INTERVIEW : Rencontre avec Isabelle Boulay

    Isabelle Boulay JustMusic.fr

    Isabelle Boulay est de retour avec un nouvel et magnifique album « En vérité ». Nous l’avons rencontrée lors d’une journée de promotion pour en savoir plus.

    JustMusic.fr : Tu as dit dans une interview que chanter Reggiani t’avait transformée et libérée. Pourquoi ?

    Isabelle Boulay : J’avais amorcé le début du travail de mon nouvel album « En vérité » et j’avais des chansons de Reggiani qui n’arrêtaient pas de remonter à l’intérieur de moi. J’ai voulu écouter ce que mon coeur et mon instinct essayaient de me dire et j’ai fait cet album en hommage à Serge Reggiani. Pour moi, emprunter le répertoire d’une autre personne, et celui-là était tellement dense et magnifique, m’a transformée et a légitimé des choses. J’ai eu la chance de choisir des chansons d’une grande qualité et c’est comme si ça avait repoussé une certaine limite en moi, comme si cela m’avait donné l’occasion d’aller encore plus loin dans mes propres émotions. Je pense que l’album « En vérité » n’aurait pas été le même si je n’étais pas passée par la case Reggiani.

    JustMusic.fr : Justement ce nouvel album sortira demain (le 19 mai 2017) et tu as, une fois de plus, travaillé avec Benjamin Biolay. Qu’est-ce qui te plaît dans le travail avec lui ?

    Isabelle Boulay : C’est quelqu’un qui me comprend bien et il a beaucoup de génie. C’est un grand musicien, il a beaucoup de goût et il connaît le langage pour faire sortir de moi le meilleur. On se connaît bien et on a beaucoup de respect l’un pour l’autre. J’ai une confiance absolue en lui et il est mon alter égo musical.

    JustMusic.fr : Tu as aussi travaillé avec des artistes talentueux : Raphael, Coeur de Pirate, Carla Bruni, Julien Clerc, La Grande Sophie… Comment choisis-tu tes collaborations et qu’est-ce qu’ils t’ont apporté ?

    Isabelle Boulay : Ce sont des artistes de très hauts niveaux et à la base j’aime ce qu’ils font. J’avais envie de recevoir des chansons de leur part et j’avais envie de voir ce que je leur inspirais. Plus on avance et plus on devient exigeant donc c’est sûr que pour une interprète c’est un privilège de travailler avec des gens de cette envergure. Ils ont une vraie expérience du métier d’écriture et de composition, ils ont une sensibilité qui est un peu parante de la mienne. Si je vais vers ces gens-là, c’est que quelque part je me trouve des affinités avec leur répertoire. En écoutant leurs chansons, ça m’a donné envie qu’ils en écrivent pour moi et ils ont un talent inoui !

    JustMusic.fr : Pourquoi n’écris-tu pas ?

    Isabelle Boulay : Parce que j’en suis incapable (sourire). Je n’ai jamais eu envie d’écrire des chansons, pourtant, j’ai étudié la littérature, mais en écrire n’est pas une fin en soi. Je suis une interprète comblée donc ça ne me manque pas de ne pas en écrire. Je pense que c’est un des plus beaux cadeaux dans ma vie de pouvoir recevoir des chansons des autres. Des gens que j’admire et qui m’offrent des chansons aussi belles, c’est un luxe pour moi.

    JustMusic.fr : On retrouve 3 reprises sur l’album : « Una storia d’amore » de Jovanotti, « Won’t catch me cryin' » de Willie Nelson et « Les mains d’or » de Bernanrd Lavilliers. Pourquoi ces choix ?

    Isabelle Boulay : « Won’t catch me cryin' » a aussi été repris par Willie Nelson et il est un de mes chanteurs de country préférés. J’avais déjà envie de reprendre ce titre à l’époque où j’avais enregistré « Les grands espaces ». Mais à ce moment-là, je n’avais pas tout ce qu’il fallait en moi pour la rendre vivante. On avait essayé de la faire, puis finalement on avait abandonné l’idée. Quand on a commencé à travailler en studio, pour faire un tour de chauffe, Benjamin nous a dit d’essayer ce titre. Ce qui m’a surprise, c’est qu’on a gardé la deuxième prise (sourire).
    « Les mains d’or » parle de la réalité ouvrière et Bernard Lavilliers est un grand interprète qui a toujours fait de la chanson à caractère un peu social. J’ai été élevée dans une famille d’ouvriers que ce soit du côté de ma mère ou de mon père. C’est une force d’attraction, car quand on a envie de reprendre une chanson, c’est qu’il y a une forte attirance.
    La chanson en italien m’a été proposée par Benjamin car je voulais faire un autre titre dans cette langue et c’est lui qui me l’a suggéré. J’ai découvert un artiste que je ne connaissais pas et j’en suis littéralement tombée amoureuse.

