Philippine est de retour avec son excellent EP « Cardio drame ». Elle a répondu à nos questions avec une grande gentillesse et beaucoup de sincérité.
JustMusic.fr : Tu as commencé la musique à 4 ans et, à 12 ans, tu as écrit ta première chanson. De quoi parlais-tu ?
Philippine : Elle s’appelait « I can’t understand » et elle parlait de pollution. C’est marrant, parce que j’avais 12 ans et on ne regardait pas la télé chez moi, donc je ne sais pas pourquoi j’ai choisi ce sujet (sourire). Je l’ai même enregistrée, et c’est drôle parce que j’avais une voix très aiguë, de petite fille (rires).
JustMusic.fr : Pourquoi la musique ?
Philippine : On ne m’avait jamais posé cette question, et c’est une bonne question… Il n’y a pas vraiment de « pourquoi », c’était juste une évidence ! J’ai commencé le piano à 4 ans, j’ai commencé à chanter vers 7 ou 8 ans, et j’ai vraiment commencé à le faire professionnellement à 18.
JustMusic.fr : Après quelques singles, tu as chanté en duo avec Gavin James sur le titre « Always », qui a été un énorme tube. Tu l’as retrouvé lors d’un concert au Trabendo, le 27 mars dernier. Peux-tu revenir sur cette belle collaboration ?
Philippine : Je vais me souvenir toute ma vie de cette collaboration, qui a marqué le tout début de ma carrière dans le métier. C’était la première fois que j’étais payée pour chanter. J’ai eu énormément de chance, et Gavin est quelqu’un de très drôle. J’adore ses équipes : ils sont humbles et font de la musique par passion. Je suis vraiment heureuse d’avoir commencé avec eux, car ils ont été mes mentors. Les retrouver au Trabendo a été un bonheur, c’est une petite famille !
JustMusic.fr : Aimerais-tu en refaire ?
Philippine : Complètement, parce que je trouve que c’est magnifique de mêler deux voix. J’aurais pu faire des duos sur « Cardio drame », mais je ne veux pas en faire juste pour en faire. J’ai envie de raconter une vraie histoire, comme ça a été le cas avec Gavin James.
JustMusic.fr : On se voit aujourd’hui pour ton nouvel EP « Cardio drame », disponible depuis le 14 mars. Pourquoi ce titre ?
Philippine : Le premier single était « Cardio », et je voulais garder ce mot, car ce morceau est tellement impactant. Je tenais à ce qu’il laisse son empreinte dans le titre global du projet. Le côté « cardio », le cœur qui bat, mon hyper-réactivité, le fait d’être toujours à 100 %. Mais comme je suis un peu une drama queen, je l’ai appelé comme ça (sourire). Je trouve que ça colle très bien avec la pochette, où je cours en robe de mariée. Il y a une touche d’humour, parce qu’avant, je ne savais pas comment traduire ça en chanson. Je trouve que c’est cool de le faire à travers l’image, notamment les photos.
JustMusic.fr : Peux-tu me présenter les différents titres ?
Philippine : « Train », ça peut évoquer une relation toxique — amoureuse, amicale ou même professionnelle. C’est quand tu tournes une page dans ta vie, que tu veux avancer, que le train ne s’arrête pas… C’est l’image de quelqu’un qui monte dans un train, qui s’assoit, qui avance dans la vie sans jamais revenir en arrière. Il fait moche quand tu montes, et beau quand tu descends. La vie, de toute façon, c’est un train (sourire).
« Tourne tourne » parle de l’hyperactivité, du fait que ça tourne en permanence dans ma tête. J’y ai mis une touche d’humour, et on retrouve dans les refrains des références à « Don’t start now » de Dua Lipa.
« Tard c’est tôt », c’est un peu le côté métro-boulot-dodo. J’ai pensé à toutes les personnes qui bossent non-stop, comme ma cheffe de projet ou mon attaché de presse. On est tous à fond, tout le temps, on ne dort jamais. Il y a une évolution dans cette chanson, parce que j’y parle d’alcool — alors qu’avant, j’avais plutôt l’image de la petite fille sage (sourire). Je dis : « Vide, vide, vite qu’on me resserve… » C’est le week-end, on sort, on s’éclate, on boit un peu, parce que ça fait du bien « d’être en rockstar sur les photos », comme je le dis dans les paroles (sourire).
« On dort » est le morceau que j’ai écrit le plus rapidement. Ma référence, c’est « Seum » d’Eva Queen. Ce titre m’a inspirée, même si j’ai fait l’inverse : j’en ai fait un truc un peu tribal (rires). C’est la seule chanson qui n’est pas autobiographique. J’y parle d’un divorce, d’enfants, de personnes âgées… D’un couple qui se déchire et qui ne sait pas s’il est vraiment arrivé au bout.
