INTERVIEW : Rencontre avec Guillaume Poncelet

Le talentueux Guillaume Poncelet a sorti son premier album « 88 » et il a répondu à toutes nos questions.

JustMusic.fr : Peux-tu m’expliquer le titre de ton premier album ? Pourquoi « 88 » ?

Guillaume Poncelet : C’était une manière assez minimaliste d’évoquer le nombre de touches qu’il y a sur un piano droit. C’est l’instrument que j’ai utilisé pour créer la majorité des titres de l’opus. « 88 » touches, et « 88 » possibilités qui s’offrent à un musicien pour transmettre une harmonie et les différents climats qu’il crée.

JustMusic.fr : Tu as toujours travaillé dans l’ombre des artistes; alors pourquoi t’es-tu enfin décidé à te lancer en solo ?

Guillaume Poncelet : C’est un processus assez violent pour une personne comme moi, qui est plutôt timide (sourire). Ça n’a jamais été naturel pour moi d’occuper le devant de la scène, alors ce projet solo a muri durant des années. Etre seul sur scène est un effort car l’envie de faire découvrir ma musique a été plus forte, alors j’ai décidé de ne plus rester caché derrière les artistes (sourire).

JutsMusic.fr : Ce disque est composé de titres instrumentaux exceptés deux chansons, « Mon terroir » avec Gaël Faye et « Last breath » avec Thomas Azier. Pourquoi ?

Guillaume Poncelet : Les derniers titres de l’album ont été enregistrés en public au Studio Davout avant sa fermeture. Je n’avais pas prévu de les faire figurer sur le disque, mais j’ai trouvé que c’était une manière d’ouvrir une belle fenêtre sur ce qui peut se passer plus tard. Je travaille avec Gaël depuis plus de 10 ans, donc il était naturel pour moi, après tout ce qu’on a vécu, de l’avoir à mes côtés. Nous avons écrit le titre « L’ennui des après-midi sans fin » qu’on retrouve sur son premier album, et ce morceau a été le précurseur de son roman « Petit pays ». Symboliquement, il y a sur mon album la version instrumentale de ce titre qui s’intitule « L’ennui ».

Avec Thomas, on se connaît depuis 3/4 ans et tout de suite j’ai eu de l’admiration pour le personnage. Il est cultivé, curieux et il a une approche d’électronicien très intéressante issue de sa culture germanique mais aussi du classique. C’était très enrichissant de collaborer avec lui car c’est aussi une personne adorable. Avoir mes amis chanteurs autour de moi à Davout était très rassurant. D’ailleurs, le piano de Thomas est dans mon studio car nous sommes en train de bosser sur son prochain album.

JustMusic.fr : Tu as collaboré avec des artistes d’univers différents. Comment fais-tu pour t’adapter à eux ?

Guillaume Poncelet : Ce sont des univers que j’affectionne également et j’essaie toujours de m’adapter avec le coeur. Je ne sais pas si j’ai réussi à chaque fois mais je tente avant tout de comprendre l’artiste. C’est essentiel et drôle d’essayer de voir qui il est en terme d’émotion. Je ne suis pas très bavard mais j’aime sentir les choses en matière d’art. Travailler avec les artistes est une chose que j’adore et je prends beaucoup de plaisir à le faire. Jusqu’à présent, ça s’est bien passé alors tout va bien (sourire).

JustMusic.fr : Dans quelles conditions te mets-tu pour écrire et de quoi t’inspires-tu ?

Guillaume Poncelet : Ça peut partir de choses différentes; pour les collaborations, ce sont des réflexions communes et on se complète. Pour mon album, c’était différent car je me suis retrouvé seul face au piano. Les idées viennent à des moments anodins de la vie et la mélodie n’est pas prédéfinie. Pour le titre « Duty », j’étais dans le bus et j’ai vu une vieille dame qui ramassait des fruits à la fin d’un marché. Je l’ai trouvée digne et élégante dans sa façon de faire. La voir m’a bouleversé et j’ai commencé à imaginer sa vie. Il y a des titres où c’est plus abstrait, comme « Morning roots » qui est né d’une improvisation dans un studio à Pigalle.

JustMusic.fr : Ça doit être difficile de trouver un titre pour une chanson instrumentale. Comment fais-tu ?

Guillaume Poncelet : C’est vrai que c’est difficile et parfois je me dis que je devrais juste leur donner un numéro (rires). Je tiens beaucoup à ce que mes chansons soient reçues par le public de manière libre. Plus on les guide et plus ils se ferment dans quelque chose qui ne correspond pas. J’essaie de respecter cette liberté que je veux donner à l’auditeur. Parfois, j’ai peur d’être ringard mais je réfléchis le mieux possible (sourire).

JustMusic.fr : Est-ce que tu chantes ?

Guillaume Poncelet : Je le fais pour travailler et parfois je fais écouter à mon entourage proche. Sortir cet album en solo a été une grande démarche et je ne suis pas encore prêt à faire écouter ma voix au public. Dans une vingtaine d’années peut-être… (rires).

JustMusic.fr : Que nous réserves-tu pour ton concert au Centquatre à Paris du 13 février prochain ?

Guillaume Poncelet : Il y aura la même équipe que l’on retrouve dans les vidéos que l’on a enregistrées au Studio Davout. Je vais essayer de privilégier les couleurs de l’album, je serai au piano en solo ou en duo. J’ai parfois enregistré l’album à 4 mains, c’est-à-dire en mettant une partie sur une autre afin de monter en intensité. Je serai également accompagné par un quatuor à cordes, un trompettiste, un clarinettiste, et des invités.

JustMusic.fr : Pour terminer, que peux-tu ajouter pour donner envie au public de découvrir ton album ?

Guillaume Poncelet : J’ai envie de dire que j’ai eu envie de donner cette musique comme quand on achète une jolie boîte de chocolats. Une sorte de plaisir égoïste (sourire). C’est un disque qu’on peut écouter seul au casque pour s’extraire de la violence du monde, du bruit… C’est une façon d’avoir une fenêtre ouverte sur un monde plus calme, plus serein, et être propice à la réflexion. J’ai essayé de faire ça et j’espère que ça fera du bien aux gens qui l’écouteront (sourire).

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