INTERVIEW : Rencontre avec Pierre Faa

Pierre Faa vient de sortir son nouvel et très bel album « Kintsugi songs ». Il a répondu à nos questions avec beaucoup de gentillesse.

JustMusic.fr : Tu fais partie du duo « Peppermoon » et tu poursuis également une carrière en solo. Qu’est-ce que t’apportent le groupe et ton statut d’artiste solo ?

Pierre Faa : Le groupe a été un merveilleux début car tout seul je n’étais pas prêt. Je ne savais pas les bonnes tonalités pour ma voix et je faisais toutes les erreurs musicales possibles (sourire). En travaillant avec Iris et les autres artistes, je me suis compris car on trouve sa propre définition grâce aux autres. On s’apprend mutuellement des choses. Peppermoon a été une entrée en matière et c’est devenu un vrai travail.
C’est un apprentissage avec lequel il y a eu un facteur chance et il s’est passé des choses magiques avec Iris. J’ai essayé des chansons avec elle, mais elles ne correspondaient pas avec son timbre et avec ce qu’elle pouvait y apporter. Cela est normal et ça arrive avec tout le monde. Il y a des titres qui n’allaient pas pour le groupe mais pour moi. Le terme d’apprentissage me revient toujours en tête et ça continue encore (sourire).

JustMusic.fr : Ton nouvel album « Kintsugi songs » est disponible depuis le 6 avril. Peux-tu me le présenter ?

Pierre Faa : J’ai travaillé sur ces chansons depuis environ 4 ans et elles ont traversé des épreuves personnelles et collectives. Les titres étaient porteurs de messages de réparation dès le début. Le titre « Kintsugi songs » s’est imposé, comme une sorte de symbole de réparation, de faire quelque chose de beau même quand il y a des fissures.
J’ai travaillé avec Michael Wookey qui est un ami musicien d’origine anglaise, mais qui vit à Paris au bord du canal Saint-Martin. J’arrive avec les bases et on commence à travailler ensemble car il a beaucoup de vrais instruments rares et spéciaux, qu’on peut entendre sur l’album. Quand Jay Alansky l’a écouté il a dit que les sons sont des souvenirs de sons, comme si il y avait de la nostalgie à travers eux. Je suis d’accord avec lui même si ce n’était pas voulu. Quand j’écris, j’essaie de faire en sorte que la chanson ait une utilité pour l’auditeur afin de lui donner un déclic.

JustMusic.fr : Il y a plusieurs références au Japon car tu rencontres un beau succès en Asie que ce soit en groupe ou en solo. Parles-moi de ce lien qui te lie avec l’Asie et le public de là-bas ?

Pierre Faa : Le premier beau livre que je me suis acheté à 12 ans est un très bel ouvrage sur les jardins japonais. Quand j’ai commencé le piano je me suis aperçu que lorsqu’on jouait avec les touches noires il n’y avait jamais de fausses notes. Je jouais donc en gamme pentatonique avant de découvrir qu’il y avait des notes blanches en-dessous (sourire). Je me suis toujours dit que mon ailleurs était vers l’Est même si je n’ai rien contre les autres ailleurs… La vie me ramène toujours là-bas… Je ne me suis jamais perdu en Asie et avant il n’y avait pas de GPS (rires).
Un jour ma mère m’a donné de l’argent pour acheter des CDs variés et j’ai pris « Illustrated musical encyclopedia » de Ryuichi Sakamoto.
Au début de Peppermoon grâce à MySpace nous avons reçu des propositions de licences par un label japonais et tout s’est enchaîné. Ça a beaucoup marché à Taïwan et nos trois albums étaient dans le top 10 ! J’ai encore les captures d’écran pour ne pas passer pour un mytho (rires).

JustMusic.fr : Tu vas d’ailleurs retourner chanter en Corée en mai. Est-ce qu’il y aura des dates en France ?

Pierre Faa : Je suis terrorisé (sourire)… En théorie ça va le faire mais il y a un petit souci de visa.
J’aime surtout le travail de l’enregistrement et j’ai toujours l’impression que c’est moins bien de faire de la scène. J’ai du mal avec cet exercice et je pense que je n’ai jamais été motivé par les applaudissements. Je préfère recevoir les mots d’une personne qui me dit qu’elle a été touchée par le texte par exemple.
Il y a une opposition entre la création et la répétition. J’adore créer et le niveau de plaisir n’est pas le même.

JustMusic.fr : Ton prochain album est prévu pour cet automne et il sera entièrement instrumental. Pourquoi cette envie ?

Pierre Faa : J’ai toujours fait des chansons instrumentales dans mes albums et j’ai réalisé que j’avais peut-être un intérêt artistique à les regrouper pour en faire un album entier. J’ai très rapidement réuni une quinzaine de morceaux à base de piano mais pas exclusivement. Ce sera sûrement le premier opus d’une série.
Je fais aussi des chansons pour d’autres interprètes, comme pour la chanteuse Clémentine qui est une star au Japon.

JustMusic.fr : Qu’est-ce que tu aimerais encore réaliser ?

Pierre Faa : J’ai eu de la chance car j’ai collaboré avec plusieurs chanteuses. Un seul garçon a chanté mes chansons et c’était Mathieu Johann. J’aurais adoré que ça marche plus pour lui car ça m’aurait fait plaisir d’avoir un interprète mec (sourire).

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