« À l’époque » évoque la nostalgie. J’adorerais savoir danser la salsa ou la valse. Malheureusement, on ne voit plus trop ça aujourd’hui, et quand je voyais mes parents danser, je trouvais ça tellement beau ! C’est une petite critique des réseaux sociaux, parce qu’avec nos téléphones, on ne prend même plus le temps de se regarder dans les yeux, de danser ensemble ou de s’envoyer des petits mots comme « Est-ce que tu veux sortir avec moi ? Entoure le oui ou le non » (sourire).
Et enfin, « Cardio », je tenais à ce que ce soit le premier single, car le message est très fort. Il me tenait à cœur, surtout que j’ai tout produit moi-même. Il y a cette émulsion entre la petite fille et la femme que je suis devenue, qui ose ! Je n’ai plus peur de dire non, de montrer une nouvelle facette de moi. J’ai mêlé ça au sport, pour symboliser cette course permanente : les abdos, les squats… On court tout le temps dans la vie, sans jamais s’arrêter. Ça fait deux jours que je fais de la promo, je suis épuisée — mais demain, quand je n’aurai plus rien à faire, je vais être au bout de ma vie (rires).
JustMusic.fr : Pourquoi as-tu voulu tout faire seule cette fois-ci et montrer la nouvelle Philippine ?
Philippine : C’est une bonne question… Le processus a été dur, et parfois je me dis que j’aurais peut-être dû le faire plus tôt. Mais il m’a fallu du temps pour comprendre qui j’étais vraiment. J’ai 27 ans, et j’ai commencé à 18 ans avec Gavin James. Très vite, je me suis retrouvée dans une case confortable, mais à un moment, je me suis dit que j’étais capable de faire les choses seule. J’ai de la chance, car mon label, Play Two, m’a toujours soutenue et écoutée, et j’ai appris à leur faire confiance. Je n’aurais pas pu faire cet EP sans tout ça. Chaque chose arrive en son temps…
Il y a aussi une communauté que j’adore, qui m’a énormément portée et qui m’a permis de créer « Cardio drame ». C’est ma queer family, mes deux meilleurs amis sont incroyables, et ils ont une vision de la vie que j’admire ! Mes sujets de conversation ont changé. J’ai toujours regardé les drag queens, et maintenant, j’en côtoie quelques-unes. Elles me passionnent, elles m’inspirent ! J’ai qu’une envie : sortir un nouveau projet encore plus assumé, avec des messages forts. Je n’ai plus peur de rien, je suis une héroïne grâce à elles (rires).
JustMusic.fr : Comment procèdes-tu pour écrire et composer une chanson ?
Philippine : Avant, je faisais tout au piano-voix, les textes me venaient d’un coup, mais un peu par morceaux. C’était un peu chaotique, mais ça fonctionnait (sourire). Aujourd’hui, j’adore faire des top lines : je commence par la partie instrumentale, puis je m’attaque au texte. C’est ce qui me prend le plus de temps, parce qu’en français, les mots doivent être vraiment bien choisis. Souvent, j’ai la mélodie et la top line, et ensuite je galère pendant quatre jours pour écrire les paroles (sourire).
JustMusic.fr : Quelle est la chanson d’un autre artiste que tu aurais aimé écrire ?
Philippine : C’est une très bonne question, mais il y en a tellement… Déjà, tout l’album « Future nostalgia » de Dua Lipa, « Woman’s world » de Katy Perry, des chansons d’Adele, ou encore « SOS » et « The winner takes it all » d’ABBA.
JustMusic.fr : Tu as participé à Eurovision France avec « Bah non » en 2020. Que penses-tu de la chanson de Louane ?
Philippine : Chaque année, on me demande de faire une vidéo avec mon top 10, et cette fois-ci j’ai galéré, parce que les chansons sont incroyables ! Au début, j’étais un peu mitigée sur celle de Louane, parce qu’aujourd’hui l’Eurovision a un univers musical très spécifique. Mais après avoir tout écouté, je trouve qu’elle a totalement sa place, et je l’aime beaucoup. J’attends de voir les prestations live, mais je sais que Louane va gérer, elle est excellente sur scène !
JustMusic.fr : Tu aimerais reparticiper à l’Eurovision ?
Philippine : Complètement !
Je ne suis pas une artiste aussi confirmée que Slimane ou Louane, mais quand j’ai vu que Loreen y est retournée, j’ai eu envie d’envoyer un message à la personne qui s’occupe de ça pour lui dire que j’aimerais trop le refaire (sourire). C’est un gros challenge, parce qu’il faut du courage pour affronter les critiques, donc je respecte énormément tous ces artistes. Mais c’est une vitrine incroyable, et j’aimerais vraiment y retourner. Ce serait ma revanche (sourire).
JustMusic.fr : Tu as fait la release party de « Cardio drame » dans une salle de boxe. À quand un nouveau concert ?
Philippine : Je viens d’annoncer que je chanterai dans des festivals en août prochain, à Nantes et en Vendée. Si je pouvais en faire le plus possible, je le ferais, parce que j’adore ça ! Je suis d’ailleurs à la recherche d’un tourneur, donc si quelqu’un m’entend… je suis preneuse (rires) !
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