INTERVIEW : Rencontre avec Desmond Myers

Desmond Myers vient de sortir un magnifique premier album « Shadowdancer ». C’est un artiste talentueux et nous avons décidé de vous présenter un de nos coups de cœur musicaux du moment.

JustMusic.fr : Peux-tu m’expliquer le titre « Shadowdancer » de ton premier album qui est disponible depuis le 8 octobre ?

Desmond Myers : Je m’interroge dans la plupart des morceaux du disque car je suis quelqu’un d’extraverti mais je me remets souvent en question. « Shadowdancer » résume la personne qui est dans une soirée et qui n’ose pas aller danser au centre de la piste, mais qui préfère rester dans un coin. Cela me décrit assez bien même si je n’ai pas peur de danser, je suis quand même dans l’ombre (sourire).

JustMusic.fr : Le disque a été réalisé entre Paris et Atlanta avec le batteur Mathieu Gramoli (Her, Gaël Faye), le bassiste Pierre Elgrishi (NACH, Clara Luciani) et le guitariste Louis Marin Renaud (Théo Lawrence, Lou Doillon) qui a également mixé l’album. Peux-tu me raconter l’enregistrement de ton album ?

Desmond Myers : J’ai commencé à travailler sur mon projet tout seul et ensuite j’ai fait partie du groupe « Her ». J’ai beaucoup sympathisé avec le batteur et pour la première fois j’ai voulu avoir un son de groupe pour mon album. Le jeu des musiciens était très important pour moi et je suis resté avec eux en studio à Paris pour les arrangements. On a travaillé tous ensemble jusqu’à l’arrivée du Covid qui a fait que nous nous sommes séparés pour bosser chacun de notre côté. La fondation du projet a été faite en groupe et ensuite on a tout fait à distance. C’est mon projet solo, mais il n’existerait pas sans eux.

JustMusic.fr : Ce disque est un confessional dans lequel tu te libères de tes démons, donc peux-tu me présenter les 8 titres ?

Desmond Myers : « Playing with fire » c’est un morceau que j’ai écrit sur la tentation d’amour qu’on peut retrouver dans un couple. Le fait d’être conscient que tu as envie de quelqu’un d’autre et que tu peux ruiner une relation. Cette chanson était un moyen d’exorciser cette émotion.

« Fuck fear » est un morceau où je dis stop, où j’arrête de m’auto-critiquer et je me libère.

J’ai habité à Belleville lorsque je suis arrivé à Paris et c’est un quartier que j’ai adoré. « Chinatown » parle de ça car j’ai été très nostalgique de cette période et ça évoque aussi le quartier asiatique de New York.

« Shadows » c’est dans le même esprit de « Fuck fear », ça parle de l’acceptation de soi-même. En écrivant cet album, j’ai découvert qu’aller là où ça fait mal crée une sorte de vulnérabilité pour écrire de bons titres. C’est également un exercice déchirant… Je voulais un titre où je m’assume, où je dis que OK je suis celui qui danse dans l’ombre, mais je m’aime.

« Different energy » est un titre que j’ai écrit au milieu de la pandémie car lorsque j’ai vu que ça allait durer, je m’en suis voulu de n’être pas sorti un peu plus (sourire). J’avais besoin d’une énergie différente, c’était une fantaisie de sortir et de faire la fête.

« Real man » parle de mes origines, je suis de la Caroline du Nord, du sud des Etats-Unis. Je suis issu d’une famille de fermiers, j’ai reçu une éducation classique et nous avions des taureaux. J’ai écrit ce titre quand les médias parlaient beaucoup des chanteuses avec le mouvement #MeToo. J’ai trouvé qu’il n’y avait pas ou peu d’artistes masculins qui en parlaient alors que ça nous concernait aussi. J’ai trouvé qu’il y avait un peu de masculinité toxique en moi et je voulais en parler dans une chanson. Pour avancer, le meilleur moyen est de trouver ce que nous pouvons changer en nous.

« Feels like I’m running » est une chanson très mystérieuse et elle est dans la même veine que « Playing with fire ». J’ai mon interprétation personnelle, mais je préfère laisser les gens se faire leur propre idée (sourire).

« Abercrombie » parle des jeunes qui font leurs premières sorties avec leurs amis. Aux Etats-Unis, il y a toutes ces marques de vêtements que les gens portent pour leur premier date. C’est la nostalgie de la jeunesse et de l’amour…

JustMusic.fr : Comment te sens-tu aujourd’hui en écoutant cet album ?

Desmond Myers : C’est une très bonne question ! J’ai fait de nombreux projets pour moi et pour d’autres artistes, et j’ai souvent remarqué qu’il y avait une date d’expiration envers mon travail (sourire). Au bout d’un moment je n’aime plus ce que j’ai fait et je me suis promis de ne pas réagir comme ça pour cet album. Je suis donc assez fier en l’écoutant (sourire).

JustMusic.fr : Ça t’as fait du bien d’écrire tout ça ?

Desmond Myers : Oui, et maintenant je me connais mieux. Je ne suis pas le meilleur pour exprimer mes émotions, je dois me poser, écrire et chanter. Je vais bien après avoir écrit les chansons de cet album (sourire).

JustMusic.fr : À partir du 3 novembre tu seras en tournée en France, alors comment te prépares-tu à retrouver ton public ?

Desmond Myers : On a fait une résidence de 4 jours pour préparer le concert à la Maroquinerie. Mon dernier concert s’était passé avant la pandémie alors je me suis aperçu que je n’étais plus habitué à chanter devant un public (sourire). Je suis ravi de le retrouver surtout en France, mais il faut que je reprenne mes habitudes (sourire).

JustMusic.fr : L’influence française est très importante pour toi et on le ressent dans ton travail. Alors à quand une chanson en français ?

Desmond Myers : Au tout début j’ai essayé d’écrire en français mais je ne maîtrise pas assez la langue, donc je trouve qu’il y avait un manque d’authenticité. J’ai bossé en tant qu’auteur/correcteur et j’ai vu pas mal d’artistes français qui voulaient chanter en anglais. Certains le faisaient très bien, mais pour d’autres il fallait beaucoup travailler. C’est difficile de passer un beau message dans ta deuxième langue. Je suis open mais je pense que je vais commencer par des featurings.

JustMusic.fr : J’allais justement te demander avec quels artistes de chez nous tu aimerais collaborer ?

Desmond Myers : Je trouve que Fils Cara a une plume magnifique et beaucoup de charisme. Il a écrit le titre « Hématome » qui est incroyable pour L’Impératrice, un groupe que j’adore ! J’aimerais bien bosser avec eux !

JustMusic.fr : Quelle est la chanson que tu écoutes le plus en ce moment ?

Desmond Myers : J’écoute pas mal de trucs des années 70 (sourire) et j’ai une étrange fascination pour le titre « Hotel California ». Peut-être parce que c’est bientôt Halloween et que ça parle de fantômes perdus dans les excès d’Hollywood. Sinon j’aime beaucoup « Free » de Parcels.

JustMusic.fr : Peux-tu me donner trois mots pour décrire « Shadowdancer » ?

Desmond Myers : « Organique », « Sensuel » et « Intime ».

JustMusic.fr : Pour conclure, que peux-tu ajouter pour donner envie au public de te découvrir ?

Desmond Myers : Je dirais que si les gens se posent beaucoup de questions – comme moi – mes chansons vont les aider à s’accepter et à avancer. Je pense que ma manière d’écrire les aidera (sourire).

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