La talentueuse DeLaurentis a répondu à toutes nos questions concernant son nouvel EP « Classical variations Vol. 1 ».
JustMusic.fr : Pour commencer, peux-tu te présenter et me raconter ton parcours ?
DeLaurentis : Je m’appelle DeLaurentis, je suis musicienne et productrice. Mon nom d’artiste me vient de ma mère et de mes origines italiennes. Comme je suis très influencée par les musiques de films, il me rappelle aussi le cinéma du producteur italien Dino DeLaurentis qui a bercé mon enfance. Je compose, enregistre et produis ma musique dans mon home studio que j’appelle mon laboratoire. J’ai l’impression d’être une chercheuse qui expérimente la texture sonore entourée de mes machines !
Mon parcours a commencé par le jazz et le conservatoire mais j’ai très vite composé des chansons de manière intuitive sur mes synthés. La M.A.O m’a permis de réaliser tout ce que j’entendais dans ma tête et après avoir expérimenté la scène jazz avec des formations trio, quartet, quintet, j’ai eu envie d’être en solo avec mes machines. Ma démarche est vraiment de faire passer l’émotion de la voix à travers les nouvelles technologies.
JustMusic.fr : Ton père a été pianiste-arrangeur pour Claude Nougaro. Est-ce que c’est lui qui t’a donné le goût de la musique ?
DeLaurentis : J’ai grandi en écoutant mon père jouer dans les clubs de jazz et c’est lui qui m’a appelée « Cécile » comme la patronne des musiciens. Donc comme une évidence, j’ai commencé la musique en chantant des standards à mon tour !
Ensuite vers l’adolescence j’ai découvert la musique électronique dans les raves et plus tard la production par la M.A.O… Logic, Cubase et enfin Ableton Live.
JustMusic.fr : Quels sont les artistes qui t’ont inspirée ?
DeLaurentis : Les artistes pionniers sont des références très importantes pour moi : Laurie Anderson pour son approche des machines, Brian Eno pour avoir révolutionné la musique atmosphérique et Ryuichu Sakamoto pour ses scores de musique de film.
Aujourd’hui, j’écoute beaucoup Max Richter, Olafur Arnalds et la musique expérimentale de Oneohtrix Point Never.
JustMusic.fr : Tu as sorti ton premier EP en 2015 mais tu t’es fait connaître par le grand public en participant à la saison 6 de « The Voice ». Pourquoi as-tu participé à cette émission et qu’est-ce que ça t’a apporté ?
DeLaurentis : En fait, « The Voice » est pour moi une étape et une expérience de plus dans ma vie d’artiste ! J’avais déjà fait beaucoup de scène, j’avais voyagé avec ma musique en Chine, à Cuba, aux Etats-Unis… et quand, après avoir posté une vidéo sur le net, les équipes de « The Voice » m’ont invitée à passer les auditions à l’aveugle, je me suis dit que c’était quelque chose de nouveau que je n’avais pas encore fait ! En effet, arriver dans une arène, dans un silence total devant 900 personnes pour chanter seulement 2 minutes devant 4 fauteuils qui se retourneront peut-être… Ça, c’était un truc à vivre ! Donc ça m’a surtout apporté une énorme montée d’adrénaline et ça fait du bien !
JustMusic.fr : Tu viens de sortir ton nouvel EP « Classical variations Vol. 1 ». Peux-tu m’expliquer le concept ?
DeLaurentis : Tout a commencé en septembre dernier avec l’envie de revisiter le célèbre « Boléro » de Maurice Ravel avec mes machines et plus précisément le « push » d’Ableton Live. J’ai mis cette vidéo sur internet et je ne savais pas trop comment la démarche d’adapter de la musique classique par le biais de la musique électronique allait être perçue. J’ai donc été surprise par les retours très positifs de chacun…
De là est née l’idée d’en faire un EP où je resterais dans le thème des compositeurs français du début 20ème qui ont ouvert une porte dans la musique classique dite française. C’est assez étonnant de voir à quel point leur musique est actuelle et c’est pourquoi je voulais vraiment respecter la partition, tout en lui insufflant ma touche personnelle.
JustMusic.fr : Peux-tu me présenter les 5 titres que tu as choisi de revisiter ?
DeLaurentis : « Gymnopédie N°1 – Cosmic variation » d’Erik Satie : Ce thème m’accompagne depuis très longtemps, il m’apaise, il me reconnecte et j’ai imaginé que, dans la moiteur d’un soir d’été, j’observais au télescope la nébuleuse NGC 7293. C’est ce que je décris dans cette 1ère variation.
DeLaurentis : « Pavane – Love variation » de Gabriel Fauré : Gabriel Fauré avait composé ce thème pour la comtesse Greffulhe comme un portrait musical dédié à sa grâce et à son élégance; il est question d’amour et de temporalité. J’ai donc imaginé la déclaration d’amour qu’il aurait pu lui faire.
DeLaurentis : « Boléro – Push variation » de Ravel : C’est tout simplement un des thèmes les plus connus au monde et je me suis mise au défi de le revisiter à ma manière. J’ai pu y explorer tous les détails et subtilités que Maurice Ravel avait eu le génie d’intégrer à ce thème qui semble tellement évident !
DeLaurentis : « Aquarium – Fantasy variation » de Camille Saint-Saëns : Cette pièce est vraiment fascinante et surprenante. Je pense que beaucoup de compositeurs de musiques de films s’en sont inspirés. On pourrait presque le mettre en B.O. d’Harry Potter ! C’était donc très amusant de le relever et de l’adapter avec mes instruments numériques.
DeLaurentis : « Pavane – Time variation » de Gabriel Fauré : La Time Variation est en fait l’écho lointain de « Love Variation » qui aurait traversé le temps et serait diffusé de nos jours quelque part… À la radio…
JustMusic.fr : Tu es souvent sur scène; alors quelles sont tes prochaines dates ?
DeLaurentis : En ce moment, je prépare un nouveau set live avec de nouvelles chansons et je fais une résidence en avril au Château Ephémère. Elle se clôturera par un concert le 18 avril assez exceptionnel et expérimental car il y aura un système de multidiffusion sur 8 enceintes, 3 vidéoprojecteurs et aussi des drones. Ce sera une véritable expérience sensorielle pour le public et j’ai hâte d’y être.
JustMusic.fr : La nouvelle saison de « The Voice » vient de commencer; alors quels conseils peux-tu donner aux nouveaux talents ?
DeLaurentis : Le plus important c’est d’être dans l’instant, dans les mots qu’on prononce, dans les notes qu’on joue afin d’être le plus sincère possible. Avant une prestation scénique, c’est bien de faire de la respiration, méditation et de canaliser son mental. J’ai remarqué que les soirs où j’oublie de le faire, je suis moins connectée sur scène. Mon conseil est donc de travailler son calme, faire du yoga ou des mantras et la visualisation marche très bien aussi.