Nawel Ben Kraïem est une artiste très prometteuse et elle nous a donné rendez-vous dans les locaux de sa maison de disques « Universal Music » pour sa toute première interview.
JustMusic.fr : Peux-tu me parler de ton enfance à Tunis avant ton arrivée à Paris ? Qu’est-ce qui t’a poussée à faire de la musique ?
Nawel Ben Kraïem : Je pense que j’ai toujours été une personne créative et mes parents l’ont également senti. Il y avait un atelier théâtre à côté de mon école et ils m’y ont inscrite. Le désir de la scène est arrivé grâce au théâtre et j’en ai fait toute mon enfance puis durant mon adolescence. Mes parents avaient un petit côté soixante-huitard et il y avait une guitare chez moi (sourire). Mon père est prof et en Tunisie, il y a un peu une tradition de militantisme, alors du coup, chez nous, on aimait bien les artistes engagés comme Joan Baez et Bob Dylan. J’ai commencé avec cette guitare en faisant des reprises de Ben Harper, Tracy Chapman, Bob Dylan… Quand je suis arrivée en France, j’ai voulu continuer le théâtre mais finalement ce n’était pas pareil car je n’étais pas avec ma troupe qui avait un côté très familial. La musique était plus accessible donc j’ai commencé à chanter dans des petits bars et j’ai créé mon premier groupe.
JustMusic.fr : Justement, j’allais y venir. A ton arrivée à Paris, tu as chanté dans des bars, tu as été dans le groupe « Cirrus », puis tu t’es lancée en solo et tu as même remporté le concours « Mon premier Grand Studio » de RTL. Quels souvenirs gardes-tu de tes débuts dans la musique ? C’était difficile ?
Nawel Ben Kraïem : D’un côté, c’était un peu difficile car c’était précaire et ma famille ne comprenait pas toujours mon choix de vie. Mais j’avais cette envie de me produire sur des petites scènes car c’était un plaisir pour moi de chanter.
JustMusic.fr : Ensuite, le grand public t’as découverte avec « Méditerranéennes ». Comment es-tu arrivée sur ce projet ?
Nawel Ben Kraïem : Ce projet était un petit pas vers la variété car ce n’était pas ce que j’avais l’habitude de faire. A mes débuts, je faisais des choses un peu plus expérimentales, avec plusieurs langues et plusieurs sonorités. J’étais sans maison de disques mais j’avais suffisamment fait mon chemin pour être repérée par Julie Zenatti. Elle cherchait des artistes qui faisaient le pont entre les deux rives et elle est tombée sur moi (sourire). Lorsqu’elle m’a proposé la liste des chansons, il y avait des titres que j’aimais beaucoup comme « Beautifull tango » d’Hindi Zahra, et Mustapha qui était une chanson que j’avais beaucoup entendu pendant mon enfance. J’ai découvert un autre monde de la musique avec par exemple plus de promos.
JustMusic.fr : Vous étiez sur scène au Bataclan le 3 février dernier. Comment ça s’est passé ?
Nawel Ben Kraïem : C’était une très belle date, il y avait beaucoup d’énergie et j’ai eu la chance de chanter 3 titres. C’est une belle scène et c’était chouette de pouvoir partager avec plusieurs artistes. Il y avait quelque chose d’assez généreux, et c’était fort car ça se passait au Bataclan avec ce projet. Julie Zenatti est une personne généreuse, elle prend les devants et c’est une femme forte. Je suis contente de l’avoir côtoyée car ça m’a aussi donné de l’élan pour la suite (sourire).
JustMusic.fr : Ton nouveau single « Mer promise »est disponible, un titre dans lequel tu t’adresses à ta petite soeur et à toutes les petites soeurs. Comment est-il né ?
Nawel Ben Kraïem : Dans la première version, au niveau de l’écriture, il n’y avait pas cette notion de promesse, c’était plus le constat d’un monde assez chaotique et injuste. Ensuite, je l’ai retravaillé avec Mike Ibrahim et on a ajouté cette espèce de lueur d’espoir et cette référence aux petites soeurs. C’est important pour moi qu’il y ait toujours ces deux dimensions. Même quand j’ai un regard social sur le monde, il faut de la poésie et une brèche d’espoir. Je pense que je suis comme ça, je ne suis pas déconnectée du monde car j’ai conscience des injustices, de ce que c’est d’être une minorité, de ce monde qui ne distribue pas les cartes de la même façon à tous, de la différence entre un pays pauvre et un pays riche… Cela fait partie de mon regard sur le monde, mais je crois aussi en la foi et je pense qu’on peut tout dépasser. J’ai vraiment une petite soeur qui va avoir 18 ans le 24 mars et je trouve cette génération assez touchante car ces jeunes sont nés dans un monde qui est un peu dur.
JustMusic.fr : Je veux tout savoir sur l’album que tu prépares : date de sortie, collaboration, sujets, univers…
Nawel Ben Kraïem : Il est assez personnel et on retrouve 70% de mes textes ainsi que mes compos. J’ai collaboré avec Madame Monsieur, avec Pierre Jaconelli sur « Mer promise » et avec Franck Authié à la réalisation. Il a un univers assez pop, du coup, ça fait un beau mélange avec mon musicien qui joue de plusieurs instruments du Magreb. Je voulais quelque chose d’assez pop au service de la voix et des chansons, mais avec quelques couleurs qui donnent un son un peu hybride. J’ai aussi travaillé avec un autre réalisateur qui vient du hip hop et j’ai trouvé que c’était super intéressant d’avoir des sonorités urbaines. Du coup, il y a un équilibre entre l’urbain, la pop et une couleur comme des traces qui viennent de mes origines. L’album devrait sortir dans les mois à venir, on a bien avancé et il est presque terminé (sourire).
JustMusic.fr : Que nous réserves-tu pour ton concert aux Etoiles le 30 mai prochain ?
Nawel Ben Kraïem : Je vais présenter mes nouvelles chansons avec mes musiciens et je vous réserve du partage, de l’émotion et de l’énergie (sourire) !
JustMusic.fr : Que peux-tu ajouter pour donner envie au public de te découvrir ?
Nawel Ben Kraïem : J’ai mis pas mal de sincérité dans mon projet, dans le chant mais aussi dans les textes. J’espère que les gens le ressentiront et auront l’envie de partager avec moi.
JustMusic.fr : Pour terminer, as-tu un message à adresser aux personnes qui te suivent ?
Nawel Ben Kraïem : Je vous donne rendez-vous sur scène car c’est le meilleur endroit pour moi pour partager ma musique. C’est un moment de lâcher prise où l’on oublie son quotidien pour s’élever un peu (sourire). Je vous invite également à découvrir une version acoustique en live de « Mer promise » (cliquez ici) !
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