INTERVIEW : Rencontre avec Sysa

Sysa a répondu à toutes nos questions sur « Nueve » qui sera disponible le 24 juin !

JustMusic.fr : Ton nouveau projet « Nueve » sortira le 24 juin. « Nueve » est également une chanson dans laquelle tu te dévoiles énormément sur ta vie. Comment est né ce titre ?

Sysa : C’est un titre très important car c’est l’intro du projet. Les gens vont me découvrir quand ils vont écouter le projet car normalement ils vont commencer par le premier morceau (sourire). C’était important de le faire en début de carrière pour expliquer d’où je viens, qui je suis, car c’est comme une sorte de biopic.

JustMusic.fr : Tu te dévoiles beaucoup dans tes titres et tu dis les choses avec beaucoup de franchise. Pourquoi ressens-tu le besoin de te dévoiler comme ça ? Qu’est-ce que ça te fait ?

Sysa : C’est un peu une thérapie, la musique me permet de m’extérioriser et de ne pas tout garder pour moi. J’ai ce besoin de retranscrire et de transmettre. Ça me fait du bien, comme je le disais c’est comme une thérapie même si d’habitude c’est avec une personne. Là, ce n’est pas pareil car je la fais avec les gens qui vont m’écouter, c’est une thérapie de groupe (sourire). En tout cas ça me fait du bien de dire les choses avec franchise pour qu’ils comprennent mon histoire. Il ne faut jamais passer par plusieurs chemins, mais taper dans le dur directement.

JustMusic.fr : Tu as eu une enfance difficile et dans « Hostile » tu dis que quand on te demandait ce que tu voulais faire, tu répondais que tu voulais rester en vie… Quand tu étais petit comment imaginais-tu ta vie d’adulte, et en es-tu satisfait aujourd’hui ?

Sysa : Quand on est petit on ne pense pas vraiment à l’avenir… En rentrant dans l’adolescence j’ai vu ce qu’il se passait autour de moi, je viens d’une cité, j’ai perdu des gens proches et parfois même quand nous ne sommes pas impliqués dans les choses nous pouvons être des victimes collatérales. Je dis que je veux rester en vie car pour un jeune c’est compliqué de passer la trentaine surtout à Marseille. Je ne vais pas l’apprendre aux gens qui connaissent la réalité dans les cités. Pour l’instant ça va, je suis vivant et tant mieux pour moi (sourire). J’espère que ça va continuer comme ça. Je vois plus un avenir aujourd’hui car lorsque j’étais jeune je vivais au jour le jour.

JustMusic.fr : Dans « J’ai mal » tu dis que tu as trop mal et à quoi ça sert de rester en vie… Avec toutes les galères que tu as vécues, as-tu eu des envies de mourir ? Comment t’es-tu relevé à chaque fois ?

Sysa : Il faut le prendre au second degré, j’ai des souffrances intérieures et j’ai beaucoup souffert lors de la séparation de mes parents, je n’ai pas connu ma mère et elle n’a jamais voulu me rencontrer… C’est vrai que c’est compliqué, mais je me dis qu’il y a pire et je relativise car il y a des gens qui n’ont personne et j’ai la chance d’avoir mon père qui m’a bien élevé, donné un toit et de l’amour, donc je m’en sors plutôt bien (sourire).

JustMusic.fr : Peux-tu me dire quelques mots sur les deux featurings ?

Sysa : J’ai eu la chance d’avoir deux pointures sur mon premier projet ! Avec Jul pour « Là-haut » ça s’est fait naturellement et j’avais envie d’un son presque commercial pour pouvoir s’ambiancer et faire la fête. Il a fait un super refrain et un très bon texte, je suis content du résultat.
Avec Le Rat Luciano ce n’était pas un choix stratégique mais c’est un featuring de coeur car il m’a beaucoup influencé même si nous ne sommes pas de la même génération, d’où le titre « Génération ». C’est vraiment le boss à Marseille, il n’y a personne d’autre !

JustMusic.fr : Quand on vient d’ « En bas » comment faire pour aller « En haut » ?

Sysa ; Il faut s’accrocher et être déterminé ! Quand on vient d’en bas c’est un peu compliqué de voir le haut, car on ne voit pas plus loin que le bout de son nez. On se met nous-mêmes des barrières alors qu’il faut foncer ! Aller en haut veut dire beaucoup de choses, pas seulement avoir de l’argent… Mais c’est de se rendre la vie un peu plus jolie.

JustMusic.fr : Que veux-tu dire quand tu dis que « Marseille » c’est devenu « Mexico » ?

Sysa : C’est assez facile à expliquer car avec tous ces règlements de comptes, on se demande si on est encore en France, alors que c’est un beau pays. Marseille est pour moi la plus belle ville de France et c’est dommage qu’un touriste entende qu’il y a tellement de règlements de comptes qu’à la fin on se croit à Mexico, même si là-bas les chiffres sont plus élevés (rires).

JustMusic.fr : Je trouve tes textes intéressants et très profonds. Il y a deux phrases qui m’ont marqué dans deux chansons et j’aimerais que tu me les expliques…

Sysa : Merci beaucoup !

JustMusic.fr : Dans « Guerilla » tu dis : « Même si tu sais d’où tu viens, la vraie question est, est-ce que tu sais vraiment qui tu es ».

Sysa : C’est la vérité, certains savent d’où ils viennent mais est-ce qu’ils savent qui ils sont ? Tout le monde peut se poser cette question et ça arrive surtout quand on se retrouve au pied du mur. Lorsque c’est compliqué c’est là qu’on voit qui on est et ce qu’on peut faire.

JustMusic.fr : Dans « Destinée » tu dis : « J’connais pas mon destin, mais je connais déjà la fin de ma destinée ».

Sysa ; A la fin, la seule certitude c’est qu’on va tous mourir et qu’on va finir dans une tombe. Qu’on ait de l’argent ou pas on termine tous dans un cercueil, à côté de quelqu’un et seul…

JustMusic.fr : Qu’est-ce qu’à dit ton frérot quand il a entendu « Lettre à un frère » ?

Sysa : Il ne l’a pas encore entendu (sourire). Je l’ai écrit via le court métrage que j’ai fait, c’est le troisième épisode et il va bientôt être diffusé. Cette lettre est destinée à une balance, quelqu’un qui m’a déçu… Nous avons tout fait ensemble donc c’est dur à accepter… J’ai bien entendu fait exprès d’adresser cette lettre à « un frère » qui m’a balancé (sourire).

JustMusic.fr : Pour terminer, peux-tu me dire ce que tu ressens quand tu écoutes « Nueve » et que veux-tu que ça procure au public ?

Sysa : Je suis vraiment très satisfait de moi, de ce que j’ai pu produire, et je me suis découvert sur plein de nouveaux trucs comme des talents de chanteur par exemple. C’est un projet personnel, les sonorités vont dans tous les sens mais je ne m’écarte pas de mon sujet dans les textes. Je raconte des choses sur ma vie et c’est un rap d’espoir car on peut s’en sortir même si on a vécu des choses un peu compliquées (sourire).

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