    JustMusic.fr : Peux-tu me présenter le premier single « Un souvenir » ?

    Isabelle Boulay : C’est une chanson de la Grande Sophie et je me souviens de l’avoir reçue un jour où j’étais dans un taxi. Je l’ai tout de suite écoutée et j’ai été immédiatement conquise. Je pense que si on a déjà vécu un amour qui s’est terminé, on peut comprendre le sens de la chanson. C’est un peu comme si c’était un amour qu’on revoit, mais dans un rétroviseur. C’est comme le film d’un amour qui s’est étiolé avec le temps et c’est comme le souvenir de cet amour qui est aussi en train de s’effacer.

    Isabelle Boulay

    JustMusic.fr : Pourquoi chantes-tu souvent des chansons tristes ?

    Isabelle Boulay : Probablement car ça accompagne notre propre chagrin ou celui des autres. Pour moi, les chansons tristes ont toujours été une manière de conjurer la tristesse. C’est drôle mais ça a vraiment cet effet-là sur moi (sourire).

    JustMusic.fr : D’ailleurs tu dis que tu pourrais tout faire pour « Le garçon triste ». Ne préférerais-tu pas un garçon joyeux ?

    Isabelle Boulay : Je préfère quelqu’un qui répond bien à la tristesse, parce que je pense que, sous la tristesse, il y a beaucoup plus de joie profonde. La joie, c’est plus profond que la tristesse.

    JustMusic.fr : On retrouve aussi le titre « Tout sera pardonné ». Pardonnes-tu facilement en amour ?

    Isabelle Boulay : Je pense que tout ne se pardonne pas, même si là, c’est une extrapolation. C’est une très belle chanson parce qu’elle est évoquée dans une certaine perspective, car ça dit qu’au bout du compte tout sera pardonné. Tout dépend du pêché (rires), mais je peux pardonner certaines choses. Je pense qu’on ne peut pas non plus tout pardonner car on est des êtres humains (sourire).

    JustMusic.fr : Tu vas retrouver tes fans français le 18 octobre à l’Olympia alors te souviens-tu de ton premier concert à Paris ?

    Isabelle Boulay : C’était au théâtre Dejazet où j’ai chanté pendant trois soirs. Je me souvenais que Léo Ferré y avait aussi chanté et que c’était son théâtre préféré. J’ai des souvenirs impérissables de ces concerts et je me rappelle qu’il y avait une des loges qui était pleine de fleurs. Les gens m’en avaient tellement offert qu’une loge en était remplie. C’est un très beau souvenir pour moi (sourire).

    JustMusic.fr : Je voulais aussi revenir sur les magnifiques photos de Peter Lindberg…

    Isabelle Boulay : Merci… J’ai travaillé avec lui grâce à mon ami qui s’appelle Thierry qui était en train de faire un projet de livre avec lui. Je suis allée voir une exposition en septembre 2014 et j’étais avec Thierry. Je n’en revenais pas car Peter Lindberg est un de mes photographes préférés. Je n’aurais jamais pensé ni rêvé qu’un jour il me photographierait. Peter a demandé à Thierry qui était la petite femme qui l’accompagnait (sourire). Il lui a dit que j’étais chanteuse et il a répondu qu’il voulait me photographier. On s’est donc donné un rendez-vous pour le mois de septembre 2015. Je ne savais pas encore à cette époque si les photos allaient servir à illustrer mon album, mais je ne voulais pas passer à côté de cette expérience. Peter est un photographe très simple, très humble et toutes les femmes devraient être regardées par un homme comme lui car son regard est affectueux envers nous. Il ne regarde pas les femmes comme tous les autres hommes et c’est ça qui fait que ses photos sont sublimes. En plus, il ne fait jamais de retouches donc c’est telle qu’on est dans sa manière et son oeil.

    JustMusic.fr Pour terminer as-tu un message à adresser au public ?

    Isabelle Boulay : J’espère qu’ils vont avoir autant de bonheur à écouter le disque, que j’en ai eu à le faire. C’est un album dans lequel j’ai été capable de vivre tous les niveaux d’accomplissement. Je souhaite qu’il sera pour le public une vraie présence !

    Retrouvez Isabelle Boulay sur Facebook et sur Twitter.

    Isabelle Boulay Dédicace JustMusic.fr