AVBE est un jeune artiste très talentueux et il va vous séduire avec son premier EP « Dawn ». Nous tenions à vous le présenter lors de son passage à Paris (il vit à Chicago) et c’est avec une grande générosité qu’il a répondu à toutes nos questions.
JustMusic.fr : Peux-tu te présenter en quelques mots ?
AVBE : Je suis AVBE auteur, compositeur, interprète et je porte ce projet depuis deux ans maintenant. Je suis aussi guitariste, chanteur et compositeur pour des musiques de films.
JustMusic.fr : Tu as commencé le violoncelle à 3 ans, tu sais jouer de la batterie, de la basse, du piano et aussi de la guitare. Pourquoi tous ces instruments ?
AVBE : J’ai eu une immense chance de grandir dans une famille de musiciens, ma mère est harpiste de jazz et mon père est saxophoniste de jazz. Il y avait des instruments partout et à 3 ans, j’ai vu mon frère commencer à s’y mettre donc j’ai eu envie de faire pareil (sourire). Je ne sais pas pourquoi j’ai été très attiré par le violoncelle et naturellement, je me suis mis à jouer aux autres instruments. J’ai commencé sérieusement à jouer de la basse à 10 ans pour avoir le côté électrique que je n’avais pas encore découvert. La guitare est arrivée par la suite et j’ai eu un vrai déclic. J’ai tout appris en autodidacte et je n’ai jamais arrêté depuis, jusqu’à ce que je me mette à la production sur ordinateur ainsi qu’au chant (sourire).
JustMusic.fr : En effet, tu as ensuite joué du jazz, composé des musiques de films… Raconte-moi tes débuts dans la musique de manière professionnelle ?
AVBE : Ce qui est bizarre pour moi, c’est que je n’ai jamais su quand ça a commencé et quand l’amateurisme s’est arrêté (sourire). J’ai commencé les concerts à 5 ans et à 10 ans, je jouais dans des orchestres un peu partout. Je n’étais pas payé mais j’ai toujours pris ça de manière professionnelle vu que mes parents l’étaient. Mais c’est lorsque je suis parti à Chicago à 15 ans que j’ai compris que c’était vraiment un métier, car j’ai commencé à être payé pour des concerts et à enregistrer des choses.
JustMusic.fr : Ton projet AVBE existe donc depuis 2 ans, alors comment est-il né et que signifie ce nom ?
AVBE : Le projet est né un peu comme un nouveau jour fin 2017/début 2018. J’étais encore élève au Conservatoire de Paris et j’ai décidé de tout arrêter afin de me lancer sur mon propre projet. Le nom est venue très naturellement car on était en début d’année, je me levais tôt en plus et je me disais que ce projet me représentait vraiment. C’était une nouvelle page blanche, quelque chose de très intime et de positif. Je venais d’univers plus acoustique, jazz, classique et c’est venu de ma découverte de la musique par ordinateur avec la production. On n’a pas besoin d’aller dans un grand studio pour s’enregistrer car on peut travailler depuis notre chambre. Avec ce premier EP, je dis vraiment qui je suis, où je suis arrivé à ce moment de ma vie.
JustMusic.fr : Ton premier EP « Dawn » sortira le 16 octobre donc peux-tu me présenter les différents titres ?
AVBE : L’EP s’ouvre avec un titre qui s’appelle « Day 0 » qui parle justement du premier jour, c’est une aube dans l’aube. C’est la production que je préfère de l’opus et j’ai ressorti le violoncelle pour l’occasion. Ça faisait longtemps et je suis très fier de ce morceau.
Ensuite c’est « Who I am », un titre très personnel sur l’affirmation de l’identité dans les changements. C’est une production assez minimaliste et il y a un morceau de saxophone que mon père a enregistré pour moi. Il a fait ça d’une seule prise et c’est impressionnant. Tout le monde m’en parle (sourire) ! Le groupe Sens participe également à la production et ils ont apporté une magnifique touche.
Le troisième titre « Dawn », qui est donc le titre de l’EP, est le morceau le plus indie/folk et c’est justement lui qui a inspiré cet opus. Il est vraiment sur cet dualité électro/acoustique qui est pour moi un fil conducteur de l’EP. J’ai eu la chance d’avoir Calypso Valois dans les choeurs et David Paycha à la batterie.
