INTERVIEW : Rencontre avec Antoine Elie

Nous sommes tombés sous le charme du talent d’Antoine Elie dès la sortie de son premier single « L’amas d’chair ». Il nous a donné rendez-vous chez « Universal Music » afin de répondre à toutes nos questions

JustMusic.fr : Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Antoine Elie : Je m’appelle Antoine Elie, je viens de Haute-Normandie, je joue de la guitare et je chante depuis que je suis gamin. J’écris aussi beaucoup de chansons (sourire).

JustMusic.fr : Quand tu étais petit, tu enregistrais tes premières chansons sur un magnétophone. Comment es-tu tombé dans la musique ?

Antoine Elie : Comme tout le monde, j’adore ça depuis que je suis petit. Mon père me chantait des chansons. Je lui piquais aussi sa guitare de temps en temps (sourire). Pour lui, il était important de faire écouter différents styles de musique aux enfants. Il m’a inconsciemment poussé car il m’a inscrit à des cours de piano. J’ai fait aussi de la batterie et quand j’ai découvert la guitare et le chant, je suis totalement entré dedans pour moi-même.

JustMusic.fr : De quoi parlaient tes premiers titres ?

Antoine Elie : C’était un texte qui s’appelait « La vie n’est qu’un rêve ». Je parlais du fait qu’on essayait de faire des choses pour se ressembler, qu’on devenait tarés et que tout ça n’était qu’un rêve (sourire). La première chanson où je me suis « transcendé » à mon niveau de l’époque s’appelait « Emilie ». C’était mon premier amour, on s’était séparés et j’avais écrit cette chanson. Mes sujets de prédilection n’ont pas changé, c’est la prise de conscience que peu de choses ont du sens, à part les filles (rires).

JustMusic.fr : Quand tu étais petit, tu te sentais incompris et tu as dit : « Quand je repense au moi gamin, j’ai envie de remonter le temps et de le prendre dans mes bras et de lui dire que tout va bien en fait ». Aujourd’hui que dirait le gosse que tu étais à l’adulte que tu es aujourd’hui ?

Antoine Elie : Il m’a déjà dit plein de trucs (sourire). Quand j’étais ado, je me cramais des cigarettes sur le bras… C’était une espèce de « fuck » que je me faisais car je m’imaginais vieux… A l’époque je m’envoyais déjà des messages assez durs et aujourd’hui, je regarde ça avec beaucoup de compassion pour ce jeune-là qui ne savait pas à quel point je lui ressemblerais. S’il me croisait, je ne sais pas s’il serait fier… Mais je crois que j’ai quand même respecté quelques pulsions qu’il avait. Il serait peut-être content de me voir (sourire).

JustMusic.fr : En arrivant à Paris, tu as un peu chanté dans le métro, puis tu es arrivé en finale d’un concours de chant national. Aujourd’hui, tu es signé chez Polydor dans une grande maison de disques. Entre ton arrivée à Paris et ta signature chez Polydor, est-ce que tu y croyais ?

Antoine Elie : Je n’avais pas pour projet de sortir un album car je savais que ce que je faisais à cette période n’était pas assez vendeur pour le grand public. J’étais assez lucide, mon projet était de continuer avec ma copine de l’époque car nous sommes venus à Paris ensemble. Elle travaillait à l’hôpital Necker et je dormais dans sa chambre d’infirmière (sourire). Je voulais me faire de l’argent donc c’est pour ça que j’ai chanté dans le métro. Puis, j’ai rencontré des producteurs avec lesquels je travaille toujours aujourd’hui. C’était il y a 5 ans, on avait commencé avec un petit label indépendant, puis Sony Publishing s’est intéressé à nous et à force de travailler Polydor est arrivé.

JustMusic.fr : Nous avons eu un gros coup de coeur pour ton premier EP. Peux-tu nous présenter les chansons de cet opus ?

JustMusic.fr : « L’amas d’chair » :

Antoine Elie : Je parle d’une période où j’étais avec ma copine et quand on s’est séparés c’était très dur… On a dû vivre ensemble pendant trois mois en faisant chambre à part et j’esquivais le plus possible de me retrouver dans l’appartement avec elle. Je sortais beaucoup et je m’infligeais des choses assez dures. J’ai cherché mes limites et dans cette chanson, j’ai essayé de décrire la pulsion que j’avais entre le mépris de toute la beauté qu’elles ont et qu’on n’a pas, et le désespoir que j’ai à être indéfiniment dépendant de l’amour des femmes (sourire).

JustMusic.fr : « Aïe » :

Antoine Elie : Cette chanson fait écho à la précédente. C’est quelque chose que je pense et j’aime bien cette métaphore. On est tous en rang d’oignon, jusqu’à un endroit où on ne veut pas aller, on ne veut pas mourir… Je trouve cette image assez glauque mais j’aime bien parler de la mort. C’est un titre sur notre mortalité à tous et sur notre façon d’être esclaves en essayant de la fuir.

JustMusic.fr : « Soirées parisiennes » :

Antoine Elie : Je trouve qu’elle parle d’elle-même. C’est la découverte des soirées parisiennes qui contrairement à celles de Normandie sont un peu moins solos et moins violentes pour moi mais aussi pour les autres (sourire).

JustMusic.fr : « Toi qui m’écoutes » :

Antoine Elie : Je suis quelqu’un d’assez solitaire parce que j’aime ça. Je suis souvent mieux quand je suis isolé et du coup, je n’ai pas de potes d’enfance. Je croise des groupes de potes et parfois je me dis que j’aurais pu avoir ça aussi. J’ai écrit dans la pulsion, en parlant des potes et du grand-frère que je n’ai jamais eu car ma mère m’a dit qu’elle avait avorté; du coup, ça m’avait un peu marqué. Je me dis qu’il se trouve peut-être dans la personne qui m’écoute, c’était la première fois que j’écrivais pour le coeur de celui ou celle qui m’écoute.

JustMusic.fr : « Fusil ». Pourquoi cette reprise de SCH ?

Antoine Elie : J’écoute beaucoup de rap et à une période, je n’écoutais que Booba. SCH est arrivé et il m’a tout de suite intrigué. Au début, je trouvais qu’il en faisait des caisses, mais au fur et à mesure, j’ai découvert plein de subtilité dans son flow et sa voix. A l’époque, on mettait des reprises en ligne et j’ai fait écouter « Fusil » à mon équipe en pensant me faire jeter (sourire). Ils ont adoré et ils ont décidé de la poster. Il y a tout de suite eu un énorme engouement sur Facebook – je ne m’en remets toujours pas (sourire) – et mon éditeur chez Sony m’a demandé de faire plus de chansons dans ce style. J’ai tout de suite pris ma guitare et ça a donné « Je réponds pas » qui est aussi en ligne. Ça m’a donné une sorte de pulsion et sans cette reprise, il n’y aurait pas eu d’EP et Polydor (sourire). J’adore « Fusil » et il était normal pour moi qu’il soit sur mon premier EP.

JustMusic.fr : Maintenant, je veux tout savoir sur ton premier album à venir…

Antoine Elie : On a largement assez de titres, mais comme je continue à écrire, il y a des chansons qui partent et d’autres qu’on rajoute (sourire). En ce moment, je suis en train de travailler avec d’autres personnes donc on verra si ça va rester ou pas. Avec Luke et Swing (compositeurs et producteurs), on travaille ensemble depuis 5 ans et on a une bonne osmose. Avec les autres, c’est encore bancal mais c’est excitant car ça donne des choses plus fragiles, donc j’espère que ça sera sur l’album. Pour le moment, je ne peux pas en dire plus (sourire). J’aimerais bien qu’il sorte à la rentrée mais tout dépendra de l’engouement du public. Après je me mêle pas trop de tout ce qui est marketing car je préfère me concentrer sur ma musique.

JustMusic.fr : On va retrouver un de tes titres sur le nouvel album de Tina Arena. Comment s’est passée cette collaboration et vas-tu écrire pour d’autres ?

Antoine Elie : J’ai essayé plein de fois d’écrire pour d’autres gens et c’est un exercice plus difficile. Quand je le fais pour moi je vais chercher là où ça brûle, et pour les autres, il faut l’imaginer pour eux en essayant d’être cohérent. Jean-Christophe Bourgeois, mon éditeur a envoyé des titres à quelques artistes dont Tina Arena. Elle a beaucoup aimé, on s’est donc rencontrés. Elle est magnifique et super gentille ! C’est une superbe chanteuse et c’est la première fois que j’entends un de mes textes chanté par quelqu’un d’autre. Je n’ai pas encore écouté la version finale et je suis très excité (sourire). J’espère qu’elle est contente du résultat et que le public aimera aussi. Je suis vraiment fier et j’espère qu’il y en aura encore d’autres (sourire).

JustMusic.fr : Tu étais en concert au Café de la Danse le 6 mars dernier. Quels souvenirs en gardes-tu ?

Antoine Elie : Le public était fou et vraiment chaleureux ! Certaines personnes disent que seul un artiste travaille quand il est sur scène, mais pour moi, c’est l’affaire de tout le monde même du public. Je trouve qu’on a tous super bien bossés, il y a eu une excellente connexion. J’étais bouleversé car en plus j’étais stressé vu que mon père était dans la salle (sourire). J’étais très content de mes deux musiciens Wissem et Gabriel. Cette date était la consécration de notre travail en studio et j’étais heureux de voir toutes les paillettes que mon équipe avait dans les yeux. La seule frustration est la sortie de scène car je voulais voir tout le monde, mais comme il y avait beaucoup de gens, je ne savais plus où donner de la tête (sourire).

JustMusic.fr : A quand les prochaines dates ?

Antoine Elie : Le 20 je vais faire « Le Lab » de Virgin Radio, le 24 je suis à Magny-le-Hongre et le 7 avril je serai au festival « Les Ptits Bouchons » avec Brigitte à Gaillac. Pour le moment, on veut que le spectacle soit rodé et ensuite, on attaquera des scènes un peu plus costauds (sourire).

JustMusic.fr : Que peux-tu ajouter pour donner envie au public de te découvrir ?

Antoine Elie : Les gars, j’essaie de parler de vous en parlant de moi, alors si vous ne vous reconnaissez pas, je suis désolé (sourire). Je suis très disponible sur Facebook, donc n’hésitez pas à venir me parler et à me donner vos avis. Je reçois plein d’amour en ce moment et c’est génial (sourire) !

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