance à ses côtés et je sais qu’il ne me jugera jamais, ni ne me dira ce que je dois faire. Nous nous respectons mutuellement.
Matthias m’a présenté Andy car même si j’avais déjà rencontré le groupe, il l’avait déjà quitté à ce moment-là. Ils avaient déjà travaillé ensemble et Andy venait de guérir d’un cancer. Il aimait beaucoup ce que je faisais et il m’a proposé de faire des chansons avec lui.
J’ai eu la chance d’avoir des musiciens très talentueux pour l’enregistrement de ce nouvel album, dont un jeune pianiste que j’ai rencontré lorsque j’interprétais « Evita » en 2018. Une très belle connexion s’est faite entre nous et les premières chansons ont été écrites en Suède. Nous étions devant un piano avec un bout de papier et un crayon (sourire). Nous avons écrit 4 titres en 5 jours : « Church », « Danser sur la glace », « Mother to a child » et « House ». C’était une très belle expérience, tout s’est fait organiquement et après ça je ne voulais plus travailler avec des machines. J’étais arrivée au bout de mes limites et c’était super important pour me réconcilier avec l’art. C’était très libérateur !
JustMusic.fr : Tu as adapté trois titres en français, pourquoi ceux-là et pas d’autres ?
Tina Arena : C’est instinctif pour moi car je me demandais ce que je pouvais traduire sans perdre le sentiment du texte de la chanson. Les thèmes de ces trois titres sont tellement universels que c’était évident. J’ai choisi de collaborer avec François Welgryn que j’ai connu lors de l’album « Quand tout recommence ». Nous sommes devenus de très bons amis et je souhaitais vraiment retravailler avec lui. Je ne voulais pas refaire un autre album tout en français, car j’avais besoin de revenir à mes racines, de me reconnecter. Il fallait aussi que les Français connaissent un peu mon histoire, je ne suis pas française, j’ai juste vécu une très belle aventure ici. Il n’y avait aucun intérêt pour moi de faire un disque en français juste pour en faire un. Je voulais juste adapter ces trois chansons, pas plus.
JustMusic.fr : On retrouve donc un titre en français « Danser sur la glace », l’adaptation de « Dancing on thin ice ». Pourquoi as-tu voulu parler de relation amoureuse avec de la danse et de la glace ?
Tina Arena : Parce que les relations amoureuses sont très fragiles et je pense que ces trois dernières années ont été un réel test pour les couples. De voir s’ils pouvaient passer du temps ensemble ou pas. Je pense qu’on peut voir le vrai visage d’une personne lors des moments de détresse. C’est également là que tu vois quels sont tes vrais amis. Cette chanson a un sens très profond et je pense que beaucoup de personnes ont déjà vécu ce dont je parle. Je n’ai cependant jamais perdu confiance en l’espoir car c’est très important.
JustMusic.fr : Il y a une très belle chanson « Mother to a child », quel type de mère es-tu avec ton fils ?
Tina Arena : Je suis très honnête et très protectrice comme toutes les mères. Les enfants grandissent dans un monde d’une extrême violence, avec beaucoup de narcissisme, d’égoïsme et nous n’avons plus vraiment de réel contact avec eux.
Cette chanson était une façon pour moi de lui dire que je l’aime quoi qu’il arrive. C’est mon unique enfant, il va avoir 18 ans et c’est le plus grand amour de ma vie ! Voir évoluer son enfant et qu’il devienne un homme est très brutal pour une mère. Il y a un deuil qu’on doit vivre difficilement, alors la seule manière pour m’exprimer était de lui écrire une chanson. C’était très difficile et j’ai beaucoup pleuré… Matthias me demandait si j’allais bien, ce n’était pas le cas mais c’était quelque chose que je devais faire. Il fallait que je m’exprime de cette manière et si vous écoutez jusqu’au bout, vous verrez qu’il y a beaucoup d’espoir dans ce morceau. La société appâte les enfants pour tenter de les séduire, soit ils restent droits, soit ils passent par des chemins difficiles. Ils se construisent à leur manière, mais apparemment ils reviennent toujours vers nous. J’attends de voir ça (rires). Mon fils est quelqu’un de bien et nous arrivons à bien communiquer tous les deux. Il faut réussir à parler avec ses enfants mais sans intermédiaires, uniquement eux et vous.
JustMusic.fr : A qui t’adresses-tu quand tu dis « Dared to love you first » ?
Tina Arena : A l’homme qui partage ma vie actuellement et j’ai écrit cette chanson pour lui. Même quand tu as la cinquantaine il est possible de retrouver l’amour et c’est quelque chose de magnifique ! C’est pour ça que je dis que l’amour m’a sauvée car l’amour a la capacité de sauver tout le monde ! Que ce soit l’amour d’une personne, l’amour pour une passion… ça nous sauve toujours. Certains ne seront peut-être pas d’accord, mais je m’en fiche car moi j’y crois ! Nous sommes polluer par trop de choses, les médias, les réseaux sociaux… Moi je ne veux pas de ça, je ne regarde pas la TV car je ne veux pas polluer mon esprit.
JustMusic.fr : Tu as participé à la cinquième saison de « Mask singer » sur TF1. Tout de suite le public a reconnu ta voix. Ça te fait quoi de voir que tu as marqué autant les Français ?
Tina Arena : C’est bizarre (sourire). C’est vraiment incroyable car je suis une personne très simple et je me moque du star system. J’ai grandi dans cette industrie car j’ai commencé très tôt, et ça me surprend toujours que le public ait tant d’affection pour moi. C’est un vrai cadeau et c’est un grand privilège. J’ai beaucoup travaillé et j’ai eu la chance d’avoir fait de belles rencontres. Il faut savoir trouver la balance entre ta vie privée et ta carrière, c’est ça le plus important. L’art est mon expression et mon mantra.
JustMusic.fr : Tu seras en concert à Paris le 16 novembre, à la Salle Pleyel. Quel spectacle nous prépares-tu ?
Tina Arena : Un show fun qui vous permettra de vraiment me connaître… Je sais que c’est long d’attendre 25 ans pour ça (sourire). Je vais vraiment montrer ce que je suis réellement et comme je le sens avec honnêteté et humilité. Si je passe un bon moment, le public en passera un excellent aussi.
JustMusic.fr : Te souviens-tu de ton premier concert à Paris ?
Tina Arena : Non… Ça fait tellement longtemps (sourire). En tout cas, je me souviens de mon concert à l’Olympia car on avait sorti un très bel album live « Vous êtes toujours là ». Mais je suis déçue car j’avais repris « Eleanor Rigby » des Beatles, mais il n’a jamais été enregistré sur disque. Je suis très heureuse de revenir sur une scène parisienne et d’être moi !
JustMusic.fr : Pour conclure, peux-tu me donner trois mots pour décrire ton nouvel album « Love saves » ?
Tina Arena : Réfléchissant, honnête et guérison car il m’a sauvé. Tout ce travail m’a fait retrouver la foi (sourire) !
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