« Where I go » est le titre le plus happy de l’EP avec Sam H, ça dit qu’on y va même si on ne sait pas ce qu’on fait, on ne se prend pas la tête (sourire). J’ai pris beaucoup de plaisir à le faire avec Sam H qui est un chanteur de Chicago qui est très talentueux. Ce sont des amis producteurs que l’on a en commun qui nous ont mis en contact et dès le départ, j’ai aimé sa voix de tête. Je lui ai présenté le thème de la chanson et comme il sortait aussi d’une relation, il a accepté (sourire). Il a écrit le deuxième couplet que je trouve très beau ! Nous avons enregistré à la maison et il m’a laissé carte blanche pour en faire ce que je voulais (sourire).
« Moon » est le titre le plus électro et lunaire de l’EP que je voyais comme un interlude au dernier morceau, mais au final, j’ai voulu mettre un peu de voix dessus. J’ai enregistré une amie en train de chanter et j’ai chopé sa voix à la Petit Biscuit.
On termine avec « Ever, ever more », je le trouve grandiose dans sa production car il est très large dans le son. C’est un peu le miroir de « Dawn » et il laisse une porte ouverte pour la suite. À la fin, on m’entend respirer de soulagement car ça m’a pris beaucoup de temps de faire tout ça (sourire). Ce n’était pas du tout calculé et je voulais dire que ça continue (sourire). Je trouvais que c’était une belle conclusion à l’EP.
JustMusic.fr : Pourquoi ne chantes-tu qu’en anglais ?
AVBE : Je me suis vraiment écouté et j’ai voulu faire ce que je voulais, donc comme j’écoute quasiment que de l’anglais, il était naturel que je chante dans cette langue. Je suis très influencé par cette culture qu’on appelle « Americana » aux Etats-Unis. J’écris beaucoup plus littérairement en français, et l’anglais est rythmiquement tellement agréable à chanter et plus simple, en tout cas pour moi. L’anglais aussi est une façon de porter ce projet à l’international, mais un jour peut-être que je chanterai en français (sourire).
JustMusic.fr : Avec tout ce qu’il se passe actuellement, vas-tu quand même faire des concerts si cela est possible ?
AVBE : Je veux déjà porter cet EP du mieux que je peux car je suis très fier de ces 2 ans de travail. Je viens de faire 6 concerts avec un autre projet et c’est possible, mais il faut juste faire les choses différemment. Pour un artiste comme moi qui est en développement et totalement indépendant, c’est abordable de faire des petites jauges. Pour un artiste comme OrelSan, c’est beaucoup plus difficile. Si je peux le faire, ce sera avec un immense plaisir ! En attendant, j’aimerais faire des collaborations avec des rappeurs, des chanteurs et d’autres producteurs. J’ai très envie de retourner à New-York pour retravailler avec Sens notamment.
JustMusic.fr : Quels sont tes coups de coeur musicaux du moment ?
AVBE : Terrenoire avec leur album « Les forces contraires ». C’est un duo qui vient de Saint-Etienne et le disque est sorti chez Universal. Je le trouve magnifique car c’est très bien écrit et les productions sont belles ! Ils représentent tout ce que je veux faire dans la musique. Je les aime beaucoup !
Sinon, la chanson que j’ai écouté au moins 4 fois aujourd’hui est la dernière chanson de l’album « 22, a million » de Bon Iver. Le titre s’appelle « 00000 Million » et il y a un sample d’« Abacus » de Fionn Regan, un chanteur irlandais. J’ai réécouté la version originale et c’est un gros coup de coeur !
JustMusic.fr : Que peux-tu ajouter pour donner envie au public de découvrir ton EP « Dawn » ?
AVBE : C’est un EP qui, j’espère, fera vibrer une corde aux personnes qui vont l’écouter. Je l’ai fait avec honnêteté, c’était très recherché et profond. J’ai essayé d’agencer les thèmes et les sons d’une façon qui m’est vraiment propre à ce moment-là de ma vie. J’ai l’ambition et l’espérance que ça pourra raisonner chez les gens qui voit la vie avec la dualité que j’ai. Si ça touche au moins une personne, mon boulot est fait ! J’ai juste envie de distiller du sentiment dans cette matière sonore, comme on peut le faire dans un film ou dans la cuisine (sourire). Je pense que les gens peuvent trouver une vraie honnêteté et du vrai sentiment.
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