INTERVIEW : Rencontre avec Dyzel

Dyzel est un artiste dont vous allez entendre parler. Sa musique est un mélange de ses deux origines : française et vietnamienne. N’hésitez pas à découvrir son EP « Giấc Mơ » !

JustMusic.fr : Peux-tu me raconter ton parcours ?

Dyzel : Je suis un chanteur franco-vietnamien et, pendant longtemps, je pensais qu’être vietnamien était un dû. J’ai toujours mis l’accent sur mes origines, mais sans vraiment savoir ce que cela signifiait. En grandissant, j’ai compris que c’était bien plus complexe que ça : c’était des habitudes, une culture, un comportement, une mentalité… Et ça, je l’ai appris en allant régulièrement au Vietnam.

J’ai donc voulu me rapprocher de plus en plus de ce côté-là et j’ai choisi de le retranscrire à travers la musique. Mon objectif était de montrer mon amour pour le Vietnam grâce à mes chansons.

J’ai commencé en 2020, pendant le confinement, en m’essayant au chant. Je voulais apprendre à mixer ma voix en chantonnant et, peu à peu, je m’y suis vraiment mis. Jusqu’en 2023, je chantais en français, mais je trouvais qu’il manquait quelque chose… En improvisant des sons (du “yaourt”), je me suis aperçu que cela me faisait penser au vietnamien, et je me suis dit qu’il fallait que je creuse de ce côté-là. J’ai eu un déclic et j’ai voulu mieux connaître mon héritage vietnamien.

Jérôme est mon prénom français, et mes amis proches m’ont toujours connu sous ce nom. Mais il y avait une sorte de dualité en moi, et aujourd’hui je ne me présente plus vraiment comme Jérôme. Je reste cette personne, bien sûr, mais ce qui me représente le plus, c’est l’éducation vietnamienne que m’ont transmise mes parents. Vinh est mon prénom vietnamien, et je me présente désormais davantage ainsi – Dyzel étant mon nom d’artiste.

Cela ne veut pas dire que je n’aime pas la France, mais j’ai simplement envie de faire découvrir au public ma culture d’origine. C’est pour cela que mon EP « Giấc Mơ » est composé de chansons dans les deux langues (sourires).

JustMusic.fr : Comment se fait-il que tu maîtrises aussi bien la langue vietnamienne ?

Dyzel : Dès ma naissance, mes parents me parlaient en vietnamien. Ma mère, qui était femme au foyer, s’occupait de moi et je communiquais uniquement avec elle jusqu’à mes 4 ans, avant d’apprendre le français à l’école.

Je vais te raconter une petite anecdote : j’ai de la famille à Toulouse et mes cousins sont métis franco-vietnamiens. On m’a raconté que je leur parlais en vietnamien et eux me répondaient en français. Pourtant, cela ne nous empêchait pas de nous comprendre (sourire). Mais dès que je suis entré à l’école, j’ai appris le français et, par la suite, je n’ai plus parlé qu’en français avec eux.

Aujourd’hui, je parle couramment le vietnamien et je me considère comme bilingue, même s’il me manque parfois un côté plus littéraire. J’ai d’ailleurs passé une option vietnamien au bac et j’écris encore régulièrement en vietnamien avec ma mère par texto (sourire).

JustMusic.fr : Peux-tu me présenter ton EP « Giấc Mơ » ?

Dyzel : Il contient des chansons en français, mais aussi dans les deux langues. C’est vraiment cet univers que je souhaitais apporter en France.

J’y raconte une histoire d’amour entre un homme et une femme, vue du point de vue de l’homme. Du premier au dernier morceau, il y a un véritable fil conducteur : au début, ils se rencontrent et l’on sent qu’une complicité se crée et se développe… L’avant-dernier titre devait à l’origine être la conclusion, avec un amour tragique mais plus fort que tout. Finalement, j’ai ajouté une autre chanson qui est devenue la véritable conclusion, mais aussi une ouverture. J’y dis que l’on s’aimera toujours quoi qu’il arrive, et cela ouvre aussi la porte à une nouvelle histoire.

J’ai également voulu montrer une évolution musicale : cet EP est plus pop, avec davantage de sonorités vietnamiennes. J’ai envie d’aller dans cette direction tout en gardant ma touche française et R’n’B.

JustMusic.fr : Comment décides-tu si un titre sera en français ou en vietnamien ?

Dyzel : Ça se fait au feeling, mais je veille toujours à garder un certain équilibre entre les deux langues. Désormais, j’aimerais mettre davantage en avant le vietnamien. Cela dit, j’ai un titre entièrement en français qui va bientôt sortir (sourire). J’en ai aussi deux autres déjà prêts : l’un principalement en vietnamien avec un couplet en français, et un autre totalement en vietnamien que j’aimerais enregistrer en featuring avec une artiste vietnamienne.

JustMusic.fr : Tu t’es déjà produit au Vietnam et un de tes titres a été #1 du Top Viral 50 Vietnam sur Spotify. Es-tu connu là-bas ?

Dyzel : On va dire que j’ai une audience en développement. Il y a des personnes qui me connaissent… sans vraiment me connaître (sourire). Certains connaissent mes sons, d’autres me suivent sur TikTok, mais ils ne m’ont encore jamais vu en vrai. Mon premier titre « Dans mes rêves » est devenu viral, et « Nếu là em » est en train de suivre le même chemin. Je poursuis la promotion, et ma communauté se construit petit à petit au Vietnam.

JustMusic.fr : Quels sont les artistes que tu écoutes ?

Dyzel : J’écoute un peu de tout et j’essaie de m’inspirer des artistes que j’apprécie. En pop, je dirais Rosé de Blackpink, Justin Bieber, The Kid Laroi… En France, c’est plutôt le R’n’B qui m’influence, avec des artistes comme Takiola, Monsieur Nov, Matt Houston, Willy Denzey ou encore Singuila. Au Vietnam, c’est aussi la pop et le R’n’B qui me parlent le plus, avec des artistes comme Mono, Wren Evans ou Tlinh.
J’ai également un ami, Minh Lai, qui est un artiste très respecté, et sa fiancée Liu Grace participe à l’émission de téléréalité « Em xinh say hi », la version féminine de « Anh trai say hi ».

JustMusic.fr : Ça te plairait de participer à un télécrochet en France ou au Vietnam ?

Dyzel : En France, il faudrait voir si cela correspond à mon univers, mais au Vietnam ça me plairait beaucoup ! C’est une idée que j’ai en tête, alors qui sait… peut-être qu’un jour ça se fera (sourire).

JustMusic.fr : Tu as chanté pour de nombreux événements, alors à quand une prochaine date de concert ?

Dyzel : C’est vrai que j’ai enchaîné plusieurs scènes, et ça a été très enrichissant de pouvoir partager toute mon énergie avec le public. C’était mon objectif principal en me lançant dans la musique, et c’est très gratifiant de voir que les gens connaissent mes chansons.
En ce moment, je me concentre surtout sur la partie créative. Je vais bientôt partir au Vietnam pour y donner quelques concerts, et je vais continuer à sortir de nouveaux titres avant d’organiser une date en France.

JustMusic.fr : Quel est ton programme pour la rentrée ?

Dyzel : Comme je te le disais, j’ai déjà deux titres prêts, et pour le troisième j’attends encore la confirmation d’un featuring avec une chanteuse vietnamienne. Ils sortiront en septembre et je prépare actuellement toute la communication autour de ces sorties.
En octobre, je pars au Vietnam pour différents projets : rencontrer des artistes pour des collaborations, donner quelques concerts et créer du contenu pour les réseaux sociaux. Je vais y rester plusieurs mois, mais cela ne veut pas dire que je vais oublier mon public en France. Ils sont très présents et me soutiennent énormément.
Mon objectif reste avant tout d’apporter la culture musicale vietnamienne en France. Mais pour ça, je dois d’abord faire mes preuves au Vietnam, me faire un nom là-bas, avant de revenir ici pour le partager pleinement.

JustMusic.fr : Pour finir, as-tu un message à adresser au public ?

Dyzel : J’ai eu beaucoup de chance, car TikTok a permis de faire découvrir ma musique. Grâce au public et aux personnes qui me soutiennent, j’ai rapidement pu me faire un nom, en France comme au Vietnam, même si cela reste encore modeste. Je suis très reconnaissant : tout ce que j’ai vécu jusqu’ici est déjà énorme… mais ce n’était que les prémices de ce qui va arriver. C’est à partir d’octobre que l’aventure va vraiment commencer (sourire) !

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