INTERVIEW : Rencontre avec Roxane

Avant son concert au « Café de la Danse » le 27 novembre, Roxane se confie à JustMusic.fr. L’artiste revient sur son écriture intime, sa collaboration avec Paul O’Duffy et la sortie de son premier album prévue pour mars.

JustMusic.fr : Tu décris souvent tes chansons comme des pages de ton journal intime. Qu’est-ce qui te pousse à transformer tes émotions en musique ?

Roxane : J’écris comme un exutoire. Faire sortir ces idées de ma tête, les chanter et les écrire, c’est thérapeutique. Ça me permet de comprendre ce que je vis, parfois de me libérer de certaines pensées, d’en assumer d’autres, de mieux vivre avec… ou de m’en débarrasser. Après avoir écrit, je me sens mieux et je me connais un peu plus.

JustMusic.fr : Ta voix a quelque chose de singulier, à la fois fragile et puissante. Tu te souviens du moment où tu as pris conscience de ce « son Roxane » ?

Roxane : Quand j’avais 6 ou 7 ans, mon institutrice demandait à chaque élève d’apporter un album en classe à la fin de la semaine et d’en parler. Je me rappelle avoir chanté pendant une de ces sessions créatives. C’est elle qui m’a fait prendre conscience que je savais chanter.

JustMusic.fr : Quand tu écris, tu le fais d’abord pour toi ou avec déjà l’idée de partager tes mots avec le public ?

Roxane : J’écris d’abord pour moi. Quand j’ai commencé à écrire, je ne pensais pas partager mes textes avec les autres. Je le faisais pour le côté thérapeutique et créatif, pour me dire que je pouvais chanter mes propres chansons — et peut-être que ce serait encore plus excitant et libérateur que d’interpréter celles des autres. Le partage, sur scène ou sur les réseaux, est venu quelques années après, comme une suite logique.

JustMusic.fr : Tes textes parlent souvent d’amour, de liberté et de vulnérabilité. Est-ce que la musique est une forme de thérapie pour toi ?

Roxane : La musique — et surtout l’écriture — est une véritable thérapie pour moi. Je ne me sentirais pas libre d’exprimer tout ce que j’exprime si ce n’était pas en chanson. Je pense que nos côtés les plus sombres, fous ou moins assumés passent beaucoup mieux, pour nous comme pour les autres, quand on en fait quelque chose de beau, d’artistique.

JustMusic.fr : Comment trouves-tu l’équilibre entre ton côté rêveur et la réalité du métier d’artiste ?

Roxane : Je me concentre sur ce que je vis actuellement, je profite et j’investis pleinement chaque expérience, sans trop penser à l’après ni faire de plans sur la comète. Mon rêve est de continuer à faire ce que j’aime et à progresser — pour ça, je travaille et je m’assure d’être bien entourée.

JustMusic.fr : Ton parcours t’a mené jusqu’à Londres, au studio « Konk », avec Paul O’Duffy. Peux-tu nous raconter cette rencontre digne d’un scénario de film ?

Roxane : J’ai eu la grande chance de travailler avec Paul O’Duffy, qui a coécrit avec Amy Winehouse ou encore John Barry. Il a collaboré avec mes idoles, et aujourd’hui, c’est moi qu’il a écoutée et avec qui il a eu envie de travailler. C’est avec lui que nous avons fait les arrangements de mon album.

JustMusic.fr : Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience en studio, entourée de musiciens anglais et d’arrangements si riches ?

Roxane : Je n’aurais jamais imaginé avoir une telle chance pour un premier album, et en 2025 ! C’était une expérience extraordinaire, hors du temps. Le professionnalisme et l’excellence de ces musiciens m’ont mis des étoiles dans les yeux. Ils me racontaient plein d’anecdotes sur leurs tournées et les artistes internationaux avec qui ils avaient travaillé. C’est très inspirant de voir qu’après tant d’années, ces musiciens sont toujours aussi enthousiastes à l’idée de faire de la musique. Et beau de constater que nous étions tous unis par cette même passion.

JustMusic.fr : Le producteur te compare à des voix comme Etta James ou Laura Nyro. Est-ce que ce genre de référence te parle, ou préfères-tu ne pas te comparer ?

Roxane : J’adore Etta James — je la connaissais de loin, comme beaucoup — mais ce n’est pas une artiste qui m’a consciemment influencée, et Laura Nyro non plus. J’ai un amour pour la soul et la musique des années 60 et 70, donc je comprends cette comparaison, que je prends comme un grand compliment.
Je préfère ne pas me comparer, car quand j’écris et compose, je ne pense pas aux autres mais à mes histoires, à ce que j’ai envie de raconter et à la manière de le faire. Mais toute la musique qui m’a nourrie est quelque part en moi et m’influence d’une manière ou d’une autre.

JustMusic.fr : « Russian blue » est le premier extrait de ton album : que représente cette chanson pour toi ?

Roxane : Cette chanson représente la jeunesse, le premier amour, et aussi mon amour pour l’écriture. Je l’ai écrite à Londres ; elle m’évoque cette ville et ce moment de ma vie où tout me semblait possible — même écrire une chanson pour déclarer mon amour à quelqu’un.

JustMusic.fr : Tu viens de partager la scène avec Louane et tu seras à Angoulême en janvier. Qu’as-tu ressenti en te produisant devant ce public ?

Roxane : C’était extraordinaire de voir autant de personnes rassemblées pour écouter de la musique. Les fans de Louane ont été super enthousiastes ! Ça m’a énormément touchée de voir autant de monde adhérer à ma musique et me donner autant d’énergie et d’amour.

JustMusic.fr : Comment prépares-tu tes lives ? Tu as un rituel avant de monter sur scène ?

Roxane : Je n’ai pas de rituel particulier, à part le trac, qui ne me quitte jamais. Chaque entrée est différente. Sinon, je m’assure simplement de répéter les jours précédant les concerts.

JustMusic.fr : Tes concerts sont très épurés, souvent guitare-voix. C’est une manière pour toi de rester au plus près de ton émotion ?

Roxane : C’est en me produisant guitare-voix que mon propos est le plus juste. Je montre mes chansons telles qu’elles sont nées, dans ma chambre. J’aime être sincère et brute dans mon art. C’est comme ça que je reste au plus près de mon émotion et des histoires que je raconte.

JustMusic.fr : Tu seras en concert au « Café de la Danse » à Paris le 27 novembre prochain. Qu’est-ce que représente cette date pour toi ? Comment imagines-tu cette soirée ?

Roxane : Pour cette date, j’ai envie de montrer l’aboutissement de ces dernières années de live. J’ai envie d’offrir un show, au-delà d’un simple concert. Je veux présenter plusieurs facettes de ma musique, et j’espère que ce sera comme un voyage, où l’on traversera de nombreuses émotions.

JustMusic.fr : Si tu devais résumer ton album à venir en trois mots ?

Roxane : Intemporel, fragilité et puissance.

JustMusic.fr : Quelle émotion aimerais-tu laisser au public quand il écoutera ton disque ?

Roxane : J’aimerais que cet album pousse à se sentir vulnérable et aussi à s’émanciper. Qu’il invite à être indulgent avec soi-même. Je l’ai écrit pour me regarder en face, et j’aimerais qu’il provoque la même chose chez les autres. Ce n’est ni un album « ego boost » ni un album pour se morfondre, mais un entre-deux : un disque qui invite à se regarder dans le miroir.

JustMusic.fr : Et si tu pouvais t’adresser à la Roxane d’il y a quelques années, celle qui chantait dans ce bar londonien… tu lui dirais quoi ?

Roxane : Je rirais avec elle, je pense ! Elle n’a pas du tout vu venir tout ce qui lui est arrivé, mais sans s’en rendre compte, elle l’a bien cherché